Une table ronde passionnante au Théâtre Monnot : Josyane Boulos rend hommage à l’équipe de "Journée de Noces chez les Cromagnons" de Wajdi Mouawad
SCÈNES14/07/2025
Après le succès retentissant de la pièce Le Jour des Noces chez les Habitants de la Caverne, écrite et mise en scène par le dramaturge canado-libanais Wajdi Mouawad et accueillie sur la scène du Théâtre La Colline à Paris, le Théâtre Monnot à Beyrouth a organisé une rencontre hommage aux comédien·ne·s ayant participé à la production. Cette initiative, lancée par la directrice du théâtre Josyane Boulos, visait à célébrer le talent des artistes libanais·es ayant porté, avec leur langue et leur accent, l’art dramatique libanais vers un public international.
L’événement a réuni un large public composé de figures du monde culturel et médiatique, et a donné lieu à une discussion approfondie autour du spectacle, abordant la mise en scène, les aspects techniques, l’interprétation et l’interaction entre les comédiens et les publics français et libanais de la diaspora.
Josyane Boulos a ouvert la rencontre par un mot bref, exprimant sa fierté envers cette création, saluant la capacité de l’équipe à transmettre l’âme du théâtre libanais jusqu’à Paris avec une grande maîtrise: "Ils ont redonné voix à ceux qui se taisent, et ramené les images des maisons bombardées, des lampes éteintes, et des mariages que l’on célèbre malgré tout. Ils ont refusé de se taire. Même quand le spectacle a été interdit à Beyrouth, même face aux campagnes, au harcèlement et au boycott, ils ont continué. Et leur combat n’était pas entêtement…C’était parce qu’ils savent — comme nous tous — que jouer, c’est résister. Parler, c’est vivre."
La table ronde a ensuite été animée par le journaliste Georges Abou Abdo, avec la participation à distance de la comédienne et metteuse en scène Aïda Sabra, depuis le Canada via Zoom. Cette dernière a partagé sa grande joie d’avoir pris part à ce projet, sa deuxième collaboration avec Wajdi Mouawad après la pièce Mère. Elle a évoqué le défi de jouer le rôle de la mère, Nazha – un personnage à la fois instable, hystérique et profondément émotionnel – en se remémorant son propre vécu durant la guerre du Liban, une expérience qui résonne fortement avec le rôle interprété.
La discussion s’est poursuivie sur scène avec la comédienne Bernadette Hodeib, qui a incarné le personnage de la voisine curieuse mais humaine « Souheila » dans un style alliant comédie et critique sociale ; l’acteur Fadi Abi Samra, dans le rôle du père « Nayef », un personnage calme révélant la fragilité humaine face à l’effondrement familial ; la comédienne Layal Ghossein dans le rôle de la mariée narcoleptique « Nelly », oscillant entre rêve, poésie, hystérie et romantisme ; et enfin, l’acteur Ali Harkous, interprétant le frère « Neil », qui incarne la raison dans un environnement en perte de sens et de repères.
La rencontre s’est conclue par une remise de trophées symboliques aux artistes- crées par Bernard Ghossoub-, offerts par Josyane Boulos en signe de reconnaissance et d’attachement. Un hommage chaleureux à une aventure théâtrale marquante, saluée par une ovation du public.