Parfois, on s’assoit devant la page, et tout semble déjà dit.
On se demande comment parler encore, dans un monde saturé de voix, de cris, de phrases jetées sans pause ni regard ?
Les mots qu’on a aimés, usés, répétés.. ne résonnent plus pareil.
Il y a des jours comme ça, où même le cœur a besoin de silence.
Parfois, on sait plus quoi écrire.
Et c’est peut-être le signe qu’on écoute enfin.
Je voudrais raconter, mais rien ne sort. Pas parce qu’il n’y a rien à dire, au contraire.. Parce qu’on a trop ressenti. Trop vu. Trop compris. C’est souvent quand ça déborde à l’intérieur qu’aucun mot ne veut sortir. Et puis parfois, j’en ai marre des mots. De leur lenteur à suivre ce que je sens. Il y a quelque chose qui veut passer, mais ça brûle encore trop pour être dit.
Le monde défile à une vitesse qui étourdit et nos pensées, elles, cherchent encore un rythme, une forme, une phrase sincère.
Je me dis que, peut-être, ne plus savoir quoi écrire, c’est une façon de laisser reposer les choses, le temps qu’elles trouvent leur forme. 
On ne peut pas toujours tout nommer. Certaines émotions ont besoin de respirer avant de devenir des phrases à leur juste poids, à leur nécessité première, celle de dire ce qui n’a pas encore été dit, ou du moins, de le dire autrement.
Et peu à peu, les mots reviennent.. pas comme avant, mais plus vrais, plus sobres, plus nécessaires.
Écrire, ce n’est pas remplir.
C’est traverser.
C’est accepter le vide, la panne, la suspension.
C’est faire confiance au silence pour qu’il redonne du poids à ce qui sera dit ensuite.
Peut-être que je n’ai plus rien à écrire aujourd’hui, mais je sens tout ce que je n’écris pas. Ça bouge, quelque part entre le ventre et la gorge.
Alors si aujourd’hui tu ne sais plus quoi écrire, ne t’en veux pas. L’absence d’inspiration n’est pas un échec, mais un espace où quelque chose de neuf se prépare en secret.
Et quand les mots reviendront, ils sauront exactement pourquoi ils étaient partis.
Et si les mots ne reviennent pas ? Peut-être qu’on apprendra à respirer autrement. Peut-être qu’on écrira avec le regard ou avec le silence lui-même.
Et peut-être que ne plus savoir quoi écrire, c’est déjà une manière d’écrire aussi. Autrement, doucement.
