Après une année d’interruption due au contexte régional, le festival littéraire francophone Beyrouth Livres revient du 22 au 26 octobre 2025 avec une programmation riche, audacieuse et profondément tournée vers le partage.
Organisé par l’Institut français du Liban, l’événement rassemblera plus de 80 auteurs et autrices venus de dix pays, autour de 80 rendez-vous dans tout le Liban : lectures, débats, concerts dessinés, projections, expositions et rencontres scolaires. À quelques jours du lancement, l’Agenda Culturel a rencontré Sabine Sciortino, directrice de l’Institut français du Liban, pour parler de cette édition placée sous le signe de la littérature vivante et du dialogue interculturel.
Après une année d’interruption en 2024, que représente pour vous le retour de Beyrouth Livres en 2025 ?
L’actualité tragique de l’année dernière, marquée par la guerre et une grande volatilité régionale, nous avait contraints à annuler l’édition 2024. Le festival, dans son intégralité, était pourtant prêt. C’est la raison pour laquelle nous avons choisi, dès l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, de reprendre une partie de sa programmation et de la transformer en « saison littéraire », sur quatre mois, au début de l’année 2025. Car nous avons la conviction que dans les périodes les plus sombres, la culture, loin d’être accessoire, est au contraire fondamentale pour maintenir le lien social et offrir des espaces de respiration. Pouvoir tenir une nouvelle édition cette année, du 22 au 26 octobre, en reprenant ce qui fait désormais la marque de fabrique de ce temps fort, est une grande fierté. Nous avons été les premiers surpris par l’enthousiasme des auteurs et des invités lorsque nous les avons contactés au printemps : ils ont immédiatement voulu répondre présents !
Cette édition met à l’honneur près de 80 auteurs venus de dix pays. Quel message souhaitez-vous transmettre à travers cette diversité francophone et internationale ?
Montrer et valoriser cette diversité, la toucher du doigt est en soi un message dans un monde de plus en plus polarisé où les tendances au repli dominent. Notre conviction, c’est de dire qu’il n’y a pas une langue française, mais une pluralité d’expressions francophones, sur tous les continents, liées à des histoires et des imaginaires multiples. Être francophone, c’est participer à une formidable aventure collective qui dépasse nos frontières. Et il n’y a pas de lieu plus emblématique que le Liban, pays par excellence du plurilinguisme où se mêlent harmonieusement l’arabe, le français et l’anglais, pour incarner cette volonté de dialogue et d’ouverture. Dans ce contexte, « Beyrouth Livres » est bien plus qu’un festival : c’est une célébration des cultures francophones, un appel à préserver et enrichir toujours ce patrimoine linguistique exceptionnel, qui est constitutif de l’identité libanaise.
Le festival propose aussi un important volet scolaire et universitaire. En quoi le contact entre les écrivains et les jeunes lecteurs est-il essentiel aujourd’hui ?
Outre sa programmation entièrement gratuite pour le grand public, une caractéristique centrale de « Beyrouth Livres » est en effet son important volet scolaire et universitaire. Cette année encore, nos auteurs se déplaceront pendant trois jours dans une cinquantaine d’écoles et d’universités, sur tout le territoire libanais, à la rencontre de sa jeunesse. Conférences, à ateliers, débats, lectures : l’objectif, à l’ère des écrans et de l’intelligence artificielle, est de donner l’opportunité à de jeunes Libanais d’interagir et de dialoguer directement avec des écrivains. Et pour nos auteurs invités qui, pour certains, visitent pour la première fois le Liban, c’est aussi une occasion formidable de découvrir la richesse et la diversité du pays, au-delà de la capitale.
Le Prix Albert Londres sera remis pour la première fois à Beyrouth. Comment cette collaboration s’est-elle construite et que signifie-t-elle pour vous ?
Cela fait quelque temps déjà que le Comité Albert Londres souhaitait venir au Liban. L’actualité tragique récente les en avait malheureusement empêchés. Nous sommes donc particulièrement fiers de les voir de retour ici, à l’occasion de cette nouvelle édition du festival Beyrouth Livres, qui verra l’annonce et la remise du plus prestigieux prix international du journalisme francophone. C’est un témoignage fort de reconnaissance adressé aujourd’hui aux journalistes qui exercent leur métier, dans des conditions très difficiles, sur des terrains en crise. Et l’on sait à quel point au Liban même, des personnalités courageuses ont parfois payé de leur vie la défense de la liberté d’expression.
À titre plus personnel, quel moment ou quelle rencontre attendez-vous le plus pendant cette édition ?
Difficile de choisir tant la programmation se veut éclectique et pour tous les goûts ! Vous pouvez venir en famille à la Bibliothèque nationale le 24 octobre participer au grand atelier jeunesse animé par Marc Boutavant ou vous plonger dans la découverte de l’exposition « Diplomatie et Bande dessinée » à la galerie de l’Institut français du Liban. Profiter du très beau concert dessiné « Une histoire extraordinaire du Comte de Monte-Cristo » à Metropolis et de la soirée « Walaw » au Métro Al Madina le lendemain. Nous vous attendons, bien sûr, nombreux, lors du Grand Week de Clôture sur le campus de l’ESA Business School les 25 et 26 octobre, à l’occasion duquel sera décerné le Prix Albert Londres dont nous avons parlé déjà. Sans oublier le Quart d’Heure de Lecture National, le 21 octobre à 11h15, où nous invitons tout le Liban à cesser ses affaires courantes pour s’évader et se perdre, un instant, dans la beauté de la littérature.
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