Voici une bonne nouvelle pour les amateurs d’art de passage à Paris depuis Beyrouth : la Fondation Cartier pour l’art contemporain ouvre ce samedi 25 octobre 2025 son nouveau siège place du Palais-Royal, dans les anciens bâtiments du Louvre des Antiquaires, face au musée du Louvre. Après trois décennies boulevard Raspail, l’institution se recentre au cœur historique de la capitale, à l’adresse 2, place du Palais-Royal, et inaugure ses espaces avec une exposition manifeste, « Exposition générale », programmée jusqu’au 23 août 2026.
Le lieu a une histoire à tiroirs que les Parisiens racontent volontiers : érigé au XIXᵉ siècle, il fut tour à tour Grand Hôtel du Louvre puis Grands Magasins du Louvre, avant d’abriter, à partir de 1978, une ruche d’antiquaires prisée des collectionneurs internationaux… jusqu’à sa fermeture en 2020. C’est ce palimpseste, connu sous le nom de « Louvre des Antiquaires », que la Fondation Cartier réactive aujourd’hui, en le confiant à un familier de la maison : l’architecte Jean Nouvel.
Nouvel ne s’est pas contenté d’un simple lifting : il a reconfiguré l’intérieur autour de vastes baies vitrées ouvertes sur la ville et d’un dispositif scénographique rare à Paris, cinq plateformes mobiles pouvant s’élever jusqu’à 11 mètres, et près de 1 200 m² de passerelles en hauteur, pour des circulations et points de vue inédits. Détail savoureux qu’on devine pensé pour la mémoire de la marque : l’auditorium, cœur des soirées et rencontres, a été peint dans un rouge Cartier profond, tandis que le reste de l’espace se veut « neutre », donc modulable à l’envi par les artistes invités.
« Exposition générale » joue justement cette carte de la modularité et de la porosité avec la ville. Conçue avec le studio italien Formafantasma, elle rassemble environ 600 œuvres issues de quarante ans de programmation, et déborde du bâtiment vers la place du Palais-Royal et la Galerie de Valois, ce passage souterrain qui reliait jadis métro et grands magasins : une manière d’écrire, à l’échelle urbaine, une nouvelle page du récit Cartier. Parmi les noms annoncés, on croise David Lynch, Patti Smith, Claudia Andujar, Chéri Samba, Jean-Michel Othoniel… Une traversée « générale » qui devrait donner le ton d’une saison ouverte aux croisements (architecture, design, images en mouvement), ce que confirme l’ambition du nouveau directeur général, Chris Dercon, de faire dialoguer davantage l’institution avec l’espace public et les publics.
Côté pratique, l’adresse est ultracentrale (lignes 1 et 7, stations Palais-Royal – Musée du Louvre), et les horaires ont été pensés pour des visites après-travail : du mardi au dimanche de 11 h à 20 h (22 h le mardi), le lundi étant fermé. La billetterie affiche un plein tarif à 15 €, un tarif réduit à 10 €. Pour le week-end d’ouverture, la Fondation annonce une « Ouverture générale » avec une programmation étendue. Une belle occasion, si vous êtes à Paris, de (re)découvrir une institution qui fêtait ses 40 ans l’an dernier et qui entend aujourd’hui tripler sa fréquentation en restant fidèle à sa ligne : accompagner les artistes plutôt que courir le spectaculaire.
Dernière anecdote pour briller au vernissage : la Fondation Cartier, née en 1984 à Jouy-en-Josas avant de s’installer à Paris en 1994, doit beaucoup à l’intuition d’Alain-Dominique Perrin, qui fit du mécénat un véritable laboratoire d’image, bien avant l’ère des « fondations-marques ». Quatre décennies plus tard, la maison retrouve Jean Nouvel pour un deuxième chapitre parisien, comme un clin d’œil à l’édifice de verre et d’acier qu’il avait déjà signé pour elle à Montparnasse, et une promesse : ne pas « faire cathédrale », mais proposer des expériences sensibles, une échelle humaine, et des récits ancrés dans la ville.
La nouvelle Fondation Cartier, une adresse mythique réinventée, une scénographie agile, une exposition-panorama généreuse, et l’envie déclarée de faire de ce carrefour parisien un lieu de passage et de partages. Paris n’attend plus que vous.
