La chanteuse lyrique Louisa Khoury revient de Catanzaro en Italie où elle a brillamment représenté le Liban. Elle envoie à l’Agenda culturel ce texte plein de sensibilité et de poésie pour raconter son expérience.
« Tout a commencé par un murmure. »
En janvier 2025, je me tenais sur la scène du Royal Opera House de Mascate, aux côtés de l'icône libanaise Majida El Roumi, et j'ai murmuré à un ami : « Un jour, je chanterai ici. » Ce n'était pas un souhait. C'était une affirmation. Une prophétie silencieuse. Une manifestation profonde, née non pas d'un espoir, mais d'une certitude.
En mai, je suis tombée sur l'annonce du XVIIe Concours lyrique International « S. Francesco di Paola » à Catanzaro, en Italie. Et lorsque j'ai lu que parmi les prix figuraient des distinctions décernées par le Royal Opera House de Mascate, quelque chose s'est illuminé en moi. Je me souviens avoir regardé l'écran et m'être dit : « Tu vas gagner ce prix. »
Cinq mois plus tard, je me retrouvais parmi 42 chanteurs d'opéra venus du monde entier (Italie, Chine, Russie, Corée, Afrique du Sud), sur la scène du Teatro Politeama de Catanzaro. C'était ma toute première compétition internationale.
Pas de promesses, pas d'attentes, juste une voix façonnée par des années de persévérance auprès du Maestro Toufic Maatouk, et affinée par la sensibilité et l'éclat de la soprano Caterina Di Tonno à Rome. Je n'ai pas atteint la finale. Mais j'en suis repartie avec quelque chose d'infiniment plus puissant. Et je ne suis par repartie les mains vides loin de là : j'ai reçu deux distinctions qui me font encore pleurer : le « Premio Scrittura Artistica », récompensant non seulement ma voix, mais aussi l'âme et la poésie qui la sous-tendent, et une invitation à une masterclass internationale au Royal Opera House de Mascate.
Ces distinctions ont été décernées par un jury que l’on pourrait qualifier de visionnaires, car au-delà de la performance, ils ont vu le potentiel. Pas seulement l'instant, mais tout ce qu'il pourrait devenir.
Et puis, quelques jours plus tard, un autre miracle : une invitation à rejoindre la troupe de chanteurs sélectionnés par la direction artistique pour se produire en concert avec l'Associazione Amici del Loggione à la Scala de Milan, dans le cadre de leur programme.
La Scala. L'autel de l'opéra. Le lieu où l'art n'est plus une performance, mais une histoire.
Ce voyage n'a jamais été une question de trophées. Il s'agissait de vérité. De se tenir en silence, d'écouter cette voix intérieure tremblante et d'oser croire qu'elle pourrait un jour faire trembler les murs des plus grands théâtres du monde.
Je n'ai pas seulement représenté le Liban. Je l'ai porté en moi dans chaque souffle, chaque note, chaque rappel à venir. Et je le porterai toujours. »