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L'odyssée Musicale : un carrefour de cultures dans Le soupir du Tango

MUSIQUE

25/09/2025|Nadine Nassar

Le mardi 23 septembre, à la municipalité de Zouk Mikhaël, le Club Social Bacchus a offert au public une soirée hors du temps : Le Soupir du Tango, un voyage musical et chorégraphique où l’âme du tango s’est révélée dans toutes ses nuances.

Dès son introduction, Chloé Kazan a situé l’essence du tango : musique, danse, poésie, mais aussi mémoire collective. Elle a évoqué ses trois grandes tristesses – El Negro, El Gaucho et La Pena – comme les ombres fondatrices de ce genre. Le tango, c’est cette mélancolie transmise à travers des siècles d’oppressions, d’exils et de rencontres, et c’est aussi ce qui rend sa beauté universelle.

C’est sur ce socle que s’est construit le programme interprété par Michael Ashjian & Friends — Michael Ashjian (piano, arrangements), Antoine Dib (accordéon), Zaher Sebaaly (contrebasse) et Alec Donerian (violon). À leurs côtés, les danseurs de la Lebanon Dance Academy, Sandrine Skaf et Ivan Samaha, ont incarné dans leurs mouvements ce même souffle de mémoire et de passion.


Pianiste Michael Ashjian


Le répertoire a déroulé un parcours où chaque pièce ouvrait une facette de cet héritage. Poema de Mario Melfi, d’abord, avec son thème lancinant qui s’élève et retombe, comme un premier soupir. Mandria de Juan Rodriguez, où la contrebasse impose ses à-coups, semblait raconter à elle seule une lutte intérieure. Avec La Milonga de Buenos Aires de Francisco Canaro, le rythme vif a accueilli la première apparition des danseurs, leurs pas légers traduisant la joie qui, dans le tango, se glisse toujours au cœur même de la mélancolie. Leur complicité, leur interprétation généreuse, vibrante d’émotion et leur précision porteront le public du début à la fin.

Ce fil s’est poursuivi par Adios Corazon de Lalo Etchegoncelay, empreint d’une nostalgie poignante, puis par El Choclo de A.C Villoldo, où violon et contrebasse dialoguaient comme deux voix en désaccord, cherchant l’équilibre.

Le duo de danseurs est revenu avec A Media Luz d’Edgardo Donato, interprété en solo à l’accordéon, et la tension dramatique s’est accentuée avec Jealousy de Jacob Gade, où la poésie du violon affrontait les ombres de la contrebasse. Sur Romance de Barrio d’Aníbal Troilo, leurs pas séparés puis retrouvés illustraient cette oscillation entre solitude et union qui constitue l’âme du tango.

Le programme ne pouvait manquer d’évoquer Astor Piazzolla, génie du tango nuevo, dont Milonga del Ángel a marqué un sommet d’intensité. En fusionnant jazz, musique savante et tango, Piazzolla a porté le genre sur les grandes scènes du monde. Ses pièces rappellent que le tango n’a jamais cessé de se transformer, fidèle à sa vocation de métissage.


Gauche : Le violoniste Alec Donerian, Milieu : Contrebassiste Zaher Sebaaly, Droite : Antoine Dib accordéon


Puis vint Por una Cabeza de Carlos Gardel, dont la simple mélodie suffit à rappeler au public la dimension populaire et intemporelle du tango. Mais c’est La Cumparsita, chef-d’œuvre de Matos Rodríguez, qui a clos la soirée dans une explosion d’applaudissements. Présentée comme « le tango le plus célèbre au monde », elle a été redemandée et rejouée, chaque fois avec les danseurs qui, dans leur performance, ont scellé l’union de la musique et du corps, de la mélancolie et de la fête.

À travers ce programme, le public a saisi que le tango est à la fois une mémoire douloureuse et une célébration, un art né dans les marges mais devenu universel. Les musiciens et les danseurs n’ont pas seulement interprété des partitions : ils ont transmis, le temps d’une soirée, cette part d’humanité qui soupire dans chaque note et dans chaque pas.

Le tango, en miroir de nos émotions et de nos histoires, a trouvé ce soir-là une interprétation si juste que les spectateurs en sont sortis touchés au plus profond.

Ce programme, sous le haut patronage du maire de Zouk Mikael, M. Élie Béaino, a bénéficié du soutien de la Fondation Saadallah et Loubna Khalil ainsi que de celui de la Banque BEMO. Le Café Noël, quant à lui, avait prévu une délicate attention pour le public à la sortie du spectacle.

 Les danseurs : Sandrine Skaff et Ivan Samaha


Crédit photo : Mohsain Hammoud

 

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