À Baabdath, la musique reprend son souffle. Sous la houlette de Sleiman Corbani, Les Musicales reviennent avec « Strings of Hope », mêlant talents émergents du Conservatoire, voix du pays et de la diaspora, et créations inédites. Un festival gratuit, ouvert, où l’excellence libanaise dialogue avec le monde. Dialogue avec Sleiman Corbani.
Votre festival s’est installé durablement dans le paysage musical libanais. Quelle en est la particularité cette saison ?
Cette édition d’automne placée sous le patronnage du ministère libanais du tourisme, se distingue par son ouverture. Nous avons voulu offrir au public un véritable voyage international à travers les cultures et les styles musicaux, en réunissant des artistes venus de plusieurs horizons tels que la France, l'Allemagne, l'Arménie, la Russie, et le Liban. Chaque concert est pensé comme un lieu de rencontre et de dialogue. Plus que jamais, Les Musicales de Baabdath s’affirment comme un espace de partage où les traditions musicales se croisent et s’enrichissent mutuellement.
Le festival donne la parole aux interprètes et compositeurs libanais ?
Oui, c’est d'ailleurs l’un des fils conducteurs de cette nouvelle édition du festival. Nous mettons en lumière des compositeurs libanais de différentes générations: les frères Sary et Ayad Khalifé interprètes et compositeurs basés en France, présenteront le samedi 25 octobre à Baabdath un concert de musique de chambre très convoité largement évoquant une brillante prestation assez récente et particulièrement bien reçue du duo dans le cadre du festival Les Musicales du Liban à Paris. Ils interpréteront une œuvre majeure de Boghos Gélalian, figure marquante du patrimoine musical libanais aux côtés de leurs propres compositions aux inspirations levantines ainsi que des œuvres de Grieg, Fauré et Saint-Saëns. Une soirée rendue possible grâce au soutien de l'association Mon Liban d'Azur.
Nous présenterons également une création mondiale pour piano du compositeur libanais contemporain Houtaf Khoury interprétée par le pianiste allemand Holger Groschopp, signe que la musique libanaise continue d’évoluer et de dialoguer avec le monde.
Y aura-t-il également une partie pédagogique à l’adresse des jeunes interprètes ?
Oui, et c’est même l’un des cœurs battants de cette édition. Une résidence à Beyrouth actuellement en cours, organisée en partenariat avec l’Institut Goethe du Liban permettra à de jeunes pianistes en fin de parcours au sein du Conservatoire National du Liban, de travailler dans des conditions professionnelles auprès du pianiste Holger Groschopp. A l'issue d'un travail acharné d'environ une semaine, ils présenteront leur travail lors du concert d'ouverture le dimanche 19 octobre à Baabdath.
Nous tenons à ce que Les Musicales soient non seulement un lieu de diffusion, mais aussi un espace de formation. C’est une manière d’ancrer durablement la musique dans l’avenir du pays.
La cantatrice Anna El-Khashem qui se produit actuellement sur les scènes les plus prestigieuses d'Europe sera également de la programmation. Quelle est la signification de sa venue ?
C’est un moment for, voire historique, de cette édition qui s'est concrétisé grâce au soutien de l'Institut Goethe de Beyrouth qui célèbre cette année ses 70 ans au Liban. Anna El-Khashem, soprano libano-russe récemment naturalisée allemande, se produira pour la première fois au Liban le lundi 20 octobre à la Nouvelle Église de la paroisse maronite de Baabdath. Accompagnée par Holger Groschopp au piano, elle interprétera un programme de lieder avec quelques airs d'opéra, allant de Mozart à Rakhmaninoff en passant par Rossini, un répertoire à son image, à la fois cosmopolite et profondément lyrique. Sa venue est emblématique de l’esprit du festival : celui d’un bref retour aux origines en plein essor d'une carrière mondiale. Que d'artistes et musiciens libanais ont brillé de par le monde ! Elle incarne parfaitement ce que nous voulons célébrer, notamment des artistes de très haut niveau qui portent en eux plusieurs appartenances mais qui gardent le Liban dans leur cœur.
Cette saison met aussi en avant de jeunes talents exceptionnels, comme Sacha Morin ?
Oui, et nous en sommes très heureux. Sacha Morin est un jeune pianiste français de 22 ans, déjà salué par la presse européenne pour la maturité et la profondeur de son jeu. Il présentera le mardi 28 octobre à Baabdath un programme qui traverse les époques, de Bach à Schumann en passant par Mozart et Schubert, un véritable panorama de l’évolution du langage pianistique. Sa présence, soutenue par l’Institut Français du Liban, témoigne de notre volonté de faire dialoguer les générations et les traditions musicales.
La musique arménienne a également une place importante cette année ?
Tout à fait. Pour la première fois, nous accueillons au Liban le Yerevan String Quartet, formé de musiciens de l’Orchestre Philharmonique d’Arménie. Deux concerts lui seront consacrés : le vendredi 7 novembre à la Cathédrale Saint-Grégoire l’Illuminateur et Saint Élie à Beyrouth, avec un programme autour de Komitas, Mirzoyan et Altunyan; puis le samedi 8 novembre à Baabdath pour le concert de clôture, avec Schubert et Dvořák. Ces soirées, soutenues par la Fondation Boghossian et la Cathédrale St. Grégoire des Arménien Catholiques célèbrent entre autres la profondeur et la spiritualité du patrimoine musical arménien, en écho à l’histoire partagée du Liban et de l’Arménie.
Vous introduisez également cette année le répertoire de musique brésilienne ?
Oui, le samedi 1er novembre à Baabdath sera consacré au Brésil. Le pianiste et compositeur Arthur Satyan dans une formation de quator, avec Kevin Safadi spécialiste des percussions brésiliennes, Fouad Afra à la batterie et Kachatur Savzyan à la contrebasse, présentera une soirée autour de la bossa nova, de la samba et d’arrangements originaux basés sur du répertoire d’Antônio Carlos Jobim, Chico Buarque et Sérgio Mendes ainsi que bien d'autres icônes du patrimoine musical populaire du Brésil. Ce concert, réalisé en collaboration avec l’Institut Guimarães Rosa de Beyrouth et l’Ambassade du Brésil au Liban, s’inscrit dans les célébrations des 80 ans de relations diplomatiques entre le Brésil et le Liban, commémorés cette année.
Que faut-il vous souhaiter ?
De continuer à faire du Liban un carrefour musical où les cultures dialoguent librement. Que le festival demeure un lieu de transmission, et d’espoir, fidèle à sa mission : offrir au public libanais non seulement des concerts d’exception, mais aussi des expériences qui suscitent des conversations et ouvrent des horizons. Et enfin de continuer à rayonner grâce au soutien indéfectible de nos mécènes, sponsors et partenaires.
Programme complet et informations pratiques: www.lesmusicales.org
Tous les concerts commencent à 20h précises et sont proposés gratuitement et sans réservation sur base de premier venu, premier servi.
Transport optionnel par bus (Nakhal) ou par Taxi (Allo Taxi).