Je viens d’arriver chez moi à Broumana. La maison tremble de tous ses meubles. Moi je hurle “c’est les israéliens, j’ai entendu les avions” “ vite les enfants, dans la salle de bain”.
Et puis les nouvelles, et puis la télé, le champignon rose, marron, noir.
Et puis l’incrédulité, puis la rage.
La bureau détruit, mais nous avions quitté à temps.
Puis la maison de ma mère toute détruite, mais elle était à la montagne.
Nous descendons à Beyrouth avec les enfants. Malek dit “on dirait le décor d’un film.”
Les pneus crissent sur le verre. Partout.
La ville est tordue. Éventrée. Hagarde. Suffoquée. Exorbitée.
Comme ses habitants.
Le sang est partout.
Et dans nos cœurs
Et dans nos larmes pour ceux qui ne sont plus là et pour ceux qui restent après eux.
Pour les blessés
Pour les défigurés
Pour les traumatisés, pour quelques jours, pour un an, pour la vie.
Pourquoi cette énième et incommensurable tragédie ?
Pourquoi ces âmes ont-elles dû payer le prix de la médiocrité crasse des “dirigeants”?
Pourquoi on ne parle pas des avions israéliens que nous avons tous vus et entendus ?
Est-ce un tel tabou de parler de ces avions qui ne finissent plus de nous bombarder ? Encore et encore et tous les jours ?…. Et aujourd’hui encore… 5 ans après…..
Incompétence, arrogance, médiocrité, impunité, un schéma qui se répète à l’infini. Une boucle sans fin qui nous emmène dans le fond….
Quand va t-on renouer avec une envie de bâtir une Nation qui nous protège et nous entoure. Avec de la droiture et du respect pour les citoyens ?
Le peuple libanais qui subit une avalanche de crises, d’avaries, de guerres, d’assassinats, de paupérisation, de vols, d’injustices depuis tant d’années est toujours debout, la tête haute. Face à la médiocrité de ses « dirigeants », il porte son pays à bout de bras et à bout de souffle.
Nous méritons d’avoir enfin une Nation et une Justice dans le vrai sens du terme.