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Je vous écris du Caire : L'éclosion soufie du Ramadan

26/03/2024|Léa Samara

Sous les auspices bienveillants du Ramadan, le Caire se pare d'une aura particulière : la spiritualité embrasse plus que jamais les rues pavées de son cœur antique. Lundi soir dernier, le 25 mars, j'ai eu le privilège d'assister à un concert soufi au sein de Beit El Sennary, joyau caché du quartier Al Sayeda Zeinab. 

 

La musique soufie, “émanation sonore des profondeurs mystiques de l'islam”, comme la décrit Michael Frishkopf, musicologue spécialiste des sonorités de l’islam, “transcende les simples vibrations pour devenir un pont entre l'Homme et le divin”. Ce genre musical a vocation à être un langage universel où chaque note, chaque rythme, chaque souffle exhale la quête de l'âme en quête de transcendance. 

« Alors que les Égyptiens célèbrent le mois saint du Ramadan, nos traditions hymniques captivent le cœur et révèlent les secrets de l'amour et du Créateur », a déclaré avec éloquence Fatemah Farag, l'un des organisateurs de cet événement d'exception. Ses mots résonnent dans l'atmosphère chargée d'émotions. Au cœur de cette félicité sonore, réside l'art exquis de l’ « Inshad Dini », un chant religieux dont les mélopées sont “des prières murmurées à l'oreille du Tout-Puissant”. La présence enchanteresse d'un derviche tourneur a rendu cet événement encore plus mémorable. Vêtu de blanc, il évolue avec grâce et harmonie, ses mouvements circulaires évoquant les rotations cosmiques de l'univers. Chaque tourbillon semble effacer les frontières entre le visible et l'invisible, offrant aux spectateurs un voyage presque hypnotique.

 

Dans cet écrin d'émotions, Beit El Sennary – bondée -- se transforme en un théâtre de vivre-ensemble et de partage, où les enfants gambadent entre les jambes des aînés, où les voix se mêlent dans une symphonie d’unité. La chorale, composée d'une vingtaine de chanteurs et chanteuses, accompagne le public dans un voyage musical qui oscille entre solennité et allégresse, entre prière et ambiance festive. Un soliste (qui n’avait pas plus de huit ans) a ému les centaines de personnes rassemblées ce lundi avec une de ces voix « pures », d’une justesse impressionnante ceci-dit. 

Et que dire de la splendeur architecturale de ce lieu ? Un bijou de l'ère ottomane, niché au cœur du Downtown, dont les murs résonnent encore des échos de l'histoire. Témoin des péripéties de l'Expédition française en Égypte (1798-1901), Beit El Sennary est bien plus qu'un simple édifice : c'est un sanctuaire de la mémoire, où se mêlent passé et présent dans un ballet intemporel.

Alors que les dernières notes se sont éteintes et que la nuit a enveloppé Beit El Sennary, je suis restée là, imprégnée de cette expérience, reconnaissante d'avoir été témoin de cette odyssée musicale au cœur du Caire. Dans le silence qui succède au spectacle, je sens encore battre le cœur de la ville qui vibre au rythme du Ramadan. 

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