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80 ans de dialogue culturel Liban-Brésil

MAG

13/11/2025|Eline Roussel

Le 13 novembre 1945, l’ambassade du Brésil ouvrait ses portes à Beyrouth. Huit décennies plus tard, les échanges culturels n’ont jamais été aussi importants entre les deux pays, portés par des diasporas massives pour l’un, actives pour l’autre. Retour sur 80 années de collaboration avec Pablo Romero, attaché culturel à l’ambassade du Brésil au Liban.

 

« Ils sont plus de 7 millions au Brésil, ils constituent la diaspora libanaise la plus grande du monde », introduit Pablo. La présence massive des Libanais au Brésil date de plus d’un siècle : on estime les premières vagues d’immigration à la fin du XIXᵉ siècle, durant la période ottomane. Aujourd’hui, les Libanais du Brésil sont les descendants d’immigrés installés depuis quatre à cinq générations. Ces longues décennies de vie commune ont créé un véritable mariage entre les deux cultures. Cette fusion est si intense qu’elle se reflète au cœur du quotidien brésilien : « C’est vraiment au sein de la vie quotidienne que cette influence se manifeste : par exemple, la gastronomie levantine fait désormais partie du patrimoine culinaire brésilien, il est très facile de manger des kibbeh, du taboulé, des sfihas ».

 

Les arts du quotidien ne sont pas en reste : Pablo Romero nous apprend qu’au Brésil, on danse la « dança do ventre », la « danse du ventre » typiquement orientale, qui s’est popularisée au fil des années.

 

Au début du XXᵉ siècle, l’intellect libanais s’invite dans les médias : « Il y a aussi la création du Mahjar, un mouvement littéraire vibrant, qui a vu naître des revues et journaux publiés en arabe et en portugais. Cette nouvelle vague a contribué à un renouveau de la littérature arabe » (Mahjar signifie littéralement : la diaspora arabe). Pour qu’elle résonne autant, cette ferveur a été animée et entretenue par des échanges culturels soutenus entre les deux pays. « Un symbole de ce dialogue fut la tournée de Fairuz au Brésil en 1961 ».

 

À la même période, l’influence brésilienne s’exporte peu à peu au Liban et ouvre un nouveau dialogue : « Dans les années 1960, cette coopération s’est également matérialisée à travers un projet emblématique : la Foire Internationale de Tripoli, conçue par l’architecte brésilien Oscar Niemeyer, venu personnellement au Liban pour en superviser la conception. Ce vaste ensemble moderniste, inscrit au Patrimoine mondial de l’UNESCO, demeure un symbole éloquent de la connexion libano-brésilienne. »

 

De nouvelles initiatives culturelles sont portées par une diaspora brésilienne qui s’exporte au Liban.  « Souvent, les Brésiliens qui s’installent sont eux-mêmes issus de cette diaspora libanaise. » Une diaspora du “retour aux sources” constituée d’environ 22 000 membres à ce jour. Les Brésiliens au Liban vivent majoritairement à Beyrouth mais aussi dans la Bekaa-Ouest, à Zahlé et ses alentours. Le département culturel a pour projet de toucher ces membres de la Bekaa et d’ailleurs.

 

Au fil des années, le Liban est devenu le centre névralgique de la culture brésilienne au Moyen-Orient. Ce lien se matérialise par la création, en 2011, du centre Guimarães Rosa : « L’Institut Guimarães Rosa Beyrouth est devenu un catalyseur de la coopération culturelle et éducative entre le Brésil et le Liban, en offrant des cours de portugais ainsi qu’un large éventail d’activités culturelles. » Pablo Romero précise qu’il est le seul centre culturel brésilien du monde arabe. Point de rencontre régional et pour la communauté lusophone. Le Brésil touche à tout : les arts, la musique, le cinéma, la photographie, la peinture, et a souhaité le matérialiser pour fêter les 80 ans : « Pour marquer cet anniversaire, l’Ambassade et l’IGR-Beyrouth ont organisé une série de concerts de musique brésilienne à la Résidence officielle, ont participé au Festival International de Baalbeck (l’opéra Carmen étant dirigé par le Libano-Brésilien Jorge Takla) et à la 7ᵉ édition du Festival du Film Brésilien de Beyrouth, qui a présenté des productions du cinéma brésilien contemporain ».

 

Et pour 2026 ?

« Nos priorités vont être axées sur la transmission et l’accès au portugais via l’Institut, mais aussi sur la revitalisation de la Foire de Tripoli». Déterminée à pérenniser les projets déjà en cours, l’ambassade prévoit une présence active dans les grands rendez-vous de 2026. « Nous entendons poursuivre une programmation culturelle variée, intégrant le cinéma, la musique, le théâtre et les arts visuels, tout en maintenant une présence active dans les grands festivals libanais ». Pablo Romero ajoute que de nouveaux leviers de collaboration sont prévus, avec notamment « un renforcement des échanges Liban-Brésilien en termes de recherche et d’innovation ».

 

Le Liban et le Brésil fêtent aujourd’hui leurs noces de chêne, symbole de solidité, de longévité et de force. Le mariage fonctionne et compte bien durer encore longtemps.

 

Bora pra 2026 !

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