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Robert Messarra : L'art comme enracinement spirituel

Art

14/07/2025|Antoine Nasri Messarra

Du 10 au 19 juillet 2025, la Kalim Bechara Art Gallery (en face du Centre Starco, Beyrouth) accueille une exposition rétrospective consacrée à Robert Messarra (1944-2012), figure marquante de la peinture libanaise contemporaine. Cette exposition s’accompagne d’une conférence, tenue le samedi 12 juillet en présence de Kalim Bechara, Randa Sadaka, Antoine Nasri Messarra et Georges Labaki.


Un artiste à l’âme poétique

Né en 1944, Robert Nasri Messarra s’impose très tôt comme un artiste au talent précoce, doté d’une sensibilité profonde et d’un regard spirituel sur le monde. Formé à l’Académie des Beaux-Arts de Beyrouth, puis à l’Institut culturel italien et à l’Académie Pietro Vannucci à Pérouse, il mène une carrière artistique ininterrompue sur près d’un demi-siècle.

Professeur de dessin artistique à la YMCA pendant huit ans, il a su transmettre sa passion et former de jeunes artistes. Sa présence a marqué les scènes artistiques de Beyrouth, Paris, Lyon, Bruxelles, Strasbourg, Saint-Paul de Vence, entre autres, avec des œuvres aujourd’hui dispersées entre le Liban, la France, les États-Unis, le Canada, l’Europe et l’Australie.


Une œuvre habitée par la spiritualité

Les œuvres de Messarra traversent le temps comme une quête de sens et de lumière. Dès les années 1960 jusqu’à sa dernière toile inachevée, La mère et l’enfant, son art se distingue par une tension entre souffrance humaine, enracinement et transcendance.

Des œuvres telles que Jésus crucifiéLes orphelinsLes vendanges ou encore La maison dans la tempête portent un message spirituel profond, où la matière picturale devient langage de l’âme. Dans Les orphelins ou Le semeur, des bras tendus vers le ciel symbolisent une volonté contrariée par un destin plus vaste. Les personnages de Messarra ne renoncent jamais : ils résistent, enracinés dans leur terre.

Dans sa série La Tempête, le peintre explore la tension entre déracinement et attachement. Même ravagés, les arbres et maisons s’accrochent à leur sol natal – le Liban, terre qu’il n’a jamais cessé de porter en lui.



Nature, nostalgie et spiritualité

Lumière hivernale, œuvre reproduite dans l’Encyclopédie "Cent ans d’art plastique au Liban" (Galerie Chahine, 1982), illustre cette dimension cosmique de son œuvre : silence, immobilité, paix finale. Ce tableau, comme tant d’autres, exprime une harmonie universelle, une quête d’éternité où la matière se fond dans l’esprit.

La trilogie centrale de son art pourrait se résumer ainsi : nature, nostalgie, spiritualité. Chacun de ses tableaux semble porter une prière, une mémoire, un appel à la réconciliation de l’homme avec sa terre et son destin.


Un Libanais en exil, toujours enraciné

Dans un entretien accordé à al-Usbu’al-‘Arabi en 1985, Robert Messarra confiait :

« En dépit de ma présence à Paris, je ne peux oublier mon pays. J’y pense nuit et jour. La guerre m’a appris à aimer mon pays davantage. À chaque exposition, je me présente comme artiste du Liban. »

Un an plus tard, dans Kul al-‘Arab, il ajoutait :

« Dans la guerre, j’appartiens aux victimes. Dans cette galerie, le peintre s’établit et poursuit sa quête de la patrie perdue et colorée. »

Cette exposition est plus qu’un hommage : c’est une invitation à redécouvrir un peintre majeur, dont l’œuvre résonne avec les blessures et les espoirs d’un pays, et avec les interrogations les plus intimes de l’âme humaine.



📍 Kalim Bechara Art Gallery
🗓️ Du 10 au 19 juillet 2025
⏰ Entrée libre





 

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