Organisée par l’Institut Culturel Italien de Beyrouth en collaboration avec le Beirut Art Center, l’exposition Electric Whispers de Rä di Martino (Rome, 1975), artiste visuelle travaillant avec divers médias tels que la vidéo, le cinéma, la photographie et les nouvelles technologies, sera inaugurée le 24 juin, après une avant-première dans le cadre de la 20e édition du Festival de la Photographie Européenne de Reggio Emilia.

Les œuvres présentées retracent certaines étapes significatives de sa recherche, comprenant des vidéos, des œuvres photographiques et multidisciplinaires dans lesquelles dialoguent animation, musique et logiciels de jeux en 3D. À ce corpus s’ajouteront deux œuvres d’origine photographique spécialement réalisées pour l’exposition, une installation de projections diapositives et un collage photographique de grande taille, fruit de sa récente résidence à Beyrouth, dans lesquelles l’artiste réfléchit au rôle des jeux vidéo dans la vie quotidienne des nouvelles générations, un thème qu’elle aborde également dans un long-métrage en cours de développement entre le Liban et l’Italie.

Parmi les œuvres exposées, on peut citer Kant Can’t (2024) et Poor Poor Jerry (2017), des installations à canal unique et multi-canaux qui évoquent un imaginaire partagé et commun, où le réel et le virtuel coexistent dans une dimension mélancolique atemporelle, accentuée par des paysages désertiques inhabités et des bandes-son parfois créées spécialement et d’autres fois réélaborées en utilisant des musiques célèbres. L’expérimentation de territoires artistiques aux interstices entre cinéma, télévision, photographie, clips vidéo et animation 3D crée des mondes oniriques et surréalistes peuplés de créatures bizarres à l’identité mystérieuse, cyborgs, icônes des séries animées américaines. L’intérêt de l’artiste ne réside pas uniquement dans la création d’environnements virtuels, mais dans la prise de conscience que « les technologies nous permettent d’être temporairement et de façon vicariale quelque chose de différent de ce que nous sommes et de la manière dont nous vivons dans notre quotidien, et que dans les mondes virtuels, il est également possible de stimuler des questions et des réflexions de nature philosophique et existentielle, dont la valeur est économique, mais aussi sociale et donc politique ».

En particulier, dans ses œuvres les plus récentes, l’espace infini et ouvert des jeux vidéo offre, surtout aux jeunes, une occasion irremplaçable de construire des identités et des territoires fictifs. La réalité devient ainsi une matière modelable à l’infini, à travers une série de transformations qui, à chaque fois, grâce aux effets spéciaux, altèrent non seulement la notion physique des environnements qui se désagrègent en solides géométriques, mais aussi des corps, dans un exercice continu d’altérations des conventions optico-perceptives.

Ces expériences, qui s’étendent dans les domaines les plus divers de la culture contemporaine, de la culture populaire à la culture savante, intègrent différentes dimensions du son, du temps et de l’espace et réfléchissent sur le statut de l’image, devenant ainsi une forme de résistance militante contre l’homologation visuelle opérée par la technologie numérique postmoderne et l’intelligence artificielle. Contrairement au passé, lorsque dans la pénombre de l’espace de projection le public était capturé par la séquence des images, aujourd’hui l’animation 3D et le jeu vidéo interfèrent avec la perception, modifiant la réalité et, par conséquent, l’expérience esthétique elle-même.

Les œuvres de Rä di Martino créent une libre encyclopédie sentimentale, basée sur des cartes personnelles avec lesquelles se déplacer dans la réalité, associant des souvenirs et se projetant en même temps vers des pensées et des visions originales.

Biographies

Rä di Martino (Rome, 1975) a étudié à Londres, où elle a obtenu un MFA à la Slade School of Art. Avec le Prix New York, elle a remporté une bourse d’études à l’Université de Columbia à New York, où elle a passé cinq ans avant de revenir en Italie. Elle a exposé dans de nombreux musées et festivals de cinéma, tels que : MoMA-PS1 et Artists Space, New York ; Tate Modern, Londres ; MCA, Chicago ; Palazzo Grassi, Venise ; Museion, Bolzano ; Magasin, Grenoble ; à la Biennale de Busan ; Manifesta 7 ; Kino der Kunst, Munich ; Transmediale, Berlin. À la Mostra d’Arte Cinematografica de Venise, elle présente en 2014 le moyen-métrage The Show MAS Go On, remportant le prix Gillo Pontecorvo, le prix SIAE et un Nastro d’Argento, et en 2018 son premier long-métrage Controfigura. En 2019, elle inaugure l’exposition Afterall au Mattatoio – Palaexpo de Rome et à la Kunst Halle Sankt Gallen. En 2022, elle tient une exposition rétrospective au Forte Belvedere de Florence, et une exposition personnelle à la Torre Matta d’Otrante avec une installation sur l’archive de Carmelo Bene. En 2023/2024, elle développe grâce au prix PAC, Piano per l’Arte Contemporanea, le projet Kant Can’t présenté au Polo Museale de Potenza et actuellement en exposition à la Fondation Giuliani de Rome. Elle développe son deuxième long-métrage avec une production italo-franco-libanaise.

Maria Rosa Sossai est chercheuse dans le domaine des pratiques artistiques participatives, des politiques de l’éducation et de la vidéo et du film d’artiste. Depuis 2021, elle est Responsable Scientifique du Département Projets Participatifs du Musée Civique de Castelbuono (PA). En 2018, elle a cofondé fuoriregistro quaderno di pedagogia e arte contemporanea, Boîte éditions, Lissone. De 2012 à 2022, elle a dirigé l’Accademia Libera delle Arti, www.alagroup.org, plateforme indépendante d’éducation et d’art contemporain. Elle a curaté des expositions et des projets dans des musées, Instituts italiens de culture, fondations, galeries en Italie et à l’étranger, notamment : Matera Capitale Européenne 2019 pour le Musée M.E.M.O.RI. ; Musée MAN de Nuoro, Nomas Foundation, l’American Academy et la Real Academia de España à Rome, Villa Panza, Varèse, Tel Aviv Museum, SongEun ArtSpace de Séoul, IIC de Barcelone. Elle a été visiting critic pour le programme MFA à Parsons Fine Arts, New York. Elle a écrit des essais et des articles dans des catalogues et des revues d’art contemporain italiennes et internationales. Elle est l’auteure de nombreuses publications : Vivere insieme l’arte come azione educativa, Torri del vento, Palerme, 2017 ; Arte video, storie e culture del video d’artista in Italia, Silvana Editoriale, Milan, 2002 ; Film d’artista, percorsi e confronti tra arte e cinema, Silvana Editoriale, Milan, 2009

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Horaires d'ouverture

Mardi – Vendredi 12h00 à 19h00
Samedi 12h00 à 17h00