Tout juste diplômée de l’école du cordon bleu pâtisserie, Eulalie Serhal est une comète dans un ciel étoilé où les talents féminins se comptent sur les doigts d’une main !
Une nouvelle enseigne gérée par ses soins et ceux d’une amie de promotion ravira bientôt à quatre mains les palais éclairés, magnifique présage espérons-le pour un pays pacifié …
Notre plus jeune jurée du prix littéraire Ziryab est une passionnée de saveurs élevée de plain-pied dans la nourriture vecteur de culture et de traditions. Sa mère et sa grand-mère gastronomes chevronnées lui ont mis très tôt le pied à l’étrier. Du côté paternel bon sang ne saurait mentir également, avec les coutumes de la montagne libanaise (Jezzine au Sud Liban) bien chevillées au corps.
Notre rencontre se passe autour d’un brunch où cette diva du sucré avait pris le soin de tout préparer elle-même : pains et manakichs, pains au chocolat, croissants, brioches fondantes, beurre, fromage, crème ashta et confitures … Une table royale, toute en douceur et élégance où le ravissement des yeux présageait de celui des papilles. Ce jour-là la fée Eulalie frappait les douze coups de midi avec une véritable baguette magique. Tout absolument tout était délices et attentions !
Eulalie décrivez-nous en quelques mots votre passionnant parcours !
J’ai été élevée dans les traditions gourmandes et les arts de la table. Ma mère cuisinait tous les jours avec passion. J’ai découvert grâce à elle et à ma grand-mère la qualité des mets, leurs confections et surtout l’attention à l’autre et le raffinement qui est le prélude indispensable à tout repas. J’aime depuis toujours les livres de cuisine et y découvrir de nouvelles recettes est toujours un bonheur.
J’ai donc naturellement choisi de faire des études d’hôtellerie à la Lebanese American University ( LAU ) où j’ai énormément appris avec de nombreux ateliers pratiques.
En 2019, j’avais remporté le premier prix du concours organisé par l’académie libanaise de gastronomie présidée aujourd’hui par Walid Mouzannar. Le thème était de présenter une version sublimée d’un plat traditionnel libanais réconfortant, en l’occurrence le ”Koussa façon Ablama ”ou courgettes libanaises façon Ablama. Grâce à l’obtention de ce prix j’ai pu effectuer un stage dans les cuisines de Ducasse et ensuite dans les cuisines du palais de l’Élysée. J’ai alors fait connaissance avec le monde de la haute gastronomie et c’était un éblouissement !
Quelles sont les personnes qui vous ont encouragée dans ce parcours ? Et les personnes qui ont été inspirantes pour vous ?
En premier lieu ma mère qui est à la fois inspiratrice et cobaye ! C’est d’elle que j’ai beaucoup appris et c’est elle qui est aujourd’hui ma premier ”goûteuse ”.
Je voudrais citer aussi Walid Mouzannar président de l’académie libanaise de gastronomie qui m’a toujours encouragée.
Et vous Noha (elle insiste pour me le faire écrire !) : En vous lisant et en vous suivant sur les réseaux j’ai énormément appris et j’apprends tous les jours. Vous m’avez fait en plus l’honneur de me choisir comme membre du jury pour le prix littéraire Ziryab.
Choix largement justifié !! (Là c’est moi qui insiste pour l’écrire !!)
Je tiens également à rendre hommage au chef Joan Berton un de mes professeurs au cordon bleu qui m’a donné les clés pour maîtriser un feuilletage, pour travailler le chocolat, pour améliorer une pâte. Un véritable bonheur de travailler avec lui.
Votre passion pour le sucré a commencé quand ?
Avec le confinement ! En 2020 j’ai pris le temps pendant plus d’un an de développer de nouvelles recettes et de sublimer encore plus celles que je maîtrisais déjà.
Tous les jours j’allais à la rencontre de nouvelles idées et c’était passionnant. C’est ainsi que j’ai décidé d’entreprendre le cursus pâtisserie au cordon bleu pour devenir chef pâtissier.
Marianne Abou Jaoude qui gère Le ”passeport culinaire” au Liban avait organisé un concours de pâtisserie avec pour thème : comment repenser la tarte aux pommes de nos grands-mères. Là aussi j’avais obtenu le premier prix en reprenant la recette de ma grand-mère et en rajoutant ma touche personnelle. Cette victoire a conforté ma décision de devenir chef pâtissier.
Votre dessert préféré ?
J’adore le riz au lait et la recette malgré une simplicité apparente est en fait assez complexe. Un juste équilibre entre tous les composants est indispensable. J’ai goûté partout à ce dessert universel mais ma préférée reste la version orientale parfumée de lentisque et d’eau de fleur d’oranger. (Je ne peux qu’approuver!)
L’ingrédient en cuisine que vous emmèneriez sur une île déserte ?
Sans hésiter l’eau de fleurs d’oranger. J’en glisse partout même dans les babas au rhum et c’est divin !
C’est avec un divin Baba au rhum que nous clôturons notre entretien. Le soleil se couche juste en face du petit jardin où nous nous trouvons embrasant magnifiquement la montagne d’en face.
Dans ce pays de miel et de lait une nouvelle étoile vient de naître auréolée d’élégance, pétrie de délicatesse et de douceur. Elle sera bientôt au firmament.
Parole de Ziryab!
A savoir
Eulalie Serhal
Instagram: @eulalies
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