L’autre jour, en rentrant de Madrid, nous étions tranquillement installés dans un avion MEA. Il y avait un groupe d’écoliers, quelques familles, un bébé qui hurlait par intermittence, ma voisine de siège qui était très enrhumée et qui s’excusait de me faire partager ses germes (elle s’est avérée être une amie de mes enfants), derrière moi, Shana la chanteuse libanaise qui était à The Voice il y a quelques semaines et une des hôtesses qui dormait allongée sur les derniers sièges. Le vol est de cinq heures, c’est un peu long, mais l’ambiance était bon enfant et à l’atterrissage les applaudissements et les rires des jeunes m’ont fait sentir à la maison. J’avais l’impression d’être dans une grande demeure entourée de ma famille élargie.

Je suis rentrée au Liban, je suis rentrée chez moi dans ce petit pays où tout est si compliqué. Un pays qui, objectivement, est failli et en faillite, qui est impunément bombardée par son voisin, et doit retenir une ribambelle de groupes radicaux et armés sur l’autre frontière. Un pays qui abrite plus de refugiés (presque) que sa propre population et dont les cinq dernières années ressemblent à la définition de l’enfer.

Et pourtant…. à l’instar de cette belle lumière du mois de mai, à la douceur des soirées beyrouthines, ce pays vous retient, vous envoute. Vous êtes prêts à tant donner pour le remettre sur le chemin de l’avenir qu’il mérite.

Cela doit être ce sentiment qui, au vu des changements positifs de ces derniers mois, a attiré tant de cerveaux qui ont quitté des postes prestigieux et importants aux quatre coins du monde pour venir en aide à leur pays, pour apporter leur pierre à l’édifice.

La tâche est gigantesque, il doit y avoir des désillusions, mais le travail continue et on retrouve, comme sur ce vol de la MEA un sentiment d’une unité quasi familiale toute attentionnée et dévouée au chevet d’un malade tantôt détesté et tantôt adoré.

Pour ces personnes qui sont « revenues » et pour celles qui sont toujours restées au Liban, notre combat et nos espoirs sont les mêmes. Ensemble à présent nous nous battons pour résister, pour que la lumière prenne le pas sur l’obscurité, nous travaillons nuit et jour pour créer du beau, pour créer ‘du mieux’, pour bâtir un pays, un avenir et pour mieux accueillir ceux qui vont encore revenir !

Myriam Nasr Shuman