Les « Paysages du coeur » de Marcello Carrozzini
29/04/2024|Garance Fontenette
Certains paysages ont le pouvoir de laisser une empreinte indélébile dans nos vies, même lorsque le temps estompe les contours de nos souvenirs. Dès lors, des sons, des parfums, ou des bruits particuliers ont le pouvoir de nous ramener instantanément à ces instants précieux. Marcello Carrozzini, dans son exposition « Paysages du cœur », présentée à la Galerie Mission Art du 23 avril au 3 mai, retranscrit ce sentiment précis. Ses œuvres sont un « hommage à toutes ces terres évocatrices de souvenirs pour lui, faisant écho à nombreux d’entre nous ».
Cette exposition est une exploration intime des paysages où Marcello a vécu. Ses voyages entre l'Italie, la France, le Liban et l'Espagne l'ont finalement ramené sur son île natale, la Sardaigne, où il a élu domicile au cœur de la nature. C’est à son retour qu’il a ressenti un puissant appel des couleurs et des odeurs qui l'entouraient, une inspiration qu'il a canalisé dans cette nouvelle exposition. Chaque toile reflète les paysages de chaque pays qu'il a traversé, de la majestueuse forêt des cèdres libanais à la douce lavande du sud de la France, en passant par les côtes de granit du littoral de Sardaigne. Pour chacune de ses toiles, le peintre confie avoir « un fort lien émotionnel avec tous les paysages ».
Ce lien émotionnel, il le traduit à travers un style semi-abstrait. « C’est une peinture émotionnelle plus que réaliste », déclare-t-il, en précisant que ce sont « des paysages intérieurs et imaginaires ». Des paysages abstraits mais dont on ressent instinctivement chaque détail grâce à sa technicité impressionnante. Le peintre va même jusqu’à tremper de réels bouts d’herbe dans la peinture pour retranscrire en relief les buissons de la cité italienne dans une de ses toiles. Cette minutie nous permet d’être immergé complètement dans ces paysages, comme si on se tenait au côté de l'artiste au moment où il les a découvert. Devant ces toiles représentant un étang en pleine forêt près de sa maison en Sardaigne, nous avons soudainement l'impression de sentir le souffle d’un vent léger et la chaleur d’un soleil doux et réconfortant sur notre peau.
« J’utilise une palette de couleurs que j’ajuste à l’avance en fonction des toiles », explique Marcello avec passion. Il précise qu'il évite les couleurs brutes, préférant rechercher les nuances parfaites qui s'harmonisent avec chaque paysage représenté. « Pour moi, les couleurs sont l'essence même de mon art », ajoute-t-il avec conviction. Cette approche méticuleuse de la couleur capture non seulement la forme, mais aussi l'atmosphère et l'émotion des paysages qu'il peint.
« Je souhaite offrir un souffle de sérénité dans ce monde de fou. Je fais de l’art intime et poétique». Cette sérénité, nous la ressentons dès que nous franchissons le seuil de la galerie Mission Art. Entouré de ses doux paysages, Marcello nous offre l'opportunité de faire une pause, de savourer, le temps d’un instant, un moment de calme et de contemplation artistique avant de replonger dans l'effervescence de la vie beyrouthine.
« Dans la peinture abstraite, celui qui regarde est complice », explique l’artiste, « On touche au subconscient du spectateur ». Avec générosité, Marcello nous offre ses « paysages du cœur » pour que nous puissions créer les nôtres. Il suffit de pousser la porte de la galerie Mission Art pour les découvrir et se laisser emporter par cette exposition.
Pour en savoir plus, cliquez ici
ARTICLES SIMILAIRES
« The Affirmative Happiness of a Green Dot »: contempler le vivant avec Hala Schoukair
Mathilde Lamy de la Chapelle
30/04/2025
Nada Karam ou l’ivresse de la photographie
Zeina Saleh Kayali
29/04/2025
« With you… » de Vanessa Gemayel : Peindre la musique, rêver Beyrouth
Mathilde Lamy de la Chapelle
25/04/2025
« Life Weave » : un tissage entre tradition et modernité
Mathilde Lamy de la Chapelle
24/04/2025
Lawrence Abu Hamdan : Son-et-lumière engagé à la galerie Sfeir-Semler
Mathilde Lamy de la Chapelle
24/04/2025
Pourquoi il fait si sombre ? : Une collection d’œuvres d’Ayman Baalbaki à la foundation DAF
Jasmine Karkafi
23/04/2025
“Where do I go?” : photographier l’hérédité de la destruction
Briac Saint Loubert Bié
18/04/2025
Peindre, transmettre, résister : Histoires de femmes à la galerie Gezairi
Mathilde Lamy de la Chapelle
17/04/2025
Embodied Realities : le corps comme force créatrice et puissance réparatrice
Briac Saint Loubert Bié
15/04/2025
Mounira Al-Solh réincarne le mythe dans notre temporalité
Briac Saint Loubert Bié
14/04/2025