Après deux recueils de poésie publiés aux éditions Artliban Calima, Les effluves d’une vie et En couleurs, Randa El Kadi Imad signe son premier roman, Mémoires en images, une œuvre où souvenirs et fiction s’entrelacent pour offrir un regard vibrant sur la mémoire et l’identité. Rencontre avec l’autrice.
Comment décririez-vous votre livre en quelques mots ? Est-ce un roman, un carnet de mémoire, un témoignage ?
C’est le témoignage d’une vie, représentative de celle d’une grande partie du peuple libanais, contraint de quitter son pays pour espérer une vie plus digne et aisée.
Bien que les personnages et certains événements soient fictifs, il s’agit d’un roman inspiré de faits réels.
À travers la vie de mes personnages, je relate divers événements historiques. Je raconte également le parcours de personnes ayant réellement existé, durant cette époque glorieuse de notre pays.
Qu’est-ce qui vous a poussée à écrire ce récit ? Était-ce un besoin de transmission, de mémoire, de catharsis ?
À travers ce récit, j’ai voulu rendre hommage à la diaspora libanaise, dispersée aux quatre coins du monde. C’est avant tout un hommage à la mémoire de celles et ceux qui ont vécu l’époque d’avant-guerre dans toute sa gloire et sa flamboyance, et qui, malheureusement, nous ont quittés parfois bien trop tôt.
Je pense que de nombreux Libanais peuvent se reconnaître dans certains des événements racontés dans ce récit
La nostalgie semble douce et douloureuse à la fois dans vos pages. Pour vous, est-elle un moteur d’écriture ou un poids à porter ?
Oui, absolument. C’est la nostalgie des jours heureux, des moments de quiétude et de prospérité qui ont disparu pour notre génération, comme pour toutes celles nées et ayant grandi durant ou après la guerre civile, jusqu’à aujourd’hui.
C’est aussi une forme de glorification du Liban auquel nous aspirons, celui dont nous rêvons de retrouver, ne serait-ce que quelques bribes
Quel rôle joue l’exil dans votre trajectoire d’écrivaine ? Est-ce un prisme de lecture, un moteur de mémoire, ou une blessure encore vive ?
L’exil a été une partie douloureuse de ma vie.
Enfant, il m’a privée de mon père.
Adulte, il m’a privée de mes parents, de ma sœur et de mon frère.
Il me semble que, pour nous, Libanais et habitants de cette région du monde, le besoin d’aventure et de découverte est inscrit en nous dès la naissance. C’est dans nos gènes. Les Phéniciens, nos ancêtres, furent les premiers conquistadors de la Méditerranée.
Dans toutes les familles libanaises, il y a quelqu’un qui a quitté définitivement le pays pour s’installer ailleurs, fonder une famille à l’étranger. Nos enfants sont partis. Nous vivons seuls, en espérant qu’un jour, ils reviendront vivre auprès de nous. C’est le sort d’au moins la moitié de la population.
À qui s’adresse ce livre selon vous ? À vos proches, aux exilés, aux lecteurs curieux, ou à vous-même ?
Ce livre ne s’adresse pas uniquement à mes proches, mais à tous ceux qui ont vécu l’expérience de l’exil et de la guerre civile, qui a emporté une grande part de notre existence.
L’autrice vous attend le mardi 12 août 2025 à 18h30 à la Bibliothèque municipale de Beyrouth - Assabil, Monnot.