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Les broderies de Adla

LIVRE

07/08/2025

Christine Najjar Hayek publie aux editions Calima “ Les broderies de ma mère au fil du Liban” un ouvrage dédié à sa mère. Rencontre avec l’auteure.

 

Qu’est-ce qui vous a inspiré l’écriture de ce récit ?

Ce récit est une lettre d’amour à ma mère, Adla, une autre manière de lui dire « je t’aime ». Même à des milliers de kilomètres, elle est toujours restée ma coach de vie, ma source de sagesse, d’amour et de résilience. Sa présence et sa force tranquille m’ont guidée bien au-delà de l’enfance.

 

Et puis, il y a Zahlé. Ma ville natale, ma lumière d’origine, où j’ai passé toute ma jeunesse. Chaque année, j’y reviens avec cette émotion intacte et cette fidélité du cœur.

 

J’y pensais depuis longtemps, mais le passage à l’acte a été difficile. Sans doute par pudeur, et aussi parce que je ne suis pas écrivaine. Ce livre, je l’ai écrit avec ma mémoire pour boussole, avec mes émotions à fleur de peau. J’ai tenté de rassembler tous les petits éclats de vie pour faire revivre une mère profondément aimante, et une enfance tissée d’ombre et de lumière

 

Quel rôle jouent les souvenirs et la mémoire dans la construction du récit ?

Ils sont essentiels, même si je dois avouer que je ne suis pas particulièrement nostalgique. Je suis plutôt tournée vers l’avenir que vers le passé, toujours pleine de projets. Cela dit, je me suis prise au jeu en me replongeant dans ces souvenirs familiaux, qu’ils soient heureux ou plus douloureux : la mort de mon père alors que j’étais encore jeune, ou bien sûr la guerre du Liban. À travers la métaphore de la broderie, j’ai aussi voulu montrer à quel point une vie se construit à partir de fils savamment et joliment entrelacés. Pour raconter nos vies, et en particulier celle d’une mère libanaise, je crois davantage à la broderie et à son unité qu’aux lignes de la main, avec leurs croisements et leurs parallèles.

 

Le roman semble traversé par des thèmes comme l’exil, la transmission, la mémoire familiale… Était-ce intentionnel dès le départ ?

Non, cela n’a pas été pensé de manière structurée dès le départ. J’ai construit le roman peu à peu, presque intuitivement, chapitre après chapitre, guidée par la mémoire, par l’émotion, par des liens parfois invisibles entre les souvenirs.

 

Mais très vite, il m’est apparu évident qu’il fallait parler de l’exil et de la diaspora, ces réalités que tant de familles libanaises portent dans leur chair. Des familles qui s’aiment profondément, mais qui, bien souvent, se retrouvent séparées par les kilomètres, les circonstances ou la guerre. C’est une douleur silencieuse, presque héréditaire, une forme de fatalité inscrite dans notre identité libanaise. À ce sujet, j’ai cité Romain Gary, une phrase qui me touche profondément : « Il y a les hommes avec des meubles et d’autres avec des valises. » Les Libanais, sans aucun doute, font partie de ceux avec des valises.

 

Mais cet éloignement, aussi cruel soit-il, ne diminue pas la tendresse ; au contraire, il l’intensifie. Et c’est aussi cela que j’ai voulu transmettre : cette force invisible, silencieuse, mais indestructible, de l’amour familial — ces gestes, ces valeurs, ces traditions et ces coutumes qu’on porte en soi, qu’on a parfois envie de transcender, tout en traçant notre propre chemin.

 

Quel message ou quelle émotion souhaitez-vous transmettre à vos lecteurs ?

D’abord et avant tout, un message d’espérance pour le Liban. Ce pays a traversé tant d’épreuves : les guerres, les crises économiques, les divisions politiques… Et pourtant, nous sommes toujours là. Debout. Vivants. Inébranlables dans notre amour de la vie. Je crois sincèrement que le mot « résilience » a été inventé pour les Libanais.

 

Je me demande souvent : d’où vient cette force tranquille qui nous habite ? Comment faisons-nous pour continuer à sourire, à aimer, à chanter, même au milieu du chaos ? Ma réponse tient en quatre « F », qui sont pour moi les piliers invisibles de notre peuple :

la Famille, la Foi, la Fête et la Formation car l’école est un magnifique passeport pour la vie et pour l’espérance.


Christine Najjar Hayek signera son livre le 20 aout à 18h30 au palais municipal de Zahlé.



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