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Descendons aux enfers en musique!

Musique

MUSIQUE
01/06/2020|Zeina Saleh Kayali

(Photo : "Le Penseur" sur "La Porte de l'enfer", au musée Rodin.• Crédits : Jean-Pierre Dalbéra)

 

L'enfer a toujours effrayé, fasciné, attiré, révulsé ; mais aussi inspiré ! Qu'il s'agisse "des enfers" de l'antiquité ou de l'enfer chrétien qui doit beaucoup à l'iconographie de Dante (14e siècle), les compositeurs ont évoqué le sujet sous toutes ses formes. Cette exploration se déroule en général à travers deux mythes conducteurs, celui d'Orphée qui va chercher Eurydice aux enfers et celui de Faust, le savant qui vend son âme au diable pour acquérir la connaissance et la jeunesse. Car le diable (ou satan, le malin, le démon, Méphistophélès, Belzébuth etc.) est le gérant de l'enfer et il est très présent dans la production musicale à travers les différentes époques. 
 

Claudio Monteverdi (1567-1643) Orfeo

Claudio Montverdi est le père fondateur de l'opéra occidental et Orfeo (1607) est le tout premier opéra, genre où le théâtre et la musique se rencontrent et où "l'on dit la chose en chantant". Orphée et Eurydice sont d'heureux époux mais, Eurydice est piquée par un serpent et meurt. Elle est précipitée aux enfers. Orphée, par la grâce de son chant, réussit à "attendrir les pierres" et surtout à amadouer le méchant gardien des enfers. Il obtient de récupérer Eurydice, à condition que tout le long du chemin qui remonte vers le monde des vivants, il ne la regarde pas. Sauf qu'Orphée cède à la tentation, se retourne pour regarder Eurydice et celle-ci revient définitivement aux enfers. Orphée est inconsolable. Je vous propose ici d'en écouter l'ouverture.

 

Christoph Willibald Gluck (1714-1787) Orphée et Eurydice

Voici un autre opéra inspiré par le mythe d'Orphée. Il y en a eu des dizaines mais vous en serez épargnés!  Gluck est un compositeur qui incarne parfaitement la période classique et que les Français se sont allègrement appropriés car il vivait à la cour de Versailles, alors qu'il est né en Allemagne. Mais il était le maître de chant de la reine Marie-Antoinette, excellente musicienne qui a d'ailleurs chanté le rôle d'Eurydice en s'accompagnant elle-même au clavecin. Orphée et Eurydice est le trentième et plus célèbre opéra de Gluck et il existe en deux versions, française et italienne. Voici le lamento d'Orphée, "J'ai perdu mon Eurydice". 

 

Franz Liszt (1811-1886) Mephisto valse n° 1

Enfant prodige du piano, littéralement adulé par ses "fans" qui recueillaient jusqu'à la cendre de ses cigarettes, Franz Liszt a révolutionné l'approche du piano, en créant le concept de récital et en donnant ses lettres de noblesse à un instrument qui n'était pas considéré comme plus important que d'autres. C'est également lui (avec Beethoven) qui a contribué à l’affranchissement des musiciens de leurs mécènes et a remplacé le "noblesse oblige" par "génie oblige". Cette première Mephisto-valse (il y en a quatre en tout) est inspirée du mythe de Faust et la partition originale est accompagnée d'un texte de l'écrivain autrichien Nickolaus Lenau qui raconte une danse effrénée entre Faust et une jolie villageoise. 

 

Charles Gounod (1818-1893) L'air des bijoux (Faust)

Immortalisé par la Castafiore, l'air des bijoux, est l'un des moments phare de l'opéra Faust de Gounod. Marguerite, innocente jeune fille, tombée amoureuse du professeur Faust, lui-même sous le charme vénéneux de Méphistophélès, reçoit une cassette de fabuleux bijoux et s'extasie avec grâce. L'histoire se terminera très mal, car Faust, sincèrement amoureux de Marguerite mais ayant passé un pacte avec le diable, sera obligé par ce dernier de l'abandonner, dans une débauches d'airs et de duos les uns plus dramatiques (et sublimes!) que les autres. 

 

Jacques Offenbach (1819-1880) Duo de la mouche (Orphée aux enfers)

Comme vous l'avez déjà constaté dans cette rubrique, Offenbach adore tourner en dérision les mythes de l'antiquité. Ici c'est Orphée qui est dans son collimateur! Le sublime musicien qui amadoue les pierres par son chant, devient ici un immonde violoniste qui grince. La tendre Eurydice amoureuse d'Orphée devient une harpie qui n'en peut plus de son mari (et surtout de son violon!). Bref tout ceci tourne à la farce la plus absolue. Je vous propose ici un duo entre Eurydice qui est courtisée par Zeus lequel est déguisé en mouche....

 

Camille St Saens (1835-1921) Danse macabre

Et revoilà ce cher Saint-Saens! (vous avez peut-être remarqué que j'avais une tendresse particulière pour lui). La danse macabre est en genre artistique (peinture, sculpture, poésie, chanson) qui raconte qu'à minuit, la mort entre dans les cimetières et entraîne les vivants vers l'enfer (très joyeux en effet). Saint Saens en a fait un poème symphonique qui, à sa création n'a pas été très apprécié. Il semble qu'il ait même provoqué l'évanouissement de la mère du compositeur ! Personnellement, je le trouve extraordinaire. Jugez-en par vous-même!

 

Antonio Carlos Jobim (1927-1994) Orfeo negro

En 1959, un film de Marcel Camus (et non Albert Camus!) obtient la palme d'or à Cannes. L'intrigue se déroule à Rio de Janeiro pendant le carnaval, et le mythe d'Orphée est revisité à la sauce brésilienne. Le film remporte un grand succès et je pense que c'est surtout dû à sa musique, composée par Antonio Carlo Jobim, immense compositeur brésilien et devenue depuis un grand standard du genre. 

 

La salsa du démon
Cette chanson créée en 1980 par l'orchestre du Splendid a fait un tabac à sa sortie. Qui ne souvient du très élégant Coluche, en Belzébuth quasi dénudé, sautillant gracieusement devant un Michel Drucker épouvanté ?

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