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Arab Art Fair 2025 — Une plateforme pour réinventer l’image de l’art arabe

Art

20/11/2025|Nadine Nassar

Il y a des événements artistiques qui ne se contentent pas d’exposer : ils déplacent une perception, ils reformulent une identité. L’Arab Art Fair, fondé en 2019, s’inscrit exactement dans cette logique. Pensé dès le départ comme une plateforme dédiée exclusivement à l’art arabe contemporain, il s’est imposé en quelques années comme un espace capable de réunir des artistes indépendants, des galeries émergentes, des curateurs, des collectionneurs et un public en quête d’un récit plus juste de ce que produit aujourd’hui le monde arabe.
Pour cette édition 2025, à la fois au Liban et à Londres (mais à deux dates distinctes), l’ambition est claire : affirmer une présence, une vision, et offrir à la scène arabe un terrain de visibilité plus solide dans un marché de l’art mondial qui reste très inégal. Entretien avec Farhat Farhat, le fondateur et directeur l'Arab Art Fair.

 


Comment résumeriez-vous l’identité et la vision de cette édition 2025, organisée à la fois à Beyrouth et à Londres ?
C’est avant tout une foire d’art contemporain, pensée dès 2019 pour rassembler les artistes arabes sur une plateforme internationale.  Les galeries sont nombreuses au Liban, à Dubai et en Egypte, mais elles restent rares dans les 19 autres pays arabes. La majorité des artistes travaillent de manière indépendante, et leur seule opportunité était jusque-là de participer à des symposiums. Nous avons donc voulu créer une foire professionnelle, avec une véritable sélection, un niveau international, et une visibilité à la hauteur de leur travail.

 

Vous parlez d’un comité de sélection. Comment fonctionne-t-il ?
Comme dans toute foire internationale : les artistes postulent, et un comité choisit les meilleurs projets. Habituellement, ce sont les galeries qui postulent ; ici, nous offrons aussi cette chance directement aux artistes. Cela permet de garantir une cohérence curatoriale et d’exposer des œuvres de haute qualité. Chaque artiste peut présenter plusieurs œuvres tant qu’elles relèvent d’un même thème.

 



Qu’est-ce qui distingue l’Arab Art Fair des autres foires ?
Trois choses.
D’abord, c’est la première plateforme internationale dédiée exclusivement à l’art arabe. Ensuite, elle est ouverte aux artistes indépendants, ce qui est essentiel puisque dans le monde arabe, les galeries sont peu nombreuses. Enfin, nous avons créé en parallèle l’Arab Art Forum : une série de conférences qui abordent les enjeux du marché de l’art, les opportunités de carrière, les défis des musées, ou encore l’évolution du rôle des artistes. C’est un espace critique, indispensable pour réfléchir aux réalités de la région.

 

L’édition 2025 se tient au Liban en décembre, puis à Londres en janvier. Pourquoi ce choix ?
C’est la quatrième édition au Liban, et la première à Londres — la première foire d’art arabe jamais organisée là-bas. Londres est l’un des plus grands marchés internationaux : Sotheby’s, Christie’s, les grandes maisons de vente, les musées fréquentés par des millions de visiteurs… C’est une ville où les gens achètent de l’art, où la culture est une pratique quotidienne. Ouvrir une fenêtre pour l’art arabe dans un marché pareil, c’est une opportunité exceptionnelle pour conclure des collaborations, rencontrer des conservateurs et toucher un public qui ne connaît l’art arabe qu’à travers les stéréotypes médiatiques.

 



Quels enseignements avez-vous tirés des éditions précédentes ?
Malgré les crises — 2019, l’après-Covid, puis la guerre — nous avons réuni plus de 200 artistes de 13 pays, 35 intervenants dans le forum, et créé une vraie marque en très peu de temps. L’un des résultats les plus forts est que plusieurs artistes indépendants ont été repérés par des galeries lors de nos éditions, puis ont signé des contrats et obtenu des expositions personnelles. La foire fonctionne comme un pont : elle met en lumière, elle connecte.

 

Cette année, quelles sont les nouveautés concrètes ?
Nous accueillons davantage de galeries : Cheriff Tabet (Liban), George Kamel Art Gallery (Syrie), et de nombreux artistes indépendants du Liban, de Syrie, d’Irak, de Jordanie et d’autres pays. Nous proposons aussi un catalogue professionnel, un travail de relations publiques renforcé, et une scénographie entièrement en bois pour atteindre les standards internationaux.
Le Forum de l’Art Arabe se tiendra en même temps que l’Arab Art Fair, avec la série de conférences Les Rencontres de l’Art Arabe : la première intitulée: “Le marché de l’art arabe – Défis et opportunités”, la deuxième: “Parole aux collectionneurs – L’art de collectionner l’art arabe”, et la troisième: “Initiatives artistiques arabes – Coup de projecteur sur les organisations qui dynamisent la scène artistiques.

 



Pourquoi insistez-vous sur la présence à Londres ?
Parce que nous voulons changer la perception de l’art arabe. Les musées européens sont remplis d’antiquités du Liban, de Jordanie, de Palestine, d’Irak, d’Égypte ; notre histoire est immense, mais les médias occidentaux ne montrent souvent que nos crises. Être présents à Londres, c’est aussi dire : nous avons une scène contemporaine, vivante, exigeante. C’est une chance pour les artistes arabes d’être vus, et pour les communautés arabes de la diaspora de retrouver un espace qui les représente autrement.

 

Que souhaitez-vous pour la suite ?
Que cette foire, qui a atteint des standards internationaux, devienne annuelle à Londres, qu’elle grandisse, qu’elle attire des milliers de visiteurs, d’amoureux de l’art, qu’elle installe une place durable pour l’art arabe en Europe. Et surtout, que les artistes — libanais, arabes, émergents ou confirmés — viennent, participent, rencontrent le public et fassent vivre cette plateforme qui n’existe que pour eux.

 

Pour en savoir plus, cliquez ici



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