Les deux sœurs exposent, du 17 au 31 juillet à KOHAR Artisan Bookbindery, rue d’Arménie, dans le cadre de Beryt-CCI soutenu notamment par l’UN-habitat et le Lebanon Financial Facility, l’expression d’une passion pour les édifices et la mémoire de notre ville.

L’initiative Beryt (92 projets financés) a retenu les projets des artistes directement touchés par l’explosion du 4 aout 2020. Son objectif était de raviver la vie culturelle de la ville meurtrie par l’explosion.

« Roofs of the City » est le résultat de cet hommage à la ville de Beyrouth et ses quartiers, plus précisément ses édifices baignés dans le ciel urbain.

Maral der Boghossian est une artiste qui a déjà exposé au Goethe Institute, au musée Cilicia et à la galerie Alwane. Elle signe avec sa sœur sa quatrième exposition solo.

Enfant d’une famille d’artistes, sa mère Gulene Torossian Der Boghossian était sculpteur, son père un peintre paysagiste, elle a très rapidement trouvé sa voie et travaille sa passion pour les toits et les façades depuis plus de quinze ans.

En effet, « cette exposition est un travail en cours », les toits et façades de Beyrouth l’ont toujours fascinée surtout en fin d’après-midi quand le soleil se couche.

Mount Lebanon from afar II, 2024

Elle a d’abord commencé à peindre ce qui l’entourait de son balcon avant d’avoir son atelier à Bourj Hammoud. Ces concentrations de petits immeubles l’inspirent, elle peint des toits de Bourj Hammoud, Karm El-Zeitoun, sur l’autoroute de Sassine à Dekwaneh, elle décoche en traits de pinceaux ou de crayons la structure de ces entassements aux façades de couleurs ravivées par une exposition au soleil forte ou douce et ses poteaux chaotiques de lignes électriques.

Symphony of Roofs, 2024

Enfant de grands-parents qui ont trouvé asile au Liban, puis née en 1976, Maral a vécu la guerre civile. Après ça, « on pensait que c’était fini », c’était avant le 4 aout 2020, avant Gaza et ce qui se passe au Sud du Liban en ce moment.

C’est ainsi une histoire personnelle et générationnelle marquée par la peur de tout perdre.

Les immeubles de Beyrouth sont un peu de cette histoire de refuge et de destruction. La peur de perdre tout non seulement par la guerre mais aussi par la reconstruction frénétique.

L’artiste a ainsi été témoin de ces vieux immeubles détruits par des promoteurs immobiliers pour reconstruire des blocs de vingt étages. Pour elle, cette passion de peindre ce qui l’entoure est une façon de préserver les mémoires, les vies qui se concentrent sur ces toits, ces lumières de soleil et ce ciel qui dessinent toujours des impressions nouvelles.

Magical Carpets, 2023

L’artiste nous présente l’œuvre « Day Cloud » qui était un sketch dans son carnet de croquis : une prise de vue en fin d’hiver avec des immeubles très colorés. Le ciel gris-bleu met en contraste les couleurs des façades et les fils électriques. L’artiste calibre parfaitement l’espace chaotique dont ressort une poésie urbaine insolite.

Day Cloud, 2024

Nanor de Boghossian est diplômée de l’ALBA en graphic design, à partir des peintures de sa sœur, elle crée une recomposition de plusieurs tableaux, en enlevant certains éléments, jouant avec d’autres, créant des superpositions et différentes impressions de clarté.

Tout est imprimé sur chromaluxe, un procédé d’impression sur métal très résistant.

Elle a ajouté les oiseaux qui volent en hommage à sa mère et ses maquettes d’oiseaux qu’elle n’avait pas pu finir avant son décès. Elle a ainsi créé, à partir des peintures de sa sœur, un paysage unique et original où Beyrouth respire et s’ouvre sur un ciel peuplé de vie.

Roof of the City I, 2024

Le prochain projet des deux sœurs est de réaliser un livre d’Art sur le legs artistique de leur mère. Une véritable marque de solidarité et d’Amour pour leur famille et leur ville.

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