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Carole Bouquet, vous souvenez-vous de ’Cet obscur objet du désir’?
32e et dernier film de Luis Buñuel, ’Cet obscur objet du désir’ est également le tout premier film d’une jeune comédienne encore méconnue. Elle s’appelle Carole Bouquet et a des rêves de cinéma. Nous sommes en 1977, au 2 bis Rue du Conservatoire. Ce dernier est National, Supérieur et très Dramatique. Pour l’heure la jeune apprentie y récite du Molière et du Racine. Jusqu’au jour où le téléphone sonne…
Nous sommes en 2011. Un matin de septembre. Un journaliste prend le téléphone. Il est 11 heures à Beyrouth, 10 heures à Paris. Au bout du fil, un sourire, puis une voix…
- Allo ?
- Carole Bouquet ?
- Oui. Je ne vous entends pas très bien. Il y a trop de vent. Attendez, je vais trouver un endroit plus calme. Voilà.
- Vous êtes à Paris ?
- Oui, je suis à Paris, dans les rues de Paris. (sourire)
Carole Bouquet, je vais prononcer cinq mots et vous me direz ce qu’ils évoquent en vous : cet, obscur, objet, du, désir.
(silence, bruits de la rue) Quelque chose de très éloigné de moi, de mon caractère, donc incompréhensible. (un temps) La vision d’un homme sur les femmes. On a du mal à comprendre que l’on soit quelquefois si désirables, si impénétrables, si lointaines et si inaccessibles, surtout quand on tourne ce genre de film à 18 ans. (un long temps) Ça représente le début d’un rêve pour moi. Je voulais être actrice je le suis devenue du jour au lendemain grâce au film de Buñuel. Je n’aurais pas pu rêver d’un plus grand metteur en scène. Ces mots m’évoquent un choc. Un choc à tout point de vue.
Comment tout cela s’est il passé ?
J’étais au conservatoire et je suis allée faire un casting. En allant au rendez-vous, je ne savais pas s’il s’agissait de Buñuel père ou fils. Si c’était Luis Buñuel, cela m’aurait semblé tellement fou que je n’aurais peut être pas osé y aller. Dans le panthéon des metteurs en scène qui me faisaient rêver, il était au rang des génies. Finalement, une autre actrice avait été prise pour faire le film. Mais un matin, je reçois un coup de fil d’un monsieur qui se présente comme le directeur de production du film de Buñuel et qui me demande ce que je fais en ce moment. Je l’ai mal pris et j’ai raccroché. 5 minutes après, le téléphone sonne à nouveau et le monsieur me dit : ’’Je vous en supplie ne raccrochez pas ! Ce n’est pas une blague ! Est-ce que vous pourriez aller à Madrid demain ?’’ Furieuse, je raccroche à nouveau. 20 minutes après on sonne à ma porte. Le même monsieur est là devant moi : ’’Cette fois vous n’allez quand même pas me fermer la porte au nez ?! Voilà le scénario et un billet d’avion. Je ne peux pas vous dire pourquoi vous devez y aller mais faites-moi confiance !’’
Tout cela commence donc d’une façon bien étrange…
Et très surréaliste d’ailleurs ! (rires) Je lis le scénario dans l’avion et je vois qu’il n’y a qu’un seul rôle, une seule femme. Je ne comprends toujours pas. J’arrive à l’aéroport. Un assistant vient me chercher et s’excuse aussitôt de ne pouvoir me mettre dans le même hôtel que le reste de l’équipe. Il m’explique enfin que Buñuel ne peut plus tourner avec son actrice, question de tempérament. ’’Le film est arrêté et donc on ne peut pas vous mettre dans le même hôtel que cette actrice. Nous allons faire des essais avec vous, une autre actrice (Angela Molina) et Fernando Rey qui est dans le secret’’. C’était une idée du producteur qui voulait sauver le projet. Buñuel n’était pas au courant, de toute façon il voulait tout arrêter ! Il s’agissait donc d’une ultime tentative pour dissuader Buñuel.
Passés les essais, Buñuel change donc d’avis…
Le lendemain, l’autre actrice et moi attendions au bar de l’hôtel. Le producteur s’avance vers nous en souriant. Je me souviens très bien de ce que je pensais : ’’Ce type est un pervers ! Il y a forcément une d’entre nous qui va repartir défaite et pourtant il nous sourit !’’ Il finit par nous dire : ’’Vous faites le film toutes les deux !’’ Angela et moi étions tellement contentes que nous n’osions pas poser de questions. Il fallait qu’on cherche, l’une et l’autre, les raisons d’une telle situation. Nous avons inventé des tas de solutions baroques mais nous ne pouvions pas penser une seconde qu’il allait tout simplement prendre le même scénario et le diviser en 2 parties : une pour elle et une pour moi.
C’est comme ça que Buñuel a décidé de refaire le film, en faisant le même mais de façon différente. Pour lui, il n’était pas question de repartir dans la même aventure. Ça ne correspondait pas du tout à son imaginaire et à son plaisir de travail. Refaire le même film était quelque chose d’impensable. Je l’ai compris après, en tournant. Il ne fait jamais deux prises, il n’en fait qu’une !
Alors justement vous souvenez-vous du tournage ?
Rien ! Un trou noir ! Autant pour les essais j’ai du courage, sur le tournage je suis très impressionnée et terrorisée.
Même pas le premier jour ?
Pas du tout ! C’est impossible. Je suis incapable de vous en parler. J’avais tellement peur. Tous les jours je pensais qu’on allait me renvoyer et qu’on me mentait. Je me disais qu’ils me gardaient parce que de toute façon ils ne pouvaient pas faire autrement. Je ne savais pas que sur un tournage tout le monde parlait et que ça s’agitait alors que tout le monde s’affairait simplement à son travail. Ils devaient se dire ’’Quelle horreur ! Qu’est ce qu’on va bien pourvoir faire d’elle ?’’ Rien n’allait !
Mais comment arriviez-vous à vous concentrer avec toutes ces pensées ? Étiez-vous dans Carole ou dans Conchita, votre personnage ?
J’étais dans ce qu’ils voulaient que je sois. Je faisais simplement ce qu’on me demandait de faire. Quand j’ai regardé les images bien des années plus tard, je me suis dit ’’Eh bien, j’y arrivais finalement !’’ Si j’avais su d’ailleurs que j’y arrivais aussi bien, ça m’aurait peut-être donné des ailes un peu plus tôt. À l’époque, je pensais que j’étais vraiment très très mauvaise ! C’est absurde ! Et personne n’arrivait à me rassurer.
Vous souvenez-vous de la première projection du film ?
La première a dû avoir lieu vers Montparnasse je crois. Je m’étais égueulée avec mon fiancé. Je vivais à l’époque avec un jeune acteur qui était jaloux et je pensais qu’il avait bien raison, que ce n’était pas ma place, que je l’avais volée à quelqu’un d’autre. Donc grand drame et catastrophe ce soir-là ! Par contre ce dont je me souviens un peu, c’est la projection à New York. J’ai d’ailleurs failli ne pas y aller pour les mêmes raisons. C’est le producteur qui m’a engueulée cette fois en me disant : ’’Ça suffit ! Maintenant tu viens !’’ J’y suis donc allée avec Angela et j’ai passé quelques jours absolument merveilleux. Tout à coup tout devenait joyeux. La presse américaine, comme la française d’ailleurs, était très enthousiaste.
Votre vie a-t-elle changé après ce film ?
Totalement. D’une seconde a l’autre.
Quels étaient vos sentiments ?
Éblouie. Émerveillée. Je n’avais que 18 ans ! Je ne sais ce que ressentirait aujourd’hui une jeune fille qui vient tout juste de se dire qu’elle veut devenir actrice, qu’elle va faire le premier rôle d’un film de Scorcese. (un temps) Mais Buñuel, c’est encore plus que ce qu’est Scorcese aujourd’hui. Buñuel c’était l’histoire du XXe siècle… Vous ne réalisez pas !
Avez-vous regardé le film récemment ?
La dernière fois, c’était il y a 15 ans ! Un jour j’ai voulu le regarder pour voir justement ce que je pensais être de la maladresse et de la peur. Je me suis rendu compte qu’il n’y en avait pas. Pas de trac du tout à l’image. J’avais un instinct très fort et je ne le savais pas. Mais c’est pas mal au fond car sinon j’aurais été insupportable ! (rires)
Vous souvenez-vous de certaines répliques ?
Aucune, je garde des sensations.
Si je vous dis Buñuel ?
Je vous réponds Don Luis. C’est ainsi que tout le monde l’appelait sur le tournage.
Carole Bouquet aimez-vous le cinéma ?
J’adore le cinéma ! C’est une passion, c’est pour cela que j’ai voulu en faire. Pas pour être actrice d’ailleurs. J’avais simplement envie de faire partie de l’aventure.
Que n’aimez vous pas au cinéma ?
J’aime tout ! (rires) Même attendre sur un plateau.
Si je vous dis ''Action !'' ?
Il y a très longtemps, ce mot me terrorisait mais je partais quand même. J’avais l’impression de sauter dans le vide. Maintenant je ne vois aucune différence entre passer la porte de ma maison et ’’Action !’’ C’est quelque chose de complètement naturel.
La littérature semble vous accompagner depuis longtemps dans votre parcours de comédienne. Carole Bouquet, pourquoi les mots ?
Alors à propos de mots, je rentre justement chez un libraire pour mettre un livre de côté avant qu’il ne disparaisse et je vous reparle. (un temps ; une porte s’ouvre)
Au libraire : ’’Excusez-moi Monsieur, pourriez-vous me mettre ce livre de côté ? Et celui-là aussi ? Je reviens tout de suite !’’
Voilà, c’est fait ! (rires) Je sors de la librairie.
De quels livres s’agit-il justement ?
’Limonov’ d’Emmanuel Carrère et ’Freedom’ de Jonathan Franzen. Ce sont mes courses du week-end ! Au lieu de lire les tas de livres que j’ai chez moi, j’ai eu envie de lire ceux-là en particulier. Du coup, incapable de lire autre chose !
Y a-t-il des livres vers lesquels vous revenez souvent ?
Non. Les livres me procurent des sensations telles, qu’il m’est très difficile de les retrouver lors d’une deuxième lecture. Mais j’avoue un faible pour Imre Kertész.
Le dernier film qui vous ait marqué ?
Un Buñuel figurez-vous ! C’est un film quasi méconnu qui s’appelle ’La montée au ciel’. Un vrai choc !
Si je vous dis ''Méditerranée'' ?
Je vous dis ’’chez moi’’.
Non c’est chez moi !
(rires) C’est vrai. Mais ce mot veut dire chez moi, tout simplement.
Si je vous dis ''Beyrouth'' ?
L’origine familiale paternelle de mon fils. Beyrouth est un endroit que je connais mal mais qui m’est pourtant très familier. Mais, si je puis dire, je pense et je mange libanais presque tous les jours. C’est quelque chose de très familier pour moi. Ça évoque beaucoup de générosité, de joie.
Si je vous dis ''Merci Carole Bouquet'' ?
(rires) Je vous réponds : merci à vous ! Au revoir !
Propos recueillis par Nasri N. Sayegh
Nous sommes en 2011. Un matin de septembre. Un journaliste prend le téléphone. Il est 11 heures à Beyrouth, 10 heures à Paris. Au bout du fil, un sourire, puis une voix…
- Allo ?
- Carole Bouquet ?
- Oui. Je ne vous entends pas très bien. Il y a trop de vent. Attendez, je vais trouver un endroit plus calme. Voilà.
- Vous êtes à Paris ?
- Oui, je suis à Paris, dans les rues de Paris. (sourire)
Carole Bouquet, je vais prononcer cinq mots et vous me direz ce qu’ils évoquent en vous : cet, obscur, objet, du, désir.
(silence, bruits de la rue) Quelque chose de très éloigné de moi, de mon caractère, donc incompréhensible. (un temps) La vision d’un homme sur les femmes. On a du mal à comprendre que l’on soit quelquefois si désirables, si impénétrables, si lointaines et si inaccessibles, surtout quand on tourne ce genre de film à 18 ans. (un long temps) Ça représente le début d’un rêve pour moi. Je voulais être actrice je le suis devenue du jour au lendemain grâce au film de Buñuel. Je n’aurais pas pu rêver d’un plus grand metteur en scène. Ces mots m’évoquent un choc. Un choc à tout point de vue.
Comment tout cela s’est il passé ?
J’étais au conservatoire et je suis allée faire un casting. En allant au rendez-vous, je ne savais pas s’il s’agissait de Buñuel père ou fils. Si c’était Luis Buñuel, cela m’aurait semblé tellement fou que je n’aurais peut être pas osé y aller. Dans le panthéon des metteurs en scène qui me faisaient rêver, il était au rang des génies. Finalement, une autre actrice avait été prise pour faire le film. Mais un matin, je reçois un coup de fil d’un monsieur qui se présente comme le directeur de production du film de Buñuel et qui me demande ce que je fais en ce moment. Je l’ai mal pris et j’ai raccroché. 5 minutes après, le téléphone sonne à nouveau et le monsieur me dit : ’’Je vous en supplie ne raccrochez pas ! Ce n’est pas une blague ! Est-ce que vous pourriez aller à Madrid demain ?’’ Furieuse, je raccroche à nouveau. 20 minutes après on sonne à ma porte. Le même monsieur est là devant moi : ’’Cette fois vous n’allez quand même pas me fermer la porte au nez ?! Voilà le scénario et un billet d’avion. Je ne peux pas vous dire pourquoi vous devez y aller mais faites-moi confiance !’’
Tout cela commence donc d’une façon bien étrange…
Et très surréaliste d’ailleurs ! (rires) Je lis le scénario dans l’avion et je vois qu’il n’y a qu’un seul rôle, une seule femme. Je ne comprends toujours pas. J’arrive à l’aéroport. Un assistant vient me chercher et s’excuse aussitôt de ne pouvoir me mettre dans le même hôtel que le reste de l’équipe. Il m’explique enfin que Buñuel ne peut plus tourner avec son actrice, question de tempérament. ’’Le film est arrêté et donc on ne peut pas vous mettre dans le même hôtel que cette actrice. Nous allons faire des essais avec vous, une autre actrice (Angela Molina) et Fernando Rey qui est dans le secret’’. C’était une idée du producteur qui voulait sauver le projet. Buñuel n’était pas au courant, de toute façon il voulait tout arrêter ! Il s’agissait donc d’une ultime tentative pour dissuader Buñuel.
Passés les essais, Buñuel change donc d’avis…
Le lendemain, l’autre actrice et moi attendions au bar de l’hôtel. Le producteur s’avance vers nous en souriant. Je me souviens très bien de ce que je pensais : ’’Ce type est un pervers ! Il y a forcément une d’entre nous qui va repartir défaite et pourtant il nous sourit !’’ Il finit par nous dire : ’’Vous faites le film toutes les deux !’’ Angela et moi étions tellement contentes que nous n’osions pas poser de questions. Il fallait qu’on cherche, l’une et l’autre, les raisons d’une telle situation. Nous avons inventé des tas de solutions baroques mais nous ne pouvions pas penser une seconde qu’il allait tout simplement prendre le même scénario et le diviser en 2 parties : une pour elle et une pour moi.
C’est comme ça que Buñuel a décidé de refaire le film, en faisant le même mais de façon différente. Pour lui, il n’était pas question de repartir dans la même aventure. Ça ne correspondait pas du tout à son imaginaire et à son plaisir de travail. Refaire le même film était quelque chose d’impensable. Je l’ai compris après, en tournant. Il ne fait jamais deux prises, il n’en fait qu’une !
Alors justement vous souvenez-vous du tournage ?
Rien ! Un trou noir ! Autant pour les essais j’ai du courage, sur le tournage je suis très impressionnée et terrorisée.
Même pas le premier jour ?
Pas du tout ! C’est impossible. Je suis incapable de vous en parler. J’avais tellement peur. Tous les jours je pensais qu’on allait me renvoyer et qu’on me mentait. Je me disais qu’ils me gardaient parce que de toute façon ils ne pouvaient pas faire autrement. Je ne savais pas que sur un tournage tout le monde parlait et que ça s’agitait alors que tout le monde s’affairait simplement à son travail. Ils devaient se dire ’’Quelle horreur ! Qu’est ce qu’on va bien pourvoir faire d’elle ?’’ Rien n’allait !
Mais comment arriviez-vous à vous concentrer avec toutes ces pensées ? Étiez-vous dans Carole ou dans Conchita, votre personnage ?
J’étais dans ce qu’ils voulaient que je sois. Je faisais simplement ce qu’on me demandait de faire. Quand j’ai regardé les images bien des années plus tard, je me suis dit ’’Eh bien, j’y arrivais finalement !’’ Si j’avais su d’ailleurs que j’y arrivais aussi bien, ça m’aurait peut-être donné des ailes un peu plus tôt. À l’époque, je pensais que j’étais vraiment très très mauvaise ! C’est absurde ! Et personne n’arrivait à me rassurer.
Vous souvenez-vous de la première projection du film ?
La première a dû avoir lieu vers Montparnasse je crois. Je m’étais égueulée avec mon fiancé. Je vivais à l’époque avec un jeune acteur qui était jaloux et je pensais qu’il avait bien raison, que ce n’était pas ma place, que je l’avais volée à quelqu’un d’autre. Donc grand drame et catastrophe ce soir-là ! Par contre ce dont je me souviens un peu, c’est la projection à New York. J’ai d’ailleurs failli ne pas y aller pour les mêmes raisons. C’est le producteur qui m’a engueulée cette fois en me disant : ’’Ça suffit ! Maintenant tu viens !’’ J’y suis donc allée avec Angela et j’ai passé quelques jours absolument merveilleux. Tout à coup tout devenait joyeux. La presse américaine, comme la française d’ailleurs, était très enthousiaste.
Votre vie a-t-elle changé après ce film ?
Totalement. D’une seconde a l’autre.
Quels étaient vos sentiments ?
Éblouie. Émerveillée. Je n’avais que 18 ans ! Je ne sais ce que ressentirait aujourd’hui une jeune fille qui vient tout juste de se dire qu’elle veut devenir actrice, qu’elle va faire le premier rôle d’un film de Scorcese. (un temps) Mais Buñuel, c’est encore plus que ce qu’est Scorcese aujourd’hui. Buñuel c’était l’histoire du XXe siècle… Vous ne réalisez pas !
Avez-vous regardé le film récemment ?
La dernière fois, c’était il y a 15 ans ! Un jour j’ai voulu le regarder pour voir justement ce que je pensais être de la maladresse et de la peur. Je me suis rendu compte qu’il n’y en avait pas. Pas de trac du tout à l’image. J’avais un instinct très fort et je ne le savais pas. Mais c’est pas mal au fond car sinon j’aurais été insupportable ! (rires)
Vous souvenez-vous de certaines répliques ?
Aucune, je garde des sensations.
Si je vous dis Buñuel ?
Je vous réponds Don Luis. C’est ainsi que tout le monde l’appelait sur le tournage.
Carole Bouquet aimez-vous le cinéma ?
J’adore le cinéma ! C’est une passion, c’est pour cela que j’ai voulu en faire. Pas pour être actrice d’ailleurs. J’avais simplement envie de faire partie de l’aventure.
Que n’aimez vous pas au cinéma ?
J’aime tout ! (rires) Même attendre sur un plateau.
Si je vous dis ''Action !'' ?
Il y a très longtemps, ce mot me terrorisait mais je partais quand même. J’avais l’impression de sauter dans le vide. Maintenant je ne vois aucune différence entre passer la porte de ma maison et ’’Action !’’ C’est quelque chose de complètement naturel.
La littérature semble vous accompagner depuis longtemps dans votre parcours de comédienne. Carole Bouquet, pourquoi les mots ?
Alors à propos de mots, je rentre justement chez un libraire pour mettre un livre de côté avant qu’il ne disparaisse et je vous reparle. (un temps ; une porte s’ouvre)
Au libraire : ’’Excusez-moi Monsieur, pourriez-vous me mettre ce livre de côté ? Et celui-là aussi ? Je reviens tout de suite !’’
Voilà, c’est fait ! (rires) Je sors de la librairie.
De quels livres s’agit-il justement ?
’Limonov’ d’Emmanuel Carrère et ’Freedom’ de Jonathan Franzen. Ce sont mes courses du week-end ! Au lieu de lire les tas de livres que j’ai chez moi, j’ai eu envie de lire ceux-là en particulier. Du coup, incapable de lire autre chose !
Y a-t-il des livres vers lesquels vous revenez souvent ?
Non. Les livres me procurent des sensations telles, qu’il m’est très difficile de les retrouver lors d’une deuxième lecture. Mais j’avoue un faible pour Imre Kertész.
Le dernier film qui vous ait marqué ?
Un Buñuel figurez-vous ! C’est un film quasi méconnu qui s’appelle ’La montée au ciel’. Un vrai choc !
Si je vous dis ''Méditerranée'' ?
Je vous dis ’’chez moi’’.
Non c’est chez moi !
(rires) C’est vrai. Mais ce mot veut dire chez moi, tout simplement.
Si je vous dis ''Beyrouth'' ?
L’origine familiale paternelle de mon fils. Beyrouth est un endroit que je connais mal mais qui m’est pourtant très familier. Mais, si je puis dire, je pense et je mange libanais presque tous les jours. C’est quelque chose de très familier pour moi. Ça évoque beaucoup de générosité, de joie.
Si je vous dis ''Merci Carole Bouquet'' ?
(rires) Je vous réponds : merci à vous ! Au revoir !
Propos recueillis par Nasri N. Sayegh
A savoir
‘Cet obscur objet du désir’ est programmé dans le cadre de la rétrospective de Luis Buñuel, le mardi 4 octobre 2011 à 20h00 au Metropolis
‘Cet obscur objet du désir’ est programmé dans le cadre de la rétrospective de Luis Buñuel, le mardi 4 octobre 2011 à 20h00 au Metropolis
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