Patrick Baz à propos de l’IA : « Il est important de conserver une perspective humaine »
15/04/2024|Garance Fontenette
À la suite du contexte actuel, la Nuit des Idées organisée par l’Institut français aurait dû se dérouler le samedi 20 avril. À cette occasion, un débat sur l’Intelligence artificielle (IA) devait réunir la chercheuse, écrivaine, fondatrice et directrice de Ask Mona, Marion Carré et le photographe Patrick Baz autour de Lisa Goursaud, modératrice et journaliste pour L’Orient-le-Jour. À cette occasion, l’Agenda Culturel a pu poser ses questions au photo journaliste, Patrick Baz, qui, sans pour autant rejeter l’avancée technologique que représente l’IA, nous avertit sur la nécessité de garder un oeil humain notamment dans son domaine. Entretien avec Patrick.
Comment évaluez-vous l'impact de l’Intelligence artificielle à notre époque ?
L'Intelligence artificielle et l’influence dans notre perception des images est un sujet important à comprendre dans notre ère dominée par les réseaux sociaux. Sur ces plateformes, les images peuvent être facilement manipulées pour sembler réelles. Dans le domaine du photojournalisme, c’est un peu spécial car l'image résulte des choix délibérés du photographe : l'angle de prise, l'éclairage, et ses intentions personnelles façonnent ce que nous voyons.
Pourquoi est-ce important de maintenir cette perspective humaine dans la photographie ?
Lorsque vous comparez deux photographes, ils ne captureront pas nécessairement la même image. Il est important de conserver une perspective humaine et un angle unique propre à chaque photographe.
Comment voyez-vous l’évolution de l’Intelligence artificielle ?
L’Intelligence artificielle va prendre une place de plus en plus importante et son évolution sera rapide. Elle deviendra progressivement plus élaborée, notamment dans le secteur du journalisme, où il sera essentiel de distinguer le vrai du faux. Cela est déjà évident avec les « deepfakes », qui montrent qu'il est possible de faire dire aux gens des choses qu'ils n'ont jamais prononcées.
Malgré ces défis, voyez-vous des avantages à l'utilisation de l'IA dans la photographie ?
Il y a toujours des points positifs. Par exemple, dans le domaine de la photographie artistique, l’Intelligence artificielle peut être un outil intéressant. Mais pour ce qui est de la créativité je laisse ça aux artistes. Quant au domaine du photo journalisme, bien que l’IA puisse modifier le contenu de l’image, elle est aussi capable, à travers la robotique offrir des opportunités intéressantes d’évolution.
Est-ce que la question de l’Intelligence artificielle est une question cruciale à aborder au Liban ?
Il est important d'avoir cette discussion à l'échelle mondiale, pas seulement au Liban. Les photos des agences de presse et des médias de premier plan doivent être estampillées vraie et exemptes de manipulation par l’Intelligence artificielle.
ARTICLES SIMILAIRES
Anne-Sophie Menet modèle la terre libanaise pour raconter son histoire
Mathilde Lamy de la Chapelle
09/05/2025
« Art for Lebanon » : l’art au service de l’urgence humanitaire
Mathilde Lamy de la Chapelle
06/05/2025
« The Affirmative Happiness of a Green Dot »: contempler le vivant avec Hala Schoukair
Mathilde Lamy de la Chapelle
30/04/2025
Nada Karam ou l’ivresse de la photographie
Zeina Saleh Kayali
29/04/2025
« With you… » de Vanessa Gemayel : Peindre la musique, rêver Beyrouth
Mathilde Lamy de la Chapelle
25/04/2025
« Life Weave » : un tissage entre tradition et modernité
Mathilde Lamy de la Chapelle
24/04/2025
Lawrence Abu Hamdan : Son-et-lumière engagé à la galerie Sfeir-Semler
Mathilde Lamy de la Chapelle
24/04/2025
Pourquoi il fait si sombre ? : Une collection d’œuvres d’Ayman Baalbaki à la foundation DAF
Jasmine Karkafi
23/04/2025
“Where do I go?” : photographier l’hérédité de la destruction
Briac Saint Loubert Bié
18/04/2025
Peindre, transmettre, résister : Histoires de femmes à la galerie Gezairi
Mathilde Lamy de la Chapelle
17/04/2025