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« Ribal : From Mount Lebanon to Mount Fuji », une traversée au rythme des couleurs

Art

11/07/2025|Lily Naim

Virtuose de la couleur, Ribal Molaeb expose actuellement à Tokyo une série de tableaux vibrants, aux côtés de Matisse, Klee et Picasso

 

Couchers de soleil et horizons s’étendent à perte de vue : Molaeb nous invite à un voyage sensible entre le Liban et le Japon. Dans ses paysages baignés de quiétude, il nous élève jusqu’aux cimes des montagnes pour contempler un spectacle suspendu dans l’instant. Musicien de formation, ses toiles sont imprégnées d’une douce mélancolie, comme une partition envoûtante mêlant peinture et musique. Les teintes s’étirent et se dégradent créant une richesse chromatique harmonieuse, portée par une surface texturée qui laisse la couleur s’exprimer pleinement. Chaque tableau raconte ainsi une histoire. Le spectateur est alors enveloppé de chaleur et de lumière, irradiées par des œuvres qui évoquent inlassablement l’Orient.

 

Au gré de ses pérégrinations entre le Mont-Liban et Mont Fuji, Ribal Molaeb répond aux questions de l’Agenda Culturel.

 

Qu’avez-vous ressenti à voir vos œuvres exposées aux côtés de celles d’artistes tels que Picasso, Klee ou Matisse ?

Voir pour la première fois mes toiles sur les cimaises de la Mizoe Art Gallery à Tokyo a été un moment fort, chargé d’émotion. J’ai toujours rêvé d’exposer aux côtés de Paul Klee, qui, comme moi, était musicien, violoniste professionnel. Son parcours artistique en Suisse, mêlant musique et peinture ressemble particulièrement au mien. Pour me faire mieux connaitre au Japon, la galerie a choisi de présenter mes œuvres aux côtés de celles de grands noms comme Matisse et Picasso. Cela a donné à l’exposition une dimension internationale et revêt pour moi une envergure historique.

 



Les œuvres ont-elles été créées spécifiquement pour cette exposition ? Et comment percevez-vous le dialogue entre le Liban et le Japon dans votre travail ?

Je travaille sur cette exposition depuis trois ans avec le directeur artistique et producteur Joji Mita. C’est lui qui m’a ouvert les yeux sur le Japon. Ensemble, nous avons d’abord organisé une exposition à Zoug, en Suisse, pour célébrer les 160 ans de relations diplomatiques entre la Suisse et le Japon. Quand il a été question d’exposer au Japon, j’ai voulu bâtir des ponts et établir des liens entre deux lieux symboliques : le Mont Liban et le Mont Fuji. D’un point de vue esthétique, mon travail s’oriente aujourd’hui vers un minimalisme pictural, en écho à une esthétique très présente dans l’art et la culture japonaise.

 



Vous venez d’un univers musical. Comment cela influence-t-il concrètement votre pratique de la peinture ?

La musique est une discipline raffinée qui m’apprend à composer mes tableaux : à penser les formes, travailler les couleurs et mettre l’accent au bon endroit. L’esthétique musicale se mue naturellement en peinture à travers des notions comme l’harmonie ou le contrepoint. Les œuvres de Matisse ou de Monet, par exemple, résonnent comme les musiques de Ravel ou Debussy. Quand je peins, je pense comme un musicien. Et quand je joue de l’alto, je pense comme un peintre. Je distribue les couleurs et les éléments d’un tableau comme les instruments dans un orchestre. Composer une œuvre musicale ou picturale, au fond, c’est la même chose : les textures et les couleurs doivent être posées avec soin et précision.

 



Que cherchez-vous transmettre à travers vos tableaux ?

Je cherche la lumière, la vie et la paix. Un état où il n’y a ni inquiétude, ni peur mais seulement la beauté pure de la nature et de l’existence. Pour atteindre cette sérénité, j’élimine le superflu. Je ne cherche pas à provoquer, mais à toucher avec douceur à travers la peinture. Que je peigne le ciel, la mer ou le désert, j’essaie toujours de faire surgir cette lumière intérieure qui existe en nous et sur Terre. Tout finit par s’éteindre un jour, le coucher de soleil nous le rappelle chaque soir. J’essaie de saisir cet instant bref, fragile et majestueux.

 



Votre père, Jamil Molaeb, est une figure incontournable de la scène artistique libanaise. Comment son héritage a-t-il influencé votre parcours ?

Mon père est pour moi un exemple de constance : un homme qui s’est consacré à l’art dès son plus jeune âge, et qui continue encore aujourd’hui avec passion. Pendant mon adolescence, en travaillant avec lui, j’ai appris les bases : la peinture à l’huile, le mélange des matériaux, l’apprêtement des toiles mais surtout, la composition d’une œuvre. Il ne m’a jamais imposé de style ni orienté dans le choix de mes sujets. J’ai donc pu développer une approche très différente de la sienne, tout en intégrant les principes qu’il m’a transmis, notamment dans la répartition des couleurs et dans la structure. Ce n’est pas toujours simple d’avoir pour père un artiste connu c’est un peu comme grandir à l’ombre d’un grand arbre ! Mais notre dialogue artistique sain, ainsi que mon expérience en Europe, m’ont permis de me démarquer tout en m’appropriant le meilleur de son héritage.


Pour en savoir plus, cliquez ici



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