ArticlesEvénements
Aujourd'huiCette semaineCe weekend

Pour ne rien manquer de l'actualité culturelle, abonnez-vous à notre newsletter

Retour

Partager sur

single_article

« Sorry for interrupting » : Un cosmos fictionnel suspendu entre métamorphose et persistance

Art

02/08/2025|Lily Naim

Une végétation éthérée s’étend sur les murs blancs de la galerie Tanit. Ce sont les toiles de l’artiste peintre Jacques Vartabedian qui s’alignent et se superposent dans le chaos savamment ordonné d’un jardin d’hiver. « Sorry for interrupting », brise avec douceur l’ordre du monde.


Le Liban en filigrane, Vartabedian dépeint les réalités du pays, « le monde dans lequel nous vivons » en lui jetant un voile lumineux. Une palette de blancs se dépose par touches sur la toile semblant estomper les contours du réel : le processus d’effacement des couleurs s’inscrit dans une démarche presque onirique où il allie différentes espèces de plantes et de fleurs qui ne peuvent coexister dans un même milieu. A travers une réécriture du vécu, il propose un équilibre subtil entre ce qui est dit et ce qui est tu : « Je cherche à recréer la vie au Liban, sans transmettre la noirceur de l’expérience, mais en faisant émerger une forme de paix intérieure : une scène interrompue, un paradoxe visuel harmonieux et apaisant malgré la rupture » raconte Vartabedian.

L’incompatibilité du végétal dans ses compositions revêt une valeur symbolique. Elle représente autant la nature que les êtres humains pris dans les conflits, les violences, les tensions tentant de survivre, d’évoluer ou de trouver leur place dans un monde instable. L’acrylique se mêle aux pastels, dans ce que le peintre appelle un « jardin impossible », un espace pictural aérien qui déborde du cadre, qui s’adapte à l’architecture même du lieu. « Je veux emmener la peinture au-delà du support, créer des fragments de scènes sans fin, qui échappent à la clôture du tableau, qui ouvrent sur une infinité de paysages ». D’autres pans de mur sont ponctués par de plus petites toiles ou des sculptures de fleurs suspendues, solitaires, comme cueillies des tableaux. Elles invitent le spectateur à repenser les espaces, les proportions et les volumes, à se déplacer autrement au fil de l’exposition, comme dans un environnement vivant en constante transformation.


Dans ces paysages en tension, les plantes sont traversées par des nuages, parfois des fumées, provoquées par l’homme : des incendies, des explosions. Ces éléments viennent incarner un besoin viscéral de dire l’indicible, de recoudre des morceaux de récits.

Le travail de Jacques Vartabedian est une tentative d’extériorisation, née de l’urgence de survivre à ce qui détruit, de donner forme à une mémoire qui, tout en étant douloureuse, choisit la voie de la délicatesse.



 

 

 

 

 

 

 

thumbnail-0
thumbnail-0
0

Depuis 1994, l’Agenda Culturel est la source d’information culturelle au Liban.

© 2025 Agenda Culturel. Tous droits réservés.

Conçu et développé parN IDEA

robert matta logo