ArticlesEvénements
Aujourd'huiCette semaineCe weekend

Pour ne rien manquer de l'actualité culturelle, abonnez-vous à notre newsletter

Retour

Partager sur

single_article

Ali Mourabet : L’architecture du bonheur

Art

13/11/2025|Nadine Nassar

Architecte de formation et artiste par passion, Ali Mourabet transforme les paysages et les émotions en compositions lumineuses. Dans ses toiles, le Liban se mêle à l’imaginaire, les souvenirs deviennent couleurs, et la joie devient une architecture à part entière. Rencontre avec un créateur qui peint pour se souvenir, mais surtout pour apaiser.

Entretien avec Ali Mourabet.

 

Comment votre parcours vous a-t-il conduit vers la peinture ?
J’ai commencé à dessiner très jeune. À la maison, il y avait toujours du matériel de dessin et des instruments d’ingénierie. À l’école, je dessinais dans mes cahiers d’étude, au crayon, on n’utilisait pas encore l’acrylique. Puis, presque par hasard, j’ai découvert l’architecture : un domaine où le dessin et l’imagination sont essentiels. J’ai donc étudié pour devenir architecte, tout en continuant à peindre. Plus tard, j’ai travaillé dans le Golfe, à Al-Aïn, où je faisais des caricatures pour un journal quotidien d’Abou Dhabi. Ensuite, de retour au Liban, j’ai multiplié les expositions à l’Alumni de l’Université américaine de Beyrouth, où j’ai peint le style particulier des bâtiments du campus, ainsi que l’horloge détruite, peinture utilisée sur un poster pour récolter des dons. L’UNICEF a également publié l’une de mes œuvres sur une carte, pendant une longue période de deux ans, en Irak et à Genève, dans ce même but. L'une de mes peintures a aussi été retenue par la CISAC (International Confédération of Art Critics) pour la récolte de fonds du Samsung Art Critical Analysis. Cela m’a beaucoup encouragé : c’est à ce moment-là que j’ai compris que le dessin pouvait réellement toucher les gens.

Ali Mourabet - la photo de cette peinture a été envoyée par Saatchi Art à Samsung, et utilisée comme fond d'écran sur tous leurs téléviseurs.

Votre œuvre est aujourd’hui reconnue pour ses couleurs vives et son énergie positive. Pourquoi ce choix ?
J’ai vécu toutes les guerres du Liban, celles de 1975 et les suivantes. Ces images de destruction m’ont profondément marqué. Peindre des choses joyeuses est devenu une manière de guérir. Je veux offrir à ceux qui regardent mes toiles un moment d’évasion, un sentiment de joie et d’espoir. Nous n’avons pas besoin de plus de tristesse ; nous avons besoin de lumière.

 

Vos paysages semblent venir d’un ailleurs familier. Où trouvez-vous vos inspirations ?
Je peins surtout à partir de mes souvenirs du Liban : des maisons d’été, des villages, des scènes de bord de mer, que je transforme à ma manière. J’ai aussi beaucoup voyagé. À Los Angeles, en France, et autres pays, on aime prendre des images du Liban, je reviens donc toujours à mes racines. À Notting Hill, j’ai été séduit par les bâtiments pastel ; elles m’ont rappelé les villages libanais, et je les ai dessinés pour une galerie anglaise, qui va en faire une exposition solo. Mon regard d’architecte m’aide à construire chaque toile : j’aime explorer différents styles, des bâtiments uniques faits de couleurs et de lignes.




Votre exposition actuelle à Choueifat s’éloigne des circuits habituels de Beyrouth. Pourquoi ce choix ?
Je voulais que l’art sorte du centre-ville. Beaucoup de gens n’ont pas l’occasion d’aller dans les galeries de Beyrouth. L’espace de Choueifat m’a semblé idéal : vaste, simple, vivant. Le public y est différent, plus spontané.
On peut y découvrir mes séries récentes, des scènes de mer, des compositions aux formes irrégulières d'un style moderne, mais aussi les paysages à l'aquarelle, qui séduisent toujours autant le public. L’idée est d’offrir à chacun une rencontre joyeuse avec la couleur.
L'exposition se poursuivra samedi 15 et dimanche 16 novembre à Dar Saab, Choueifat. Pour clore l'événement en beauté, le dimanche, elle sera accompagné par une performance de la chanteuse Nazek Korjieh.

Comment le public réagit-il à vos œuvres ?
Les gens se reconnaissent souvent dans mes tableaux. Ils y retrouvent un souvenir, un lieu, une émotion. Certains me demandent des œuvres sur mesure, adaptées à leur espace ou à leurs couleurs. Ce sont des peintures uniques, chaque toile garde sa singularité. Elles sont réalisées entièrement à la main, ce qui en fait des œuvres de valeur et un investissement sûr; L’important pour moi, c’est que la peinture apporte du calme, qu’elle transforme une maison en lieu de vie et de paix.

 

Pour finir, que souhaitez-vous que le public ressente face à vos toiles ?
Je voudrais qu’il ressente la même sérénité que moi lorsque je peins. Qu’il oublie un instant le bruit, la peur, la nostalgie. Posséder une œuvre, c’est aussi un geste d’amour : on investit dans la beauté, dans le temps, dans quelque chose qui grandit avec nous. Une maison où il y a une peinture heureuse est, à mon sens, une maison vivante.


Cette toile, endommagée lors de l'explosion du port de Beyrouth, a été restaurée et acquise par des Libanais d'Amérique qui lui offrent une nouvelle vie en l'exposant dans leur maison.

thumbnail-0
thumbnail-1
thumbnail-2
thumbnail-3
thumbnail-4
thumbnail-5
thumbnail-6
thumbnail-0
thumbnail-1
0

Depuis 1994, l’Agenda Culturel est la source d’information culturelle au Liban.

© 2025 Agenda Culturel. Tous droits réservés.

Conçu et développé parN IDEA

robert matta logo