Il y a peu de pays au monde où la neige est aussi adulée, aussi bien considérée comme étant source de joie, de paix et d’innocence liée à la nostalgie de notre enfance.
Au Liban, il neige et c’est la fête.
Déjà petits, la neige chamboulait le train de vie quotidien que les grands nous imposaient. Le temps faisait une pause, arrêt sur image blanche festive. Plus d’école. Plus de travail pour les parents en dehors de la maison, intimité extrême au parfum de châtaignes grillées, émerveillement ludique au rythme de boules que petits et grands se lançaient. Les vacances en somme. Le bonheur.
Il neige, et le paysage change de fond en comble. On dirait un autre pays. Plus propre, déchets et poubelles couverts par le manteau blanc, crevasses et carrières nivelées par la neige. Plus harmonieux, le béton blanchi s’accorde mieux qu’avant avec le vert des arbres teintés de blanc et les rues blanches qui serpentent le pays.
La géographie devient autre. La géopolitique locale aussi. Un seul mot d’ordre règne sur le Chouf comme sur les montagnes du Akkar, de Bcharry et sur le Mont Liban : il fait froid, il fait blanc, allons jouer, allons skier ou marcher avec des raquettes. L’orientation en forêt est à revoir, les vallées moins profondes, les arbres plus ronds et tassés, les petites plantes cachées, les pentes plus douces…
Je me souviens de ma première neige en Europe. Un matin Bruxelles se réveille avec un épais manteau blanc couvrant les toits, les rues et le chemin de fer du tramway. Plus moyen d’arriver en dix minutes à l’université. Tout le monde râle, mes copains, le vendeur de frites, le prof et la femme de ménage. Sauf moi, avec cependant de la joie emprisonnée et non exprimée par peur de me prendre pour un gars bizarre !
Alors qu’au Liban, neige est synonyme de cèdre, notre emblème national. Synonyme aussi d’unité. Nous tous l’adorons. Petits et grands. Montagnards et citadins. Cultivés et analphabètes. Pro-iraniens, pro-américains et libanais non affiliés aux grandes puissances. Chiites, maronites, sunnites, druzes, alaouites, orthodoxes, syriaques et autres arméniens ou athées. Rare chose qui fait l’unanimité et de ce fait l’unité tant recherchée et que nous avons du mal à trouver. Et si nous l’élisions comme Président par ces temps qui courent où depuis deux ans, nous nous tuons à trouver qui nous présider !
Photo @Dr Antoine Daher
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