Zad Moultaka expose à la galerie Tanit Beyrouth le résultat d’un parcours de création dans des œuvres profondes dont le voyage interne intuitif révèle la lumière du 24 juin au 01 août.
Zad Moultaka est compositeur et artiste plasticien, premier prix du Conservatoire National Supérieur de Paris en 1989, il abandonne sa carrière d’interprète en 1993 pour se consacrer à la composition et aux arts plastiques. Son travail qui mélange installation, peinture, photographie et vidéo a été exposé internationalement.
« Oro Tenebris » ou prier les ténèbres est une traversée créative réalisée entre le 25 avril et le 20 juin dernier. Ces œuvres utilisent différents médias tels que l’huile, l’acrylique, le Brou de Noix et la feuille de métal dorée. L’or est l’élément principal et déclencheur de la quête de l’artiste.
La feuille de métal dorée est si souple « qu’il ne faut pas respirer quand on la pose, c’est très beau, il n’y a pas de poids, rien. On a l’impression d’avoir de la lumière entre les doigts ».
En 2016, il se trouvait à Venise face à la Basilique San Marco et se questionnait sur tant de richesse, tant d’éléments dorés. La nuit alors est tombée, et l’or s’est révélé dans les ténèbres, les mosaïques dorées se sont illuminées d’elles-mêmes. C’était comme « un soleil de minuit ».
Ce travail a été enrichi par une visite à l’Académia, un jour où il y avait un orage, « on ne voyait plus les tableaux tellement il faisait noir dehors, la seule chose qui restait était l’or avec les auréoles des saints, ça m’a beaucoup nourri ».
L’année suivante, Il a tenté sa première expérience avec des pièces de monnaie dorée avec l’œuvre « ŠamaŠ » pour le pavillon libanais à la Biennale de Venise de 2017.
Zad Moultaka, Audi Celum I, 2024, Huile, Acrylique, Brou de Noix, Feuille de Métal sur Toile, 200 cm x 150 cm. Photo credit Zad Moultaka Studio, courtesy of the artist and Galerie Tanit Beyrouth/Munich.
L’artiste essaie d’aller au plus profond de son inconscient pour atteindre quelque chose d’invisible, puis il refait surface pour la transmettre, mettre en lumière cet intérieur à travers des fulgurances d’or et de couleur. C’est le cheminement de cette exposition présentée selon un rythme propre non chronologique dont les œuvres livrent chacune un paysage intérieur unique.
Zad Moultaka, De Profundis II, 2024, Huile, Acrylique, Feuille de Métal sur Toile, 194 cm x 130. Photo credit Zad Moultaka Studio, courtesy of the artist and Galerie Tanit Beyrouth/Munich.
Selon lui, l’artiste doit travailler pour se rapprocher de l’attitude du shaman ; celui qui va quitter la société, aller dans un endroit plus intérieur pour rencontrer quelque chose qu’on ne peut atteindre en temps normal et ensuite le montrer.
Le symbolisme et le côté brut de l’art pariétal le fascinent depuis des années, ainsi l’apparition des mains dans ses œuvres. Il y a une résonnance avec l’art tribal et certainement ritualistique des grottes comme celle de Chauvet où il a eu l’opportunité d’aller.
« Je suis en quête de ces espaces d’approfondissement, pour moi c’est là qu’il faut travailler, c’est là que doit se situer l’œuvre. »
Zad Moultaka, De Profundis V, 2024, Huile, Acrylique, Brou de Noix, Feuille de Métal sur Toile, 200 cm x 150 cm. Photo credit Zad Moultaka Studio, courtesy of the artist and Galerie Tanit Beyrouth/Munich.
L’inconscient est ainsi complètement présent, il laisse surgir les formes et présences telles des fantômes derrière la toile. Cette exposition est également une quête personnelle : Y a-t-il quelque chose au-delà du monde dans lequel on vit ? l’artiste se questionne. Si on pouvait passer à travers la toile, y aurait-il un autre monde ? Serait-ce la réalité ? De quel côté sommes-nous ? Y a-t-il des moments où on bascule ?
Ainsi des visages, des plantes, des mains apparaissent, des grottes, des horizons ; tout un univers caché. C’est en quelque sorte une recherche du sacré non pas par l’angle religieux mais par la profondeur de l’être, le côté multidimensionnel de notre existence et la curiosité de chercher à travers le miroir.
« J’ai essayé de faire un chemin vers des profondeurs pour aller capter quelque chose, et ensuite je suis sorti du travail comme si ce n’était pas moi. » conclut Zad Moultaka.
Se laisser transformer par l’acte de création, c’est bien ce qui résulte de cette exposition qui présente autant de fenêtres sur des paysages intérieurs uniques, et en même temps d’une symbolique qui dépasse l’individu seul et touche la mémoire du collectif.
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Zad Moultaka, Audi Celum II, 2024, Huile, Acrylique, Brou de Noix, Feuille de Métal sur Toile, 146 cm x 114 cm. Photo credit Zad Moultaka Studio, courtesy of the artist and Galerie Tanit Beyrouth/Munich.
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