MENART Fair : Une ode à la création féminine arabe en plein cœur de Paris
26/09/2024|Léa Samara
Photo : Œuvre de Katya Traboulsi de la galerie Comptoir des Mines (Marrakech) copyright Ronan Nouri
Dans le dédale des ruelles du Marais, la Galerie Joseph Saint-Merri s’est transformée en un temple éphémère, vibrant des couleurs et des voix des artistes femmes du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. Une immersion totale dans un univers d’une richesse insoupçonnée, où chaque œuvre était une fenêtre ouverte sur des réalités multiples, des récits personnels, et des traditions revisitées. Cette cinquième édition de la MENART Fair a été bien plus qu’une simple exposition. Elle a été une ode à la création féminine, un acte de résistance face à l’invisibilisation de ces artistes, une célébration de leur talent et de leur singularité. En choisissant de mettre en avant des voix féminines, souvent marginalisées ou méconnues, la foire a prouvé qu’il est possible de réinventer les codes, d’ouvrir de nouvelles perspectives et de repenser notre rapport à l’art et à l’altérité. Récit d’un samedi après-midi animé.
L’écrin du Marais : une alliance parfaite entre Histoire et modernité
La Galerie Joseph Saint-Merri, joyau architectural niché au cœur de Paris, a offert à la MENART Fair un cadre aussi prestigieux qu’intime. L’espace, baigné de lumière naturelle, semblait respirer avec les œuvres, les magnifiant et leur offrant la possibilité d’exister pleinement. Les murs d’un blanc éclatant se sont faits discrets, tels des pages blanches prêtes à accueillir les histoires que chaque artiste avait à raconter. Ce lieu historique du Marais, quartier parisien aux multiples facettes, a su être un écrin idéal pour cette cinquième édition. Le mélange d’architecture classique et de modernité, qui caractérise la Galerie Joseph, a permis aux œuvres de dialoguer entre elles, mais aussi avec l’espace environnant. La galerie a ainsi pris vie, chaque recoin devenant une invitation à la contemplation et à l’évasion.
Stand de Art Girls Galerie avec photographies de Fatimah Hossaini copyright Terrence Hassen
Les exposants libanais : ambassadeurs d’une scène artistique bouillonnante
Les quatre exposants et artistes libanais ont su capter l’attention, chacun portant en lui une part de ce Liban vibrant, complexe et en constante mutation malgré un contexte plus instable que jamais. Agial Art Gallery, Artists of Beirut, Kalim Art Space et ZAAT par leur sélection d'œuvres poétiques et audacieuses, ont su dévoiler des histoires intimes et des réflexions sur la dualité de l'identité, l'appartenance, la mémoire et l'exil. L'engagement des galeries pour la promotion de l'art libanais a été palpable, offrant un dialogue fascinant entre les œuvres et le spectateur. J’ai trouvé que le choix des œuvres exposées, oscillant entre abstraction et figuration, témoignait dans une perspective unique de l'influence des différentes cultures qui traversent le Liban et sa diaspora.
La création féminine à l’honneur : L’engagement de la MENART Fair
Une centaine d’artistes ont été mises en lumière sous l’égide de comité de sélection, composé d’Essia Hamdi, Stefania Angarano, Kalim Bechara et Leila Varasteh. En consacrant cette édition aux artistes femmes, la MENART Fair a pris un pari audacieux et nécessaire. En effet, offrir une tribune à ces voix souvent réduites au silence, c’est mettre en lumière des récits trop longtemps oubliés, des histoires de résilience, de courage et de beauté. Comme l’a souligné Laure d’Hauteville, fondatrice de la foire, "il est temps que le marché de l’art mette en œuvre des initiatives concrètes pour la valorisation et la représentation des artistes femmes". Les œuvres présentées étaient une invitation à se laisser surprendre, à ressentir, à comprendre les multiples facettes de la féminité au sein de ces sociétés en perpétuel mouvement. Que ce soit à travers des installations monumentales, des peintures d’une finesse inouïe ou des photographies poignantes, chaque artiste a su réinventer les codes de la création contemporaine.
Conférence sur l’inclusion des femmes dans les industries créatives avec la présence de (du fond à devant) Alejandra Castro Rioseco, Leisa Paoli, Tamara Choukair et Zaahirah Muthy copyright Ronan Nouri
Une atmosphère bouillonnante : la MENART Fair, un point de convergence
L’un des éléments les plus marquants de cette édition fut l’incroyable énergie qui régnait au sein de la Galerie Joseph. Les visiteurs se pressaient dans les allées et les escaliers, avides de découvertes et d’échanges. Les œuvres semblaient s’animer sous le regard des amateurs d’art, des collectionneurs, des critiques, créant une effervescence presque palpable. Ce n’était pas seulement une foire d’art contemporain, mais un véritable espace de dialogue, de partage et de rencontre. L’équipe de jeunes médiateurs a su jouer un rôle déterminant dans cette atmosphère de convivialité et d’ouverture. Leur enthousiasme et leur connaissance du sujet ont permis de créer des passerelles entre les œuvres et le public, rendant l’art accessible, sans jamais le dénaturer. La MENART Fair a ainsi réussi le pari de créer un événement à la fois pointu et populaire, à la croisée de l’élitisme artistique et de la démocratisation de la culture.
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