C’est Amal el Zein qui m’en parle en premier. Amal, aux yeux pétillants et au grand cœur, qui offre bénévolement, dans le cadre de l’association « Bedayati », des cours de cuisine sur des thématiques diverses afin d’aider l’équipe à lever des fonds. Nous prenons date pour une pause douceur et, en route, direction la rue Caracas à Beyrouth. Un local simple au rez-de-chaussée de l’immeuble Yacoubian, qui rappelle étrangement en tous points un jumeau littéraire situé sur le Nil, si magistralement décrit par Alaa’ el Aswany.

Des volets bleu espoir encadrent un espace simple et apaisant. Malgré l’heure très matinale, l’équipe est souriante et l’accueil charmant.
Amal explique avec enthousiasme et m’entraîne joyeusement dans une visite des lieux. Une cuisine lumineuse aux pianos flambants neuf, des produits d’excellente qualité sont déjà disposés sur les tables. Aujourd’hui, elle anime un atelier autour de la cuisine chinoise.

Mais commençons par le début : qu’est-ce que Bedayati ?

Une organisation du secteur social, fondée en 2020, qui œuvre pour l’autonomisation des jeunes marginalisés en répondant à leurs aspirations de changement.
L’association considère que le parcours de vie d’une personne ne devrait pas être diminué en raison d’un manque d’accès à l’éducation ou à des opportunités d’emploi décent.
« Nous défendons un monde du travail inclusif, où chacun a la capacité de participer, d’apporter son expérience et de faire une différence. Nos valeurs fondamentales : intégrité, inclusion et innovation guident notre action sur le terrain. Nous croyons fermement qu’en élargissant le cercle vers des lieux de travail et des communautés plus diversifiées et inclusives, nous avançons ensemble vers un avenir plus prometteur. »

Alors, comment se passent les choses pratiquement ?

Le programme de formation de Bedayati comprend des formations professionnelles courtes, axées sur les secteurs de la restauration et des technologies :

– formations de base (en anglais et en compétences numériques)
– formations aux compétences interpersonnelles (soft skills) ainsi qu’un programme d’entrepreneuriat.

Les femmes et les jeunes qui terminent notre programme d’entrepreneuriat apprennent à créer et à gérer leurs propres entreprises à domicile.
Bedayati accompagne et encadre chaque année plusieurs projets afin de concrétiser ces idées d’entreprise. À ce jour, 770 femmes et jeunes ont achevé les programmes de formation de Bedayati.

« Nous croyons en la construction d’une économie inclusive qui favorise des opportunités de travail décent pour tous. Notre engagement des employeurs inclusifs invite les entreprises libanaises à rejoindre un mouvement croissant d’organisations qui mettent leur activité et leurs lieux de travail au service d’une société plus inclusive et plus durable. »
En offrant des opportunités plus équitables sur le lieu de travail, les organisations peuvent avoir un impact direct sur la vie de leurs employés, contribuant ainsi à lutter contre la pauvreté et à promouvoir la mobilité sociale. Ce faisant, elles créent à la fois une valeur économique et sociale.
Parmi les employeurs pionniers ayant signé notre convention figurent :
Bel Group, FDC, Café Younes et Cedar Environmental.

Et la cuisine dans tout ça ?

Bedayati a lancé sa Cuisine en 2020, avec la conviction que la nourriture est un liant certain de cohésion communautaire et une force d’autonomisation.

Alors que la population peinait à faire face à la crise économique depuis 2019, la Cuisine de Bedayati a offert un espace où les moyens de subsistance étaient offerts, permettant à des chefs issus de la communauté de prendre les rênes et de cuisiner pour les familles de leur entourage.

Depuis, la Cuisine a évolué d’une cantine communautaire temporaire vers un service traiteur et un centre de formation pour celles et ceux qui souhaitent travailler dans le domaine culinaire.
Pour chaque repas acheté, un repas est offert !

À ce jour, la Cuisine de Bedayati a distribué plus de 150 000 repas aux personnes les plus démunies de Beyrouth. Elle a également offert des opportunités de travail rémunéré à plus de 100 femmes et jeunes.

Quels sont les prochains ateliers à venir ?

Un atelier falafels proposé par Amal El Zein le 5 novembre prochain.
Un autre autour du potiron, et en particulier le kebbé de potiron, le 28 novembre.

Amal El Zein conclue l’interview en rappelant que des ateliers pour enfants sont proposés régulièrement. Ils représentent une véritable source de joie et un pur moment de bonheur partagé par petits et grands !

Et côté tarifs ?

Ils varient selon les ateliers, mais restent totalement raisonnables.

Un plateau de petits manakiches cocktails fait son apparition pour conclure l’entretien. Confectionnés minute, ils sont délicieusement fondants pour ceux au fromage et parfaitement croustillants pour les classiques au zaatar. À chaque bouchée, j’ai pu retrouver pleinement l’ingrédient secret glissé entre pâte et garniture : l’amour, tout simplement !

Se faire plaisir en faisant du bon et un peu de bien. Une petite goutte d’eau dans un pays qui en manque cruellement… ça ne se refuse pas !
Yallah !

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