C’est un lieu paisible, niché au cœur des Alpes suisses, au cœur du Valais. Le Château Mercier mêle, sur la colline de Pradegg sur les hauts de Sierre, architecture, culture, collections de peintures et jardins d’exception. Construit entre 1906 et 1908, ce magnifique domaine empreint d’histoire offre une atmosphère unique et apaisante, particulièrement propice à la réflexion et à l’éveil des sens.

Dans les murs anciens de la ville de Sierre, Rainier Marie Rilke ne s’y était pas trompé ! Il avait trouvé un écrin apaisant ouvert sur une magnifique vallée où flottent les brumes du Rhône et dans laquelle le temps semble suspendu.

C’est dans ce cadre d’exception que René-Pierre Antille, administrateur d’abord du château et fondateur du festival Rilke, a lancé en 2012 la première édition des Rencontres Orient Occident (ROO), choisissant de tendre des mains là où les murs s’élèvent, semant des graines d’espoir et de paix là où l’on appelle sans cesse aux trêves.

Attentif et charismatique, il écoute, relie, organise, offrant une attention particulière à chacun des intervenants.
Les Rencontres Orient Occident (ROO-Mercier) proposent ainsi aujourd’hui, au Château Mercier, une plateforme pour cultiver l’art du dialogue et du débat dans divers domaines humanistes et artistiques : musique, philosophie, histoire, science et spiritualité, s’inscrivant dans une démarche d’ouverture à autrui, d’un dialogue interculturel et favorisant des échanges authentiques entre les intervenants et le public.

Chaque année, depuis 2012, sur une dizaine de jours, un programme varié de débats, conférences, expositions, projections de films, spectacles de contes, repas gastronomiques et concerts invite à réfléchir sur les grands défis auxquels sont confrontées nos civilisations et, en particulier, celles du bassin Méditerranéen oriental.
René-Pierre Antille croit en l’homme et en sa part de lumière. Dans son regard, une flamme douce, et dans son discours, chaque mot qu’il offre est un pont suspendu entre deux rives. Passionné de culture méditerranéenne, il est surtout passionnant à écouter !

Cher René-Pierre, les Rencontres Orient Occident sont à leur treizième édition. Comment avez-vous eu l’idée de les organiser ?

C’est d’abord un intérêt personnel pour la culture de cette région du monde. La Méditerranée levantine donne une image du vivre-ensemble qui est d’une actualité brûlante aujourd’hui.
L’aventure a commencé en 2012.
Avec une amie, Marie-Laure Stürm, je visitais à Genève une exposition présentée par la fondation Bodmer à Cologny, et qui s’intitulait Orient Occident. L’exposition cherchait à répondre à la question de savoir ce qui constitue notre patrimoine commun, nous humains, au fil des siècles. Le professeur Charles Méla, qui en était le directeur, avait pensé faire dialoguer les trois religions monothéistes — le judaïsme, le christianisme et l’islam — et leurs influences sur l’humanité en général et l’Europe en particulier. C’est au décours de cette visite que le déclic a eu lieu.

Il se trouve que l’année suivante, nous avions accueilli au Château Mercier une équipe scientifique chargée d’établir le catalogue d’une nouvelle exposition à la fondation Bodmer intitulée Alexandrie la divine. Notre idée des Rencontres s’est concrétisée à ce moment-là. Nous avions offert à l’équipe l’hébergement en échange de quelques conférences. J’avais eu l’idée de rajouter un concert musical et une lecture, posant ainsi les jalons de la première édition des Rencontres.

En 2012, les Rencontres Orient Occident voient officiellement le jour. Marie-Laure Stürm en devient la coordinatrice et moi l’administrateur.
Au fil des ans, l’ouverture à l’autre demeure, l’écoute et le respect des cultures dans leurs diversités, en considérant toujours la différence comme une richesse.
Depuis 2012, plusieurs thématiques ont ainsi été abordées, plaçant toujours l’humain en première ligne. Aujourd’hui, nous essayons d’éviter les débats politiques et préférons donner la parole à une palette humaniste d’acteurs culturels : historiens, auteurs, poètes, philosophes, écologistes et musiciens.

Avec un succès confirmé et un public de plus en plus attentif, me semble-t-il,

Nous avons effectivement un public de plus en plus large aujourd’hui : Valaisans, Suisses romands, mais également des personnes qui n’hésitent pas à traverser les frontières pour venir partager ces moments.

Comment envisagez-vous les Rencontres de cette 13ᵉ édition ? Et quelles thématiques avez-vous choisies ?

Les temps qui viennent semblent être de plus en plus chaotiques à travers le monde. Nous vivrons de grandes transformations et nous devrons trouver de nouveaux équilibres. En s’appuyant sur les leçons du passé, nous réfléchirons ensemble à des solutions d’avenir. Le but des Rencontres 2025 sera de cultiver des passions réparatrices à travers huit axes :

• la passion de comprendre les enjeux actuels, leurs interdépendances, leurs interactions
• la passion de la liberté de pensée, décantée de tout préjugé et de toute soumission au moindre totalitarisme
• la passion de la vie et de l’adaptation permanente à son cours fluctuant
• la passion de la diversité, moteur de l’évolution, de la création, de la vie
• la passion du dialogue et des confrontations constructives, accouchant d’une intelligence collective
• la passion du poétique, source de création d’une intelligence globale et de réalisations concrètes
• la passion du respect, de soi, de l’autre et de toutes les graines d’humanité qui cherchent à croître
• la passion de la convivialité, du dépassement de la méfiance à la construction, pas à pas, de la confiance

Ces dialogues essayeront de rétablir la confiance entre les humains pour mieux se comprendre, élargir leurs horizons et imaginer des pistes novatrices pouvant conduire vers un vivre-ensemble apaisé.
Rassembler et résister aux engrenages de la haine, voilà le vaste programme que proposent les Rencontres Orient Occident 2025, dont l’inauguration aura lieu le 1er octobre prochain. Elles seront animées par Luisa Ballin, Richard Werly, Romaine Jean, Jean-François Bayart, Thomas Gmür, Pierre-André Millit, Younès Ajarraï, Yannick Barillon et Thomas Steiner.
À noter la présence de trois intervenants libanais : Joumana Haddad, Sabyl Ghoussoub et Noha Baz, aux côtés d’une palette variée et passionnante de personnalités.

À noter également un repas fédérateur dédié à la gastronomie palestinienne le 4 septembre, qui montrera la richesse exceptionnelle d’un terroir qui refuse de disparaître ; une exposition photo destinée à montrer « l’autre Iran » et la projection du film documentaire No Other Land réalisé par Basel Adra, Hamdane Ballal, Yuval Abraham et Rachel Szor, maintes fois primé notamment à Berlin et à la cérémonie des Oscars en mars 2025.

« J’ai fait un peu de bien, c’est mon meilleur ouvrage », disait Voltaire dans son Traité sur la tolérance.
Les Rencontres Orient Occident peuvent se prévaloir de cultiver le jardin universel du monde en l’arrosant de culture et de beauté. En allant à l’essentiel et en mettant l’humain au cœur de cette réflexion collective, elles prônent une sobriété heureuse, encourageant avec élégance un vivre-ensemble cordial et bienveillant.
À suivre passionnément !

Programme des Rencontres du 1er au 11 octobre à consulter sur
www.roo-mercier.com
et à suivre
sur YouTube : Rencontres Orient Occident Château Mercier
@r_orientoccident
FB : Rencontres Orient Occident 2025
Crédit photos : site Château Mercier et émission La Puce à l’oreille de la RTS