Avec Marianne Aboujaoudé, un passeport vers le raffinement et la beauté
Dans sa voix, une chaleur tranquille, dans son regard une douceur subtile doublée d’une élégance immuable au fil des ans. Passionnée de gastronomie, Marianne Aboujaoudé mijote le lien, l’histoire et le souvenir. Elle pétrit les saveurs et les émotions pour servir à ses convives des instants inoubliables.
Nous nous sommes rencontrées lors d’un festival culinaire à l’hippodrome de Beyrouth en 2018. Bien plus qu’une rencontre, c’était une reconnaissance autour de passions communes liant la gastronomie, la transmission et le terroir. Elle m’avait parlé du « Passeport Culinaire », un club voué au bon et au beau, idée extraordinaire qu’elle avait mise en place avant les crises successives du Liban. Elle y proposait avec maestria des périples à la carte au Liban et en Europe, sur les pistes du bon à travers mets, festivals et visites de vignobles.
Nos retrouvailles, il y a quelques semaines, étaient une fête au milieu d’un mariage pétri lui-même d’émotions, d’amour et d’élégance. Elle me raconte sa nouvelle aventure au Mir Amin Palace, un lieu qui est pour moi, parmi très peu d’autres aujourd’hui, ce qu’il y a de plus beau, non seulement au Liban, mais dans tout le Levant.
Niché au cœur des montagnes du Chouf, lové dans l’écrin de cèdres millénaires, le palais du Mir Amin est un havre suspendu entre ciel et mémoire, où les collines chantent les récits d’émirs passés et dans lequel chaque pierre semble murmurer un hommage discret au Liban d’autrefois.
Le Mir Amin n’est pas simplement un hôtel : c’est une dentelle de lumière posée sur les flancs d’un paysage sacré. Ses arcades de pierres ocres s’ouvrent comme des bras tendus vers les vallées silencieuses. Son patio central, avec ses fontaines tranquilles, offre à l’âme une pause hors du temps ; un moment d’éternité dans lequel la nature et l’histoire dialoguent en douceur. Ses jardins en terrasses mêlent jasmin, romarin et roseraies. Au coucher du soleil, le tout s’enveloppe d’une lumière dorée, comme si l’horizon lui-même voulait saluer la noblesse tranquille du lieu.
Chère Marianne, Peux-tu nous raconter ton aventure croisée aujourd’hui entre le Passeport Culinaire et le Mir Amin ?
J’ai fondé Le Passeport Culinaire en 2016, bien avant que le Liban n’entre dans ses crises successives. Mon ambition était claire : faire connaître le terroir français et libanais à travers les 3D que j’ai conçus pour mon projet : découverte, dégustation et développement.
De par ma curiosité professionnelle et ma passion pour la gastronomie, j’ai passé des années à sillonner restaurants et festivals culinaires. Petit à petit, l’idée a germé : offrir à d’autres voyageurs, amateurs de bonne chère, de vin et de terroir, ces expériences uniques. Après trois années de travail acharné, de recherches et de rencontres, j’ai concrétisé ce rêve en lançant donc ce
« Passeport Culinaire », un club de voyages gastronomiques et œnologiques différent de tout ce qui existait déjà au Liban.
Les premiers circuits se déroulaient en France, dans les grandes régions viticoles et gastronomiques. J’y emmenais des groupes visiter fermes et producteurs, déguster leurs produits transformés par des chefs dans de prestigieux restaurants ou à la table de vignerons passionnés. Qu’il s’agisse d’un repas étoilé ou d’un dîner improvisé dans un domaine, je voulais redéfinir le voyage par l’émotion, l’authenticité et la rencontre.
En 2018, j’ai ressenti également le besoin d’ancrer ce concept dans notre pays. C’est ainsi qu’est né
« Tasting Lebanon », une série de circuits pour mettre en lumière nos trésors gourmands. J’ai constitué un réseau local de « food ambassadors » afin de révéler aux visiteurs les secrets de nos artisans, de nos terres et de notre cuisine. Dans cette même logique, j’ai lancé Le Triporteur Culinaire, une cuisine itinérante qui parcourt les villages pour ressusciter des recettes traditionnelles et animer la vie locale. Cette aventure m’a reconnectée en profondeur avec la beauté du patrimoine libanais, à la fois culinaire et culturel.
C’est ce parcours qui m’a conduite au Palais Mir Amin. La première fois que j’y suis entrée, j’ai eu un véritable coup de cœur. Son architecture, son histoire, son âme… tout m’a paru exceptionnel. Lorsque Mme Nazira El Atrache m’a offert l’opportunité de m’y investir, je n’ai pas hésité une seconde. Aujourd’hui, je suis Directrice Générale Adjointe aux côtés de Mme El Atrache, et travailler à ses côtés est un vrai bonheur.
Ma vision est de faire du Mir Amin une destination culturelle et culinaire. J’y ai initié des concepts comme le marché du goût « De la Fourche à la Fourchette », le dîner interactif autour de la gastronomie, de l’huile d’olive extra vierge et du vin libanais, animé par des experts. J’ai lancé des concours de pâtisserie ludiques et saisonniers, comme celui de « La meilleure tarte aux figues », afin de célébrer nos produits du terroir. Nous organisons aussi des soirées originales en collaboration avec l’Institut français de Deir el Qamar, telles que « cinéma & culinary delights », concerts dessinés avec vins et gastronomie.
Chaque fois que j’accueille des visiteurs au Mir Amin, je perçois l’émerveillement dans leurs yeux : devant la saveur d’un plat authentique, la mélodie d’un oud qui résonne dans la cour ou le coucher de soleil dorant les pierres centenaires. Ces instants magiques, ce sont eux qui me portent depuis la création du Passeport Culinaire, et aujourd’hui, je les fais vivre dans ce joyau du Chouf. Chaque pierre de ce palais respire l’histoire, et chaque événement que nous y organisons vise à prolonger cette histoire en la reliant au présent et à l’avenir.
Peux-tu nous présenter en quelques mots le Palais du Mir Amin, et nous dire qui est aujourd’hui à sa direction ainsi que les projets que vous souhaitez développer ?
Le Palais Mir Amin, perché sur les hauteurs de Beiteddine dans le Chouf, a vu le jour au début du XIXᵉ siècle. Il fut érigé par l’Émir Bachir II, figure emblématique du Mont-Liban, qui souhaitait offrir à son fils cadet, l’Émir Amine, une demeure digne de son rang. Trois résidences princières avaient été construites, une pour chacun de ses fils, mais le palais destiné à Amin est le seul qui ait traversé les époques. Ce qui en fait aujourd’hui un témoin unique de l’architecture et du faste de cette période.
Longtemps resté résidence privée, le palais a été restauré au début des années 1970 pour lui redonner tout son éclat. Il a été transformé en hôtel patrimonial en 1974, permettant au public de découvrir son raffinement architectural, ses jardins et ses terrasses tout en séjournant dans un lieu chargé d’histoire.
Aujourd’hui, le Mir Amin Palace Hotel est dirigé par Madame Nora Joumblat, notre CEO, aux côtés de Madame Nazira El Atrache, Directrice Générale, et moi-même en tant que Directrice Générale Adjointe. Ensemble, nous portons une vision claire :
« Devenir l’hôtel patrimonial de référence au Levant, reconnu pour son luxe durable, son authenticité culturelle et son hospitalité sincère, en ravivant le Liban d’antan pour inspirer l’avenir du tourisme. »
Quels sont concrètement vos projets d’avenir ?
Concrètement, nous travaillons sur plusieurs projets porteurs :
• La création d’une micro-brasserie dans les caves voûtées du palais, qui viendra enrichir notre offre culinaire et mettre en valeur les traditions brassicoles locales dans un cadre unique.
• Le développement d’événements culturels et gastronomiques réguliers, portés par « Le Passeport Culinaire », afin que le palais retrouve sa vocation première : être un lieu vivant de partage et de rencontres, dans l’esprit de ce qu’il représentait déjà à l’époque des émirs.
• Une campagne de levée de fonds dédiée à la rénovation et à la préservation de l’hôtel, afin que ce joyau patrimonial continue à rayonner et à inspirer.
Notre ambition est de faire du Mir Amin non seulement un hôtel de charme, mais aussi un symbole vivant du patrimoine libanais et une destination incontournable pour le tourisme culturel et durable dans la région.
Le prix littéraire Ziryab, conçu comme un pont culturel en mets et mots et que tu connais bien, a plusieurs fois mis sur pied des déjeuners et dîners au Mir Amin afin de montrer à nos amis européens le plus beau du pays et leur faire goûter au terroir. Qu’aimerais-tu que nous développions ensemble ?
J’aimerais beaucoup que l’on organise deux événements en particulier :
• Des soirées autour de Chefs Invités, qui permettront d’accueillir des chefs libanais ou internationaux pour signer des menus exclusifs et renforcer la notoriété culinaire du terroir libanais au palais.
• La Table Secrète, un dîner d’exception servi dans un lieu inattendu du palais (terrasse cachée, jardin ou ancienne aile), afin d’offrir à nos hôtes une expérience immersive et mémorable.
Ce sera pour nous un grand plaisir de collaborer avec vous pour organiser ces événements.
Quels sont tes plats préférés à la fois dans la cuisine libanaise et dans la cuisine internationale ?
Pour ma part, dans la cuisine libanaise, j’apprécie tout particulièrement le kebbé sous toutes ses formes, en particulier le kebbé labanieh : des boulettes de kebbé fondantes mijotées dans une sauce au yaourt, parfumées d’ail et de coriandre, servies avec du riz.
Je citerais également la frikeh à l’agneau, ce blé vert fumé cuit lentement dans le jus de viande d’agneau, accompagné de viande tendre et de fruits secs grillés.
Côté cuisine internationale, mon premier choix serait le cassoulet au feu de bois : haricots blancs fondants, confit de canard et saucisses mijotés longuement dans une cocotte au feu de bois.
Ensuite, les ravioles aux cèpes, de délicates pâtes fraîches farcies aux champignons et relevées d’une touche d’huile de truffe.
Enfin, les crevettes au curry, sautées dans une sauce au lait de coco parfumée aux épices, qui allient douceur et exotisme.
Il est certain que Marianne Aboujaoudé rajoutera au Mir Amin, en plus de son savoir-faire, une touche innovante et cosmopolite.
Embarquer avec elle sera une belle aventure sur les sentiers du goût, et l’écrin dont elle est aujourd’hui le chef d’orchestre offrira de quoi ravir pupilles et papilles.
Aventure à suivre de très, très près ! Parole de Ziryab !
miraminpalacehotel.com
lepasseportculinaire.com
@miraminpalace
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