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FOLLOWER : Un thriller numérique au cœur du cyberharcèlement

Cinema

21/05/2025

Dans FOLLOWER, le réalisateur Marcel Ghosn explore la face sombre de la célébrité numérique et du harcèlement en ligne à travers un dispositif cinématographique radical. Tourné entièrement sur téléphone portable, le film suit en temps réel une journée marquée par l’obsession, l’intrusion et la violence psychologique. Nous avons rencontré Dr Ghosn pour évoquer ses inspirations, son approche de la mise en scène influencée par le théâtre, et la manière dont ses recherches universitaires sur les technologies numériques ont nourri sa démarche artistique.


FOLLOWER explore le côté obscur de la célébrité en ligne et du harcèlement sur les réseaux sociaux. Qu’est-ce qui vous a poussé à aborder ce thème, et selon vous, comment le cinéma peut-il contribuer à la réflexion sur le cyberharcèlement et les discours de haine ?
FOLLOWER est né d’une profonde inquiétude face à la manière dont les réseaux sociaux se sont transformés en scène et en champ de bataille à la fois. J’ai été particulièrement troublé par la facilité avec laquelle l’attention en ligne peut dégénérer en obsession, en volonté de contrôle, voire en violence. L’idée que quelqu’un puisse filmer son propre harcèlement d’une autre personne—sous prétexte de produire du contenu ou de rechercher une validation—me semblait terriblement réaliste. Je voulais que le public ressente ce malaise de manière directe, en l’obligeant à voir les événements à travers l’objectif du téléphone de l’antagoniste. C’est invasif, dérangeant, étouffant—exactement comme peut l’être le harcèlement numérique dans la réalité.
Le cinéma a ce pouvoir unique de rendre visible ce qui ne l’est pas. En adoptant le point de vue de l’agresseur, j’espère amener les spectateurs à réfléchir à leur propre rôle—qu’ils soient témoins passifs, complices ou victimes—dans cette culture de la toxicité en ligne. Le film brise la distance que nous avons souvent face au cyberharcèlement ou aux discours de haine : il rend ces phénomènes viscéraux. Et une fois qu’on les ressent profondément, il devient plus difficile de les ignorer.


En tant que metteur en scène de théâtre avec une solide formation académique en cinéma et en performance, comment votre expérience théâtrale a-t-elle influencé votre manière de diriger FOLLOWER, notamment en ce qui concerne la dynamique entre les personnages et le style de jeu ?
En tant que metteur en scène de théâtre, j’ai acquis une grande capacité à guider les comédiens dans des rôles intenses et psychologiquement complexes. Cette expérience m’a été extrêmement précieuse au cinéma, où j’ai pu travailler avec les acteurs sur une longue période de répétitions. Cette préparation nous a permis de tourner de longues séquences en plan-séquence—l’une d’entre elles dans FOLLOWER dure 24 minutes—sans avoir recours à des coupes fréquentes.
Leur formation théâtrale a également permis de réduire le temps de tournage, car les acteurs étaient totalement immergés dans leurs personnages et capables de livrer des performances continues, puissantes et précises. C’est l’une des raisons pour lesquelles nous avons pu tourner ce long-métrage en seulement cinq jours, après plusieurs mois de répétitions intensives.

 

Vous vous êtes spécialisé sur l’impact des technologies numériques et de la capture de mouvement sur le jeu d’acteur au cinéma. Cette recherche a-t-elle influencé certains choix créatifs dans FOLLOWER, notamment dans la représentation de l’identité et de l’authenticité à l’ère numérique ?
L’histoire de FOLLOWER se déroule en une seule journée. Tourné entièrement sur téléphone portable, le film comporte très peu de coupes et dure 1h26, en mettant l’accent sur le réalisme du jeu, sans artifices esthétiques, sans effets spéciaux, ni même maquillage. Mon objectif était de représenter la réalité des personnages de manière brute et audacieuse—à l’opposé total de l’esthétique stylisée du cinéma en capture de mouvement.
Bien que le film soit enraciné dans le cinéma numérique—puisqu’il est tourné sur un téléphone—il explore également la manière dont les individus se comportent lorsqu’ils savent qu’ils sont filmés. Leurs performances reflètent cette sorte de “masque social” que beaucoup adoptent lorsqu’ils enregistrent des vidéos pour les réseaux sociaux. En ce sens, nous portons un “masque numérique” non seulement via les filtres et émojis animés, mais aussi à travers nos comportements face caméra.
En parallèle, ce film se veut aussi un message clair pour les étudiants : il est possible de réaliser un long-métrage entier avec un simple téléphone portable. Les technologies du cinéma numérique ont largement simplifié le processus de création, le rendant accessible sans gros budget ni infrastructure lourde. Ce qu’il faut vraiment, c’est un bon scénario, une mise en scène solide, une direction d’acteurs précise—idéalement issue de la formation théâtrale—et un téléphone.

 

FOLLOWER 

A film by Marcel Ghosn 

Starring : Marilyn Naaman and Pio Chihane

Screening date : 26 May at 8pm 

Theatre Le Monnot 

Ticketing : Librarie Antoine 

Tickets are sold at the door

For information and Reservation: 70 626 200 



 

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