Arrivés début septembre en famille à Paris, à la suite de sa nomination au poste d’ambassadeur du Liban, Rabih El Chaer et son épouse Stéphanie ont déjà, en quelques semaines, gagné tous les cœurs !
Être diplomate quand un pays chancelle, c’est porter son drapeau comme une prière ; c’est continuer à parler d’espérance malgré les désastres et trouver dans chaque mot de quoi transmettre l’amour de la terre d’où l’on vient.
Comment dire au monde : « Nous sommes encore » quand l’électricité s’éteint avant l’aurore ?
Quand la monnaie s’effrite, quand la jeunesse fuit et que le port de Beyrouth garde encore les cicatrices de l’épouvante ?
Être diplomate libanais aujourd’hui n’est pas une simple fonction, c’est carrément une vocation.
Servir le pays qui souffre mais ne plie pas, porter haut le flambeau du cèdre même lorsque les vents du doute s’acharnent à l’éteindre, est un challenge à plein temps.
Une véritable gageure à relever tous les jours, tant l’ampleur de la charge est immense !
Notre rencontre commence autour d’un livre.
Rabih El Chaer arrive, tout sourire, élégant jusqu’au bout de sa cravate, déclarant devant les félicitations chaleureuses des présents qu’il est juste « un simple serviteur de l’État libanais ».
Avec un charisme inné, il se plie pendant plus d’une heure, avec naturel et modestie, à l’exercice habituel des poignées de main et des selfies, charmant immédiatement tous les présents !

La conversation se poursuit quelques jours plus tard avec Stéphanie, sa ravissante épouse, magnétique boussole de leur petite famille. Joaillère de formation, porteuse, avec ses deux frères, du flambeau de la belle maison André Marcha, avec beaucoup d’humilité. Sa voix chaleureuse est encore remplie de soleil, sa délicieuse spontanéité irrésistible. Elle me donne l’impression de la connaître depuis toujours.
Vous venez de vous installer il y a quelques semaines à l’ambassade du Liban à Paris, rue Copernic, et vous avez déjà conquis tout le monde par votre simplicité, votre authenticité et votre dévouement. Quel rôle envisagez-vous de jouer aux côtés de votre mari dans cette mission diplomatique ?
Quand nous avons appris la nomination de Rabih au poste d’ambassadeur, le 16 juin dernier, j’ai été prise d’une vive émotion mêlée d’une grande fierté, bien sûr, mais aussi de beaucoup d’appréhension face aux responsabilités et aux bouleversements qui nous attendaient.
Rabih étant avocat et ne venant pas du cercle diplomatique, il remplit à Paris sa première mission, et c’est un tout nouvel univers qui s’ouvre pour nous deux. Cela a été une évidence pour moi de l’accompagner avec Georgi, notre petit garçon de cinq ans, afin de le soutenir de A à Z. Honnêtement, je n’ai pas été préparée à cela, mais avec beaucoup d’humilité, j’écoute et j’apprends tous les jours. Aujourd’hui, je suis réceptive à toutes les propositions, à toute idée fédératrice. En arrivant rue Copernic, la première chose que Rabih m’a dite :
« Ici, ce n’est pas seulement notre maison, mais celle de chaque Libanais vivant en France. Elle se doit donc d’être ouverte à tous. »
C’est exactement ce que nous faisons depuis notre arrivée.

En tant qu’épouse d’ambassadeur, avez-vous un projet particulier que vous aimeriez concrétiser ?
Pour moi, une ambassade n’est pas seulement un toit pour la diplomatie et la politique, mais également des murs dans lesquels la culture doit s’exprimer pleinement.
J’aimerais donner la voix à toutes sortes de projets culturels et Dieu sait si les Libanais sont inventifs et dynamiques ! En particulier les femmes libanaises, qui ont un potentiel de créativité hors du commun.
Cette ambassade, je l’envisage comme une plateforme pour des rencontres et des échanges culturels et artistiques de toute sorte. J’ai déjà mis en route, d’ailleurs, plusieurs projets. Dans quelques-uns, j’essaie d’impliquer également notre fils Georgi, en rassemblant autour de lui d’autres petits Libanais vivant en France. Ces enfants seront nos citoyens libanais de demain. C’est un devoir de leur transmettre l’amour de leur pays, même s’ils vivent loin de lui.
Pour la fête nationale libanaise, le 22 novembre, nous organisons à la Maison du Liban un évènement fédérateur dédié aux enfants. Représenter le Liban nous émeut, et nous sommes, Rabih et moi-même, à son service sept jours sur sept.
Comment parvenez-vous, tous les deux, à garder votre équilibre personnel dans ce rôle public, en gardant du temps pour votre adorable petit Georgi, qui vient de fêter ses cinq ans ?
En tant que maman, ça a été pour moi le plus grand challenge en arrivant à Paris. Préserver avant tout l’équilibre de notre fils, dont le quotidien a été très bousculé en arrivant ici, était pour nous essentiel. Malgré toutes nos obligations, nous faisons en sorte de garder du temps pour lui et un peu d’intimité pour notre vie de famille, ce qui est très précieux à son âge. (Je ne peux qu’approuver ! NDLR.)
Je suis donc debout très tôt tous les matins pour l’accompagner moi-même à l’école et le ramener, et je l’accompagne durant toutes ses activités parascolaires.
Ce qui est compliqué pour moi, c’est, par exemple, de répondre à une invitation pour un évènement aux alentours de 18 heures, pile au moment de son rituel dîner-coucher… Je suis donc obligée de faire des choix, parce que je ne veux pas déléguer en permanence ce moment très important de la journée, autant pour lui que pour moi.

Je ne peux que vous féliciter pour cela, chère Stéphanie ! La sortie de l’école est un moment très important pour le dialogue parents-enfants, de même que le rituel du coucher. Il est vrai qu’il n’est pas facile de le pratiquer pour toutes les mères, mais quand on peut le faire, c’est extrêmement important !
Y a-t-il un message que vous aimeriez transmettre aujourd’hui aux jeunes de notre pays, qui rêvent en permanence de le quitter pour bâtir un avenir meilleur ?
Je les encourage à ne jamais cesser de croire en leur pays, et surtout à y revenir après leur formation, pour le faire prospérer et aider à le faire progresser.
Depuis ma naissance, je n’avais jamais quitté le Liban, sauf pour quelques jours de vacances. J’ai connu tous les cycles de violence et toutes les guerres.
Je suis née prématurée à cause d’un des épisodes de la guerre. Le jour de l’explosion du port, le 4 août 2020, j’étais enceinte de huit mois, et cela a été un autre épisode traumatisant.
Ma question traditionnelle dans toutes mes interviews est celle concernant la gastronomie et la table qui rassemble. La gastronomie libanaise raconte une magnifique histoire de notre pays. Elle est goûts, saveurs et splendeurs, surtout lorsqu’elle est faite maison avec de bons produits. La transmettre aux enfants, surtout lorsqu’ils grandissent loin de leur pays, est essentiel. Vous semblez l’avoir compris à merveille !
Quels sont, pour chacun de vous, le plat qui vous rattache à la maison de votre enfance ?
Votre question me ramène à une scène du film Ratatouille, dans laquelle le héros est projeté immédiatement dans la cuisine de sa grand-mère lorsqu’il goûte à un plat. Eh bien, pour moi, c’est exactement la même chose lorsque je déguste un de ces plats traditionnels qui sont typiques de notre cuisine familiale libanaise, comme les ragoûts (yakneh), les cornes grecques (okra ou bamieh), les divers kebbés, qui me ramènent illico dans la cuisine de ma téta (grand-mère).
À chaque aller-retour au Liban, je rapporte du bon café libanais et du zaatar.
Ce sont mes incontournables !
Rabih est un homme de la terre, il apprécie tout ce qui est fait avec amour et simplicité. La générosité de la table libanaise l’enchante !
En matière de générosité, Stéphanie et Rabih El Chaer donnent pleinement déjà de leur personne et représentent aujourd’hui le pilier d’une multitude de belles initiatives à venir.
Notre nouvel ambassadeur du Liban à Paris allie charisme et dévouement, accompagné de l’éclat de son épouse et de l’enthousiasme contagieux du petit Georgi.
De quoi faire sourire le Liban en France et apporter une belle brassée d’espérance en l’avenir au pays du Cèdre !
Ambassade du Liban en France
3, villa Copernic – 75016 Paris
+33 01 40 67 75 75
@amblibanfrance
