Il y a des jours où l’envie d’écrire est là, mais on bloque.
Et ça se prolonge durant des semaines.
D’habitude c’est une idée qui surgit et qui nous titille et nous pousse à écrire. Mais il y a des moments où l’envie est là mais le fil des pensées ne tient pas. Lorsque ça m'arrive, je m’arrête et j’éteins mon ordinateur. En attendant un fil plus cossu ...
Écrire dans un ordinateur, c’est quand même un luxe. Dans les années 60, on tapait sur une dactylo, et lorsqu’on était frustré, on arrachait la feuille, on l’écrasait dans la paume de sa main et on la jetait vers la poubelle. Elle atterrissait par terre, et les boules de papier s’accumulaient autour d’elle jusqu'à ce que le blocage se termine.
Au dix-neuvième siècle, à l’époque des grands écrivains, c’était encore plus dur. On trempait la plume dans l’encrier et on écrivait. Il fallait avoir une belle écriture et ne pas faire trop de ratures, car la feuille avait de la valeur, le papier étant précieux, il fallait le choyer. Il était donc essentiel de bien réfléchir avant d’étaler l'encre sur le papier et essayer d'écrire son texte dès la première fois.
Du temps des Mésopotamiens, il fallait ré-aplanir l’écriture gravée sur la tablette d’argile toute fraîche et recommencer à graver avant de faire rentrer la tablette au four.
Je vous épargnerai les complications rencontrées lors de l’écriture des hiéroglyphes...
Aujourd’hui, c’est tellement plus pratique d’écrire ; on ferme l’ordinateur et on s’en va à la moindre frustration.
En attendant que l’inspiration revienne...
Pourtant les idées et les informations ne manquent pas.
Elles pullulent de toutes parts. Tant de choses ont été écrites.
Sur tous les sujets possibles et imaginables. Tout a été abordé, exploité, décortiqué, battu de tous les angles, vidé de mystères.
Et lorsqu’on parcoure les trésors de la littérature, on est intimidé, par tout ce qui a été dit et si bien écrit.
Alors si l’on a toujours envie d’écrire et que l’on insiste à le faire, il ne nous reste que ces histoires intimes qui hibernent dans les ourlets de notre cervelle, et encore, faudrait-il qu’elles soient intéressantes à partager. On se heurte à d’autres formes de murs... Éviter de tomber dans le banal et le déjà-vu.
Dans ces cas-là, mieux vaut fermer l’ordinateur et ne pas écrire.
Mais l’écriture reste une envie de s’exprimer. De saisir le temps qui nous reste pour partager des choses avant de se taire pour de bon... Aussi, faut-il avoir du courage. Car ce qui nous semble à nous fabuleux, pourrait apparaître idiot aux yeux de ceux avec qui l’on partage.
C’est pour cela que je parle ici pour ne rien dire, mais j'essaie au moins de le dire bien!
Pour parler du blocage...
Un ami m’a dit hier: ‘ça fait des semaines que tu n’as rien écrit’.
'C’est vrai, car je n’ai rien à dire'.
C'est pour cela que je préfère refermer mon ordi.
En attendant de dénigrer la petite histoire cachée dans mes ourlets...
