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Le piano dansait sous les doigts de Naji Hakim

MUSIQUE

06/07/2025|Zeina Saleh Kayali

Alors qu'il vient de donner une passionnante masterclass de composition à une dizaine de jeunes élèves compositeurs à Beit Tabaris, ainsi qu'un concert triomphal de ses œuvres pour piano en collaboration avec Marie-Bernadette Dufourcet, le compositeur Naji Hakim répond aux questions de l'Agenda culturel.


En cette année où vous fêtez vos 70 ans, plusieurs projets dont trois enregistrements importants ont vu le jour. Pouvez-vous nous en parler ?

À l’heure où l’on commence à faire le compte — ou le décompte — des années, je sais qu’il me reste moins de chemins à parcourir que de sentiers déjà foulés. Cette lucidité, loin d’être stérile, invite à transmettre, à libérer ce qui sommeillait encore. Trois projets d’albums sont ainsi venus au jour, comme autant d’actes de gratitude.

D’abord, Basques Arabesques, confié au Czech Symphony Orchestra Prague, avec Gwendeline Lumaret au violoncelle et Johannes Skudlik à la baguette. Deux identités géographiques qui me traversent s’y entremêlent, sans se heurter.

Puis, j’ai sollicité la Radio Bavaroise pour publier les enregistrements de l’Ave Maria et de la Messe solennelle, portés par le chœur et l’orchestre de la BR, sous la direction lumineuse de Wayne Marshall.

Enfin, Cologne, où dormaient encore les bandes de Ouverture LibanaiseLes Noces de l’Agneau, du Concerto pour violon, et de Aalaiki’ssalaam, avec le violon fervent de Matthew Trusler, toujours conduit par Marshall.

Trois jalons. Trois respirations. Une manière de dire merci — à la Source, à l’Au-delà de tout.


Quelles sont vos impressions au sujet des jeunes compositeurs qui ont suivi votre masterclass à Beit Tabaris ? Avez-vous trouvé chez eux une réelle motivation et un niveau suffisant pour acquérir la technique de la composition ?

Beit Tabaris est un jardin suspendu au-dessus du tumulte, un lieu où le silence fait partie du travail. Les jeunes compositeurs que j’y ai rencontrés ne sont pas indisciplinés, au contraire : ils fourmillent d’idées, d’élans, d’intuitions à canaliser. Leur passion pour les chorals ou les chants populaires libanais révèle un désir profond : mettre en ordre le chaos sonore, trouver leur propre vérité dans l’harmonie.

Mon rôle n’est pas de leur dire quoi écrire, mais de les aider à ordonner leur pensée, à structurer leur instinct sans l’éteindre. La technique vient ensuite, comme une seconde nature.


Parmi les œuvres que vous avez interprétées lors du concert de fin de masterclass, Ilayki, en création mondiale. La musique sacrée libanaise est-elle l'une de vos sources d'inspiration ?

Je puise à la source qui m’a formé, non seulement musicalement mais humainement : la Beauté, et plus encore, comme le dit saint Augustin, la Beauté des beautés. Les cantiques appris au collège du Sacré-Cœur, les voix mêlées dans l’encens du matin, les liturgies orientales — tout cela n’a jamais quitté mon oreille intérieure.

Ilayki est un cycle de variations sur un thème marial maronite. J’y rends à ma terre mère un peu de ce qu’elle m’a donné. Je n’écris pas pour transmettre une mémoire figée, mais pour honorer un souffle vivant.


Que pouvez-vous nous dire de Badinerie, la pièce que vous avez interprétée à quatre mains avec Marie-Bernadette Dufourcet ?

Badinerie, c’est 1976, une page de jeunesse, une offrande naïve et sincère. Une pièce écrite pour Marie-Bernadette, qui allait devenir mon épouse — celle qui m’a fait comprendre que le clavier, c’est aussi un cœur, un combat, une danse.

Il y a du Poulenc, oui, dans les inflexions. Mais aussi une part de nous deux : une malice tendre, un clin d’œil entre les mesures, un sourire glissé entre deux silences.


Que faut-il vous souhaiter ?

De rester, jusqu’au bout, un écolier du Mystère. Non de ceux qui recopient, mais de ceux qui cherchent, tâtonnent, recommencent.

De continuer à apprendre, non pour savoir, mais pour servir.
Car il n’y a de grandeur que dans le service rendu sans vanité, et peut-être, à la fin du jour, un peu de Gloire rendue à Dieu.



Basques Arabesques https://lnk.to/unrgIdmL

 

Ave Maria & Messe Solennelle https://bit.ly/4lw2tzf

En coopération avec BR-Klassik & BRmedia

 

Ouverture Libanaise https://bit.ly/3TQNSCL

Westdeutscher Rundfunk Cologne Production, Licensed by WDR mediagroup GmbH



 

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