Chateau Kefraya dévoile sa cuvée Bretèches avec des bouteilles illustrées cette année par Cynthia Raphael. L’Agenda Culturel est allé à la rencontre de Cynthia.
Cynthia Raphaël, qui êtes-vous ?
On dit que les artistes du monde arabe sont de « faux artistes ». Dans notre coin du monde, on a tous deux vies : celle qui travaille pour survivre, et celle qui crée pour exister. Ça fait de nous des êtres un peu étranges.
Très probablement, je suis libanaise avant d’être artiste.
Où avez-vous fait vos études ?
À l’ALBA (Académie Libanaise des Beaux-Arts) à Beyrouth.
Parlez-nous de votre collaboration avec Kefraya.
La mission qu’ils m’avaient confiée semblait simple : traduire mon pays sur l’étiquette de la bouteille de Bretèches. Sa simplicité ne tenait qu’à son énoncé, tout le reste relevait d’un vrai défi.
Mon pays a toujours été au centre de mon travail artistique. Pour ce projet, j’ai voulu chercher dans mes souvenirs. Plus le temps passe, plus ils sont flous : soit trop joyeux, soit trop tristes.
La vie au Liban est une succession de petits instants. Rien n’est prévisible, alors on vit par fragments. Les balcons illustrent bien cette idée : un espace entre-deux, à moitié dedans, à moitié dehors. On est là sans vraiment y être, comme suspendus. Le Liban entier est suspendu ; un pays flottant dans le vide.
Il y a ceux qui y vivent, et ceux qui devraient y être mais qui sont partis. On se raccroche les uns aux autres en permanence.
Quels sont vos projets à venir ?
Survivre à cette époque absurde ! (rires)
J’ai toujours beaucoup de projets en cours, certains resteront cachés dans mes tiroirs. Je préfère travailler sur plusieurs chantiers en parallèle plutôt que de porter un seul projet unique. L’histoire avance trop vite pour avoir le temps d’attendre !