Le lundi 22 septembre 2025, au cœur du XVe arrondissement de Paris, s’est tenue, dans les salons de la mairie, une soirée exceptionnelle consacrée à la parution de « Chekri Ganem, œuvres retrouvées », sous le haut patronage de M. Rabih Chaer, Ambassadeur du Liban en France, et organisée par les associations RCFL – Rencontre Culturelle Franco-Libanaise et Les Amis de Chekri et Halil Ganem. Dans une salle comble, diplomates, intellectuels, représentants de la diaspora et acteurs du monde associatif se sont réunis pour redécouvrir une figure longtemps méconnue, désormais réinscrite dans la mémoire collective.
L’ouverture de la cérémonie a été assurée par l’ambassadeur Rabih Chaer, qui a salué l’initiative, aux côtés de Raymond El Hawly, président de la RCFL. Parmi les invités figurait également l’ambassadeur Naji Abi Assi, ambassadeur de la Ligue arabe. Tous soulignant la portée symbolique de ce rassemblement autour de l’identité culturelle et de la mémoire diasporique.
Bahjat Rizk a ensuite évoqué, à travers une relecture approfondie des textes politiques retrouvés, l’actualité de la démarche politique de Ganem et l’importance de la participation de la diaspora à la décision politique libanaise. Michel Edmond Ghanem, auteur de l’ouvrage, a présenté le long travail de sauvegarde, de collecte et de restitution des textes dispersés — poèmes, pièces de théâtre, discours politiques — mené pendant plus de vingt ans, et en a livré une analyse littéraire approfondie. Enfin, la contribution de Issam Khalifé, présentée par Jinane Milelli, a retracé la trajectoire politique de Chekri Ganem, entre le Liban et Paris, et rappelé sa contribution décisive à la création du Grand-Liban.
Un moment d’émotion a marqué la soirée : l’évocation des tombes parisiennes de Chekri et de son frère Halil, aujourd’hui menacées d’abandon. Michel Edmond Ghanem a réitéré son appel à l’Ambassadeur du Liban et à la diaspora libanaise, pour préserver ces lieux de mémoire. « Préservons non seulement les œuvres retrouvées, mais aussi la demeure ultime de ceux qui les ont façonnées. »
La rencontre a été enrichie par la présence d’intellectuels tels que Gaby Lteif, Lynn Ammoun (petite-fille de Daoud Ammoun et auteure de Daoud Ammoun et la Création de l’État libanais) et François Boustani (auteur de Le Grand Liban : genèse d’une nation singulière), qui ont rappelé combien les idées de Ganem résonnent encore dans les débats actuels sur l’avenir du Liban et de sa diaspora.
Cet hommage inédit redonne à Chekri Ganem une légitimité incontournable dans l’histoire de la diaspora libanaise et syrienne. Son action a, en effet, « changé la donne » : en organisant des cercles et des associations, en animant des réseaux culturels et politiques et en insufflant une conscience collective aux Libanais et Syriens de l’étranger, Ganem a créé un espace de référence pour les générations suivantes où la diaspora joue un rôle primordial.
Cette soirée fut bien plus qu’un lancement de livre : elle constitua un acte symbolique, celui de reconquérir une mémoire et de réaffirmer que la diaspora, loin d’être simple exil, peut devenir un moteur de changement, de conscience nationale et de résilience culturelle.