Nabil Abed est un artiste qui se considère volontairement comme artisan. Spécialisé dans les vitraux, il est un créateur prolifique et polyvalent qui ne voit pas son activité cesser tant que ses doigts peuvent travailler. Rencontre dans son atelier à Barbara.
Diplômé des Beaux-Arts de l’université de Dayton, Ohio, en 1980, Nabil Abed commence son chemin par la peinture, mais déjà il sort des sentiers battus et expérimente avec du collage et impressions de photographies sur carton. Puis avec de l’acrylique et huile sur vitres.
Collage papier
Intéressé par l’effet de ses peintures sur vitre, il poursuit sa curiosité aux Etats-Unis. Là, il demande à apprendre auprès d’un spécialiste de vitrail. Pendant une semaine il se forme en observant. Il repart ensuite au Liban où il fait parvenir des vitraux et travaille seul pendant six mois « à briser des vitres », car « on doit apprendre par soi-même ».
Un travail frustrant, mais c’est en persévérant que l’artiste intègre la technique et devient spécialiste du vitrail, cela depuis vingt ans.
Vitrail dans église
Les études artistiques lui donneront des outils de connaissance, mais « c’est votre créativité, votre travail qui produiront ce dont vous avez besoin par la suite pour votre propre expression artistique. » Et l’expression artistique de Nabil Abed est bien là. Loin de vitraux classiques, les dessins, couleurs sont propres à lui.
A l’origine, dans les peintures, on reconnaît déjà les lignes franches qui l’amèneront aux vitraux. Sur certaines peintures datant des années 80 on retrouve aussi l’expression des visages tourmentés qui sont un écho de la guerre civile.
Peinture sur vitre
Les lignes droites, directes, presque coupantes, des visages anguleux, géométriques, l’artiste-artisan affirme sa touche dans des montages de vitraux aux grands châssis qu’il travaille pendant des mois pour les églises mais également pour des commandes privées.
Pour les vitraux, de la première étape du sketch, il faut mettre au format le dessin dans les dimensions exactes du châssis que l’artiste crée également, sauf si l’église est trop ancienne et que ses châssis doivent rester en place.
Quand le plan a été approuvé, l’étape suivante est celle du découpage qu’il fait lui-même à partir du plan de montage pour chaque pièce aux dimensions réelles.
Ensuite il brisera les vitres les unes après les autres, pour cela il dessinera les lignes de coupe directement sur la vitre avant de la briser. Il faudra après limer la vitre pour rendre la coupure nette afin que les dimensions soient parfaitement respectées pour assembler toutes les pièces.
Pour le plus simple des dessins (exemple un rosaire sans visage, sans personnage), il faut environ une moyenne de deux cents à trois cents coupes de vitres. Toutes ces étapes sont faites par lui-même et un assistant dans son atelier à Barbara.
Les vitraux réalisés iront dans les églises ou dans des maisons privées, tout ce travail répondant à des commandes.
Quand il ne travaille pas sur les vitres, Nabil Abed aime, entre autres, le photomontage.
Ainsi par exemple sa série « Beirut Reflected/ Beirut Refracted », réalisée après l’explosion du port de Beyrouth.
Dans cette série, il reprend des photos réalisées dans les années 2010 et se prête à un découpage puis une recomposition en trois dimensions.
Travail sur carton, sur vitres, sur métal avec la dernière exposition l’été dernier à Ehden… il ne cesse d’expérimenter.
Comme il le dit « Je dois créer, mes mains ne peuvent pas rester inactives ». Passionné donc, Nabil Abed est un créateur qui pousse ses limites, et c’est inspirant.
Pour mieux connaître son travail : https://www.chababeek.com
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