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Coco Makmak : entre deux mondes, une voix libre qui fait rire et réfléchir

SCÈNES

12/09/2025|Myriam Nasr Shuman

Vous ne connaissez sans doute pas Karine Makari, mais vous connaissez Coco Makmak. Ses vidéos virales, où l’on retrouve la fameuse « mère Makmak », sont devenues des miroirs de nos vies méditerranéennes : elles nous arrachent un sourire, nous interpellent et, souvent, nous mettent face à nos contradictions. Coco est à Beyrouth. Elle donnera un spectacle le 13 septembre au Casino du Liban. Discussion à bâtons rompus avec une comédienne qui ne manquera pas de séduire même ceux qui n’étaient pas encore tombés sous son charme.

 

Née au Liban en pleine guerre civile, Karine a grandi en France dès l’âge de trois ans. Elle raconte : « J’ai mis du temps à comprendre que j’étais entre deux mondes. Je pensais que tout le monde parlait français à l’école et mangeait du houmous à la maison… Jusqu’à ce que je réalise que ma vie était différente. J’étais éduquée avec les codes d’une mère libanaise dans un contexte français. »

Cette tension culturelle, vécue comme un dilemme pendant longtemps, s’est transformée en richesse et en force. Après une épreuve personnelle douloureuse – la perte de sa belle-sœur – elle retrouve au Liban une paix intérieure : « J’ai compris que je n’avais pas à choisir. J’ai pris le meilleur des deux cultures. C’est ce mélange qui a donné Coco Makmak. »


Au centre de ses vidéos, une figure familière : la mère libanaise. Autoritaire mais tendre, drôle et dramatique à la fois, elle incarne un personnage que chacun reconnaît.

« Ma mère, c’était la patronne à la maison. Une femme forte, pleine de courage et d’humour. Elle est devenue la source de mon inspiration. Mais en réalité, derrière la “mère Makmak”, on retrouve toutes nos mères. »

Si ses vidéos sont irrésistibles, elles ne se limitent pas au comique de situation. Coco assume une démarche engagée : « Faire rire, c’est facile. Mais avoir un impact, c’est autre chose. Quand je parle de violences faites aux femmes, d’éducation ou de liberté, je sais que je touche des sujets sensibles. Mon but, c’est de semer une petite graine, d’encourager à réfléchir autrement. »


Son combat se concentre sur la liberté des femmes, particulièrement dans les sociétés méditerranéennes encore dominées par le poids de la religion et du regard social.

« Être libre, ce n’est pas faire n’importe quoi. C’est simplement décider de sa vie sans que Dieu, la voisine ou la tante n’interviennent. »


Dans la « vraie vie », Karine travaille depuis quinze ans dans le recrutement en informatique. Une expérience qui lui a appris l’écoute, une qualité qu’elle transpose aujourd’hui dans ses créations : « Les gens me passionnent, surtout les femmes. Elles jonglent avec mille responsabilités, souvent dans l’ombre. Ce sont elles, mes héroïnes. »


Ses sketchs sont donc nourris par les histoires qu’on lui confie, mais aussi par son propre vécu : la migration, la famille, le choc des mentalités entre la France et le Liban. Si son humour voyage bien – elle joue les mêmes textes en Europe, au Canada ou au Moyen-Orient – Coco souligne que chaque public réagit différemment : « Les blessures ne sont pas les mêmes d’un pays à l’autre. Ici, au Liban, mon spectacle résonne d’une manière particulière. Je parle de résilience, et je sais que le public libanais en est l’incarnation. »


À l’approche de son retour sur scène à Beyrouth, l’émotion est palpable : « J’ai hâte de retrouver mon public libanais. Il me manquait. Mon objectif n’est pas seulement de les faire rire, mais de leur donner quelque chose qui reste, qui bouscule. Parce que l’humour, c’est aussi ça : une arme douce pour changer les mentalités. »

À travers son parcours, Coco Makmak incarne une génération tiraillée entre deux cultures, mais qui a trouvé dans l’humour une manière d’en faire une force. Elle nous tend un miroir : celui de nos contradictions, mais aussi celui de nos espoirs.


Rendez-vous le 13 septembre au Casino du Liban pour un spectacle où éclats de rire et prises de conscience se mêleront, le temps d’une soirée unique.


Pour en savoir plus, cliquez ici

 

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