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Oualas : l'humour entre les continents, et une escale au Théâtre Monnot

SCÈNES

29/07/2025

Le Théâtre Monnot accueille un humoriste aux multiples passeports de l’âme : Tahar Lazrak, alias Oualas. Né au Maroc, grandi en Côte d’Ivoire, formé en France, cet ancien directeur d’hôtel devenu comédien fait rire des publics aussi variés que ses punchlines. Avant son spectacle à Beyrouth, il nous livre ce qui se passe… dans la tête de Oualas.


Dans « Dans la tête de Oualas », qu’est-ce qu’on risque de trouver de plus surprenant : un souvenir d’enfance, une blague interdite ou un morceau de vérité brute ?

Un morceau de vérité brute… Parce que les souvenirs d’enfance, tout le monde en a. Les blagues, même celles qu’on n’ose, elles circulent déjà sous la table. Mais la vérité brute, celle que tu n’oses même pas dire à ton miroir, je l’emballe avec un peu de sucre et je la balance sur scène. Et le public rigole !


Tu as traversé plusieurs pays, plusieurs cultures, plusieurs réalités. Est-ce que monter sur scène, c’est une manière de faire la paix avec tout ça, ou au contraire de les secouer un peu ?

Faire la paix ? Non… moi je viens pour foutre la pagaille (rires). Mais une pagaille qui rapproche. J’ai toujours pensé que l’humour, c’est le seul visa qui marche partout. Alors oui, je secoue… mais c’est pour que les murs tombent.


Tu es à l’origine du festival Afrique du Rire. Est-ce qu’on rit différemment au Maroc, en Côte d’Ivoire, ou en France ? Et selon toi, qu’est-ce qu’un bon public ?


On rit différemment, mais on rit pour les mêmes raisons : se sentir vivant. En Côte d’Ivoire, on rit fort, sans filtre, comme si demain n’existait pas. Au Maroc, on rit avec un peu plus de pudeur, mais le cœur est là. En France… ils prennent d’abord un rendez-vous pour rire, mais quand ils y vont, ils y vont à fond (rires).

Un bon public ? C’est celui qui vient sans se dire « fais-moi rire », mais « fais-moi oublier ».


Tes spectacles sont souvent teintés de tendresse, malgré les sujets durs ou sensibles que tu abordes. Tu dis que tu ne veux pas frustrer ou blesser. Est-ce que c’est une forme de militantisme doux ?

Exactement. Je ne suis pas là pour mettre des coups de poing, je suis là pour caresser… mais avec une lime (rires). Si je peux faire réfléchir sans faire mal, c’est gagné. C’est ma manière à moi de dire « changeons les choses », mais en sortant de la salle avec le sourire.


Qu’est-ce qui t’a poussé à aller au Liban pour jouer ton spectacle ? As-tu un lien personnel avec ce pays, ou est-ce une première rencontre ? Est-ce qu’on peut s’attendre à une adaptation du spectacle pour le public libanais ?

Le Liban, c’est bien plus qu’une destination pour moi, c’est un retour vers ceux qui m’ont tendu la main au début. Quand j’ai commencé l’humour en Côte d’Ivoire, la première communauté qui est venue me soutenir, c’était la communauté libanaise, celui lui-même qui m’a mis sur scène est Libanais, Une grande pensée à mon mentor ABAS ZEIN .

Dans mes premières salles, il y avait toujours des Libanais, devant, derrière, qui riaient fort, qui m’encourageaient.

Alors aujourd’hui, venir au Liban, ce n’est pas juste une date de tournée : c’est une manière de dire merci.

Et oui, évidemment, il y aura des clins d’œil, des références, un peu de moi qui s’adapte à vous. Parce qu’un spectacle, c’est comme une conversation : on parle la même langue, mais avec des accents différents.




Tu as été directeur dans l’hôtellerie avant d’être humoriste. Si ton spectacle était un plat à la carte, ce serait quoi ? Et surtout, est-ce qu’on peut le manger épicé ?

Ce serait un couscous… mais à la semoule d’attiéké*. Parce que je suis né entre deux saveurs : le Maroc et la Côte d’Ivoire. Deux pays, deux cultures, mais une même terre, l’Afrique. Alors mon humour, c’est pareil : la rigueur du couscous, la légèreté de l’attiéké, et cette envie de rassembler tout le monde autour de la même table. Et bien sûr, on peut le manger épicé… parce que la vie, comme l’humour, doit parfois te piquer un peu pour que tu t’en souviennes.


Tu montes sur scène avec l’énergie d’un gars qui a oublié qu’il avait un vol dans deux heures. C’est ton vrai rythme de vie ou c’est juste pour le show ?

C’est mon vrai rythme ! Moi, même à l’aéroport, je monte sur scène si on me donne un micro (rires). L’humour, c’est mon moteur, si j’arrête je cale.


Si tu devais faire un duo comique avec un personnage historique, mort ou vivant, qui tu choisirais ?

Je choisirais Cheikh Anta Diop*. Lui, pour apporter la sagesse, moi, pour apporter la folie. On parlerait d’Afrique, de son histoire, de ses racines… mais entre deux éclats de rire. Parce que si Cheikh Anta Diop m’explique comment l’humanité est née chez nous, moi je lui explique pourquoi elle continue à se chamailler. Ce serait le duo parfait : la science et la légèreté, main dans la main pour faire rire et réfléchir.

 

Du Maghreb à l’Afrique de l’Ouest, de Paris à Beyrouth, Oualas trace sa route avec humour et humanité. Une chose est sûre : le public du Monnot s’apprête à entrer dans une tête pleine d’histoires, de tendresse, et de punchlines bien placées.

 


10 Août à 20h

Théâtre Le Monnot - Billets Antoine ou par téléphone 70626200

 

 

*L'attiéké est un couscous de manioc obtenu par cuisson à la vapeur de semoule de pulpe de manioc fermentée

*Cheikh Anta Diop (29 décembre 1923 – 7 février 1986) était un historien, anthropologue, physicien et homme politique sénégalais, qui a étudié les origines de l'espèce humaine.

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