Que reste-t-il du 4 août ?
Cinq photos sur mon iPhone
Un plafond en lumière
Un plat de riz
Une maison debout
Puis éventrée
Puis en silence
Une cicatrice imperceptible
Un cœur qui bat en se souvenant
Une colère encore enfouie
Une peur jamais dite
Un souffle retenu
Une lumière blessée
Pourtant la journée commençait douce
Une robe essayée
Un plat partagé
Un dossier de naturalisation
Un dôme lumineux au-dessus de moi
Une prière peut-être
Involontaire
Puis
18h07
le son traverse l’air
je dis khalas
18h08
le monde explose
Puis
le vide
un silence qui pèse
des pas dans la poussière
des mains dans le sang
un regard qui ne comprend pas
On me dit que j’ai rangé.
Je ne me souviens pas.
On me dit que j’ai aidé.
Je ne me souviens pas.
On me dit que j’ai appelé,
que j’ai rassuré.
Je ne me souviens pas.
J’étais ailleurs.
Occupé à survivre.
Occupé à renaître.
Aujourd’hui encore,
je marche
entre les débris.
Et mon téléphone
garde cinq images
comme cinq battements
d’un cœur
qui a tenu. Today is my rebirth day