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Le dialogue des mondes à Arthaus

Art

18/06/2025|Briac Saint Loubert Bié

Du 19 au 29 juin, Artists of Beirut présente à Arthaus les douze femmes qui ont intégré cette année son répertoire artistique. En peintures, sculptures, photographie ou arts numériques, ces artistes vont faire dialoguer ces « autres mondes » qu’elles imaginent.


Dissimulé au fond d’une ruelle de Gemmayzé, Arthaus a un air d’oasis : un vaste espace silencieux où l’on se prélasse volontiers à l’ombre d’un luxueux hôtel, sur les coussins de ses terrasses ou au frais de ses jardins. Pour la quatrième année consécutive, la plateforme Artists of Beirut y prépare son exposition annuelle. Douze artistes, émergentes ou confirmées, se préparent à dévoiler leurs œuvres aux yeux du large réseau d’amateurs, collectionneurs ou curateurs, que l’association tisse depuis 5 ans maintenant. Un réseau mis à la disposition de la soixantaine d’artistes que recense le répertoire de Artists of Beirut. Elles sont peintres, sculptrices, photographes ou tout à la fois, libanaises par origine ou par passion, néophytes de leur art ou déjà affermies dans leur carrière.




« L’idée est qu’elles intègrent un club, où elles peuvent saisir des opportunités et se nourrir les unes des autres : les confirmées tirent les émergentes vers le haut, et les émergentes amènent de la fraîcheur. » Quand Carole Ayoub crée Artists of Beirut avec Yara Jahchan il y a 5

ans, elle compte d'un créneau laissé pour l’heure vacant : promouvoir la création artistique féminine. « Dans les milieux artistiques, la place se libère pour les femmes qui, paradoxalement, n’osent pas trop se mettre en avant, alors on s’est dit qu’on allait les aider. »



Chaque année le répertoire s'élargit d’une promotion de douze artistes recrutées tous azimuts du spectre artistique, sélectionnées selon leur portfolio, les thèmes qu’elles abordent ou encore leur biographie. Ces douze sont révélées lors d’une exposition collective, ou les styles, les techniques des différentes artistes s’articulent et se répondent autour d’une thématique. Une thématique puisée dans l’actualité, une idée inspirée des grands mouvements du monde, interprétée et déclinée par ces artistes qui en offrent une interprétation selon leur sensibilité. L’édition précédente traitait de diversité, et cette année les artistes imaginent « un autre monde ». « Cette année a été marquée par un renouveau à tous les niveaux, tant au Liban que dans le monde entier » abonde Carole Ayoub, « ici, ce renouveau est espéré et peut-être un peu amorcé, mais pas encore installé ».



Mais les artistes devancent toujours un peu la réalité, et les mondes qu’elles bâtissent selon leur art varient du tout au tout, parfois burlesques, voire fantasques, mais toujours porteurs d’espoirs. Joa Chelala voit le sien rempli de girafes. Depuis qu’elle en a rencontré lors d’un safari en Tanzanie, la céramiste est fascinée par ces géantes élégantes et fragiles, maladroites et assez solides pour survivre dans la savane. Les sculptures de Joa Chelala sont hybrides, corps humain et tête de girafes, rappelant ainsi que « nous somme entre deux mondes, humain et animal » et qu’il faut savoir « prendre le meilleur des deux ».

Un encouragement au meilleur suivi par Zena Yachoui. Dans ses compositions, à mi-chemin entre abstrait et figuratif, la peintre entremêle les motifs floraux bariolés de mille couleurs, l’expression en peinture d’une joie qui l’habite et qu’elle souhaite transmettre. « Je veux que quand ma toile habite une demeure, elle l’éclaire, l’habille de gaieté. » Pour Zena, quand un monde reste à créer, il faut savoir être positif, « si l’on veut se diriger du bon côté ».

Dans ses illustrations digitales, Lyna Maroun, de son côté, dessine des femmes qui se prélassent, s’offrent le luxe de ne rien faire, de suspendre le temps dans les tons chaleureux d’un renouveau printanier. Des productions encore imprégnées des périodes de confinement, où Lyna s’est lancée dans le dessin graphique. Ces femmes qu’elle représente « prennent plaisir à cette vie de fainéant », à se montrer égoïstes, à prendre soin d’elles dans un printemps langoureux, plein de vitalité, qui prend le pas sur l’hiver.



« Un autre monde », c’est celui qu’on imagine, et celui qu’on ne connaît pas encore, mais qui est bien là, attendant d’être découvert. Anna Bondavalli Ward investit un monde intérieur. La photographe, à travers son objectif, passe à fleur de peau de ses sujets, ses clichés suggèrent ce qui ne se voit pas, évoquent des formes, esquissent des gestes, mais laissent le travail d'interprétation entre les mains du spectateur. Ses photos, en noir et blanc, explorent le contraste, et ce qu’il révèle sous la peau, « elles expriment un chemin en devenir, encombré des barrières qu’on se met nous-même, mais éclairé d’une lumière qui s’en détache ». Une démarche introspective, sollicitant ce qui en nous est insoupçonné, caché, cet autre monde que chacun renferme et qu’il ne connaît pas, ou trop peu.


Artistes participant à l’exposition :

RANA ABBOUD, ARDZIV, ANNA BONDAVALLI WARD, JOA CHELALA, MAYA DAHDOUH, EMILIE HADDAD, ALINE KALLAB, LYNA MAROUN, JOANA MOCACHEN, AIDA TANNOURY, PATRICIA VIVIAN, ZENA YACHOUI, KARIN TIMMERMANS.




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