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Etienne Bastormagi à la galerie Takeover

Art

04/08/2025

Retour sur l’intervention du studio Etienne Bastormagi à la galerie Takeover


Au mois de juillet dernier, pour marquer les deux ans de la galerie Takeover, Etienne Bastormagi revient après deux ans à la galerie Takeover à Achrafieh (local qui fut son studio) voulant explorer les lieux dans la ville et le rôle de l’architecture dans la construction de l’expérience collective.

A cette occasion, l’architecte revient, non pour revendiquer, mais pour reconfigurer. Cette intervention architecturale temporaire propose un nouveau type de seuil urbain, un seuil qui dissout la frontière entre galerie et rue, entre privé et public, entre forme et flux.

La façade de la galerie existante est retirée afin de créer un espace public ouvert, brisant la perception élitiste des galeries d’art et des centres culturels.

« Revenir à Takeover avec une intervention in situ, dans l’espace même qui abritait notre studio, c’est comme plier le temps dans la forme, transformer la mémoire en architecture. Il ne s’agit pas d’insérer une œuvre dans une galerie, mais de laisser la ville y entrer. »

Conçu à la fois comme une incision et une offrande, le pavillon occupe une position volontairement ambiguë : ni tout à fait galerie, ni tout à fait rue, mais à la fois les deux. Un non-lieu rendu potentiel, lieu de rencontre, de réflexion. Un miroir tourné vers l’extérieur, invitant la ville à l’intérieur.

Ancrée dans le vernaculaire urbain de Beyrouth — en particulier les sanctuaires de rue miroitants qui médiatisent discrètement entre le spirituel et le quotidien — la structure réinvente le sanctuaire comme un geste urbain contemporain. À l’échelle de l’individu tout en résonnant collectivement, elle invite les passants à devenir protagonistes d’un récit spatial encore en train de s’écrire.

Ce n’est pas un objet statique. C’est un système réactif. Sa porosité lui permet d’absorber le bruit, la lumière et les mouvements de la ville, les transformant en matière à contemplation. La galerie devient perméable. Les frontières s’adoucissent. Ce qui était habituellement observé devient habité.


Comme dans l’ensemble du travail du Studio Etienne Bastormagi, l’intervention est façonnée par une grande attention au contexte — social, spatial et culturel. Elle travaille dans des conditions de contrainte pour en extraire une signification latente, une résonance matérielle et de nouvelles formes d’engagement. Ici, l’ambiguïté n’est pas une limite, mais une lentille.

En engageant les architectes dans un dialogue avec cette condition spatiale et en invitant le public à entrer dans cette conversation, l’installation propose une réflexion sur le rôle évolutif de l’architecture dans les villes marquées par la fragmentation, la transition et la résilience. Elle invite les galeristes à considérer les architectes non seulement comme des concepteurs, mais aussi comme des producteurs culturels — ceux qui façonnent des récits spatiaux avec la même intention que les artistes.

En retour, les architectes se voient offrir la galerie comme un médium : un site d’expérimentation, de dialogue, de visibilité. Par cet échange réciproque, la galerie devient plus qu’un contenant ; elle devient un acteur actif de la vie culturelle de la ville, amplifiant la pensée architecturale comme une forme d’expression essentielle.

L’intervention ne cherche pas à résoudre, mais à exprimer la poétique des possibles. Elle encadre l’espace non pour le définir, mais pour nous y rendre sensibles — à une lumière qui change, à des sons qui passent, à des textures qui invitent au toucher.

L’architecte conclut : « Notre pratique a toujours exploré les fragments dans les lieux, et les lieux dans les villes — où l’architecture n’est pas un objet, mais agit comme un médiateur. Un cadre pour la rencontre, la réflexion, et le contexte de la vie publique. »



 

Biographie d’Etienne Bastormagi

Né dans une famille libanaise arménienne, Bastormagi perpétue un héritage artisanal transmis sur plusieurs générations. Il a grandi parmi les machines de l’usine d’acier inoxydable de son grand-père — où fut produit le premier réfrigérateur de la région SWANA. Le métal occupe une place importante dans sa pratique, façonnée par cette mémoire personnelle. Son studio, situé dans la mezzanine de cette même usine, perpétue ce lien entre passé et présent.

Son travail a été salué à l’international, finaliste au World Architecture Festival et aux Interior Design Awards. Il a donné des conférences à TUMO, à l’Université Américaine de Beyrouth, à l’Université Américaine de Sharjah, ainsi qu’à l’initiative Reconstructing Beirut de l’Architectural Association. Il a également animé un atelier pour FROMM durant la Milan Design Week 2025.

@studio__etiennebastormagi | etiennebas.com


À propos de la galerie Takeover

Takeover est un espace artistique dirigé par des artistes, dédié à des programmes dynamiques et expérimentaux avec et pour des artistes locaux. Sa mission est de partager l’espace avec des artistes émergents, de favoriser l’expérimentation et les collaborations, et d’encourager la transmission de savoirs à travers des ateliers animés par les artistes.

Situé au cœur d’Achrafieh, rue Abdul Wahab el-Inglizi, le lieu vise à activer le quartier environnant en s’engageant avec la rue et la communauté par sa programmation. Chaque “takeover” transforme l’espace de manière unique : studio, galerie, installation, atelier, salle de projection ou lieu informel.

@takeover.beirut | https://www.takeoverbeirut.com

 

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