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Festival de Beirut Chants, dialogue interreligieux et résilience à Beyrouth

FESTIVALS

12/11/2025|Nadine Nassar

Avocate de formation et figure clé de la reconstruction du centre-ville au sein de Solidere, Micheline Abi Samra a fondé en 2008 le festival Beirut Chants, dédié à la musique classique et sacrée. En rassemblant des communautés diverses dans les églises et lieux culturels de Beyrouth, le festival porte un message d’unité, de foi et de résilience.
Cette année, avec la visite de Sa Sainteté le pape Léon XIV au Liban, son engagement prend une nouvelle ampleur : celle d’un message de guérison pour un pays meurtri mais vivant.

Entretien avec Micheline Abi Samra, à l’occasion de la conférence de Presse, organisée au Yacht Club le 8 Novembre 2025.

 


Parlez-moi de Beirut Chants, où en est-on aujourd’hui ?
Cela fait dix-huit ans que Beirut Chants existe. Avec le recul, je comprends mieux ce qui m’avait inspirée et donné un sens à ce projet.

Je lance aujourd’hui la dix-huitième édition du festival, et je suis en charge d’une partie essentielle de la visite du Pape, un événement historique qui marquera un tournant et nous réunira sous un même toit,  avec nos mentalités, nos inspirations et nos differences, mais unis comme une seule et même famille.

Avec Solidere, j’ai suivi la restauration de magnifiques sites religieux, certains datant du 12ème siècle, et j’ai compris que ces lieux pouvaient devenir de véritables espaces de rassemblement.

Beirut Chants est né pour redonner à Noël sa dimension spirituelle, celui de la présence du Christ dans nos vies et de son amour pour chacun de nous. À l’occasion de la visite du pape, une tente transparente sera dressée place des martyrs, entre mosquée et église, pour accueillir ensemble le pape et les chefs religieux. J’ai commencé Beirut Chants pour atteindre ce jour, notre mission n’a jamais été aussi claire.

 

Quelles ont été les principales difficultés pour maintenir un festival de cette ampleur ?
Nous sommes le seul festival musical, culturel et éducatif du Liban à avoir tenu sans interruption depuis dix-huit ans, malgré la crise, la révolution, le Covid et la guerre. Beirut Chants n’est pas un simple événement : c’est une forme de résistance et un choix de vie. C’est le choix de rester, de dire au monde que nous ne survivons pas, nous vivons, dans un pays que nous respectons et qui a été mentionné dans l’Évangile. Chaque édition est un acte d’union et de renaissance, dans nos églises et dans les théâtres de nos universités. Les difficultés sont réelles : absence totale de soutien gouvernemental, manque de reconnaissance, mais le public et les partenaires nous portent, ainsi que nos sponsors, notamment l’ambassade de l’Union européenne et l’ambassade des États-Unis, qui nous a aidé à créer Beirut Chants El Sistema, une initiative qui réunit cent enfants, âgés de huit à quatorze ans, issus de milieux défavorisés, en orchestre et chorale. Ils chanteront lors de la visite du Pape le 1er décembre. C’est notre fierté et l’avenir du Liban.

 

Comment avez-vous choisi les artistes et les lieux de cette édition, et pourquoi avoir avancé la date d’ouverture de Beirut Chants ?
La visite du Pape a modifié notre calendrier : l’ouverture du festival aura lieu le 29 novembre à l’église Saint-Joseph de Monot avec l’Oratorio de Noël, chef-d'œuvre de Saint-Saëns, pour célébrer son 190ᵉ anniversaire et la participation de la chorale des Pères Antonins et de Notre-Dame University de Louaize, de la soprano Fanny Soyez, d’artistes lyriques, et de l’Orchestre Philarmonique Libanais, sous la direction du père Toufic Maatouk. Le festival se poursuivra jusqu’au concert de clotûre, le 23 décembre, à l’Assembly Hall de l’AUB, avec la mezzo-soprano Marie-Joe Abi Nassif et l’Orchestre Philharmonique Libanais. Entre ces deux moments, nous accueillerons le Quartetto di Cremona avec l’Institut Culturel Italien, des artistes suisses, et des concerts de chants religieux orthodoxes, syriaques catholiques et byzantins. Des hommages seront rendus à Oum Kalthoum avec Firas Andari et à Wadi El-Safi. Au programme figurent également le Fayha National Choir, Ghada Shbeir et le Imam Sadr Foundation School Choir, le ténor Bechara Moufarrej, le oudiste Joseph Tawadros, le violoncelliste Emanuel Graf, ainsi qu’une soirée jazz avec Makram Aboul Hosn. Enfin, les jeunes d’El Sistema Beirut Chants se produiront à plusieurs reprises.

 

Vous êtes également responsable d’une partie de la visite du Pape : comment cela s’est-il organisé ?
Monseigneur Paolo Borgia, nonce apostolique, m’a confié la préparation de la rencontre interreligieuse du 1ᵉʳ décembre, place des Martyrs. Solidere m’a soutenue pleinement dans ce projet que je considère comme le diamant de ma vie professionnelle. C’est la troisième fois que je participe à la préparation d’une visite papale, après celles de Jean-Paul II et Benoît XVI. Ce moment sera un temps de “healing” pour un peuple blessé et dispersé, pour tous nos martyrs. Comme beaucoup de familles, la mienne vit la séparation : mes fils sont à New York et en Arabie Saoudite. Je veux que cette visite efface la haine, la corruption, et la rancune, et nous fasse accepter la parole du Christ : de nous aimer les uns les autres, et de pardonner.


Lors de la conférence de presse, Micheline Abi Samra a rappelé que Beirut Chants est comme un cœur qui bat à l’unisson pour tous les libanais, un acte de foi, un espace ouvert qui les rassemble « au-delà des étiquettes et des divisions pour qu’on redécouvre ce qui nous unit. »
Elle a aussi mentionné que cette édition de Beirut Chants est consacrée à l’esprit de Ziad Rahbani, symbole d’un art sans compromis, dont la musique est intemporelle, incarnation d'une création authentique et sincère.

Le père Maatouk, directeur artistique de Beirut Chants a mis en avant la résilience de Beyrouth, la beauté née de ses fractures, et sa culture, force de renaissance. Il a également tenu à saluer la détermination inébranlable de la présidente, son engagement indéfectible, sa vision constante, qui ont préservé l'excellence, l'intégrité et l'âme du festival. Il a ensuite présenté le programme, riche en collaborations internationales.

Enfin, Richard Azouri, directeur de Beirut Chants El Sistema, en a retracé le parcours et exposé la mission qui est celle d’offrir aux jeunes libanais un accès gratuit à la musique collective. Inspiré du modèle vénézuélien, le programme unit apprentissage, solidarité et transformation sociale. Porté par de nombreuses collaborations et concerts, il révèle le pouvoir de la musique à rassembler, à éduquer et à faire naître l’espoir d’un changement durable.


Consultez le programme ici

 

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