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Rencontre avec Lokman Slim et Monika Borgmann

12/12/2018

L’identité libanaise ne cesse de préoccuper les Libanais et les chercheurs qui essayent de la préciser et la définir à travers différents projets sociaux, littéraires ou artistiques. L’exposition ‘…And Lebanese – In Praise of Lebanese Fusion’ organisée par UMAM D&R et Abraham Zeiytoun et qui a lieu au Hangar du 13 décembre au 31 janvier, s’inscrit dans cette lignée. Zoom avec Lokman Slim et Monika Borgmann, co-directeurs de Umam. 


Dans quel contexte s’inscrit cette exposition ? 
Depuis un bon moment, on n’arrête pas de parler d’un ‘deal du siècle’ qui apporterait une solution définitive au conflit arabo-israélien et qui résoudrait pour de bon la question palestinienne. Abstraction faite dudit ‘deal’, de ses chances de réussite et des passions qu’il soulève, son évocation rappelle d’autres « deals » qui sont à l’origine de certaines questions d’actualité brûlante—entre autres la constitution géographique et démographique du Liban tel que nous la connaissons. À la suite de l’exposition Liban 1920-2020 : Comment commémorer ce premier centenaire qui a essayé de brosser à grands traits certains aspects de la vie libanaise au cours des cent dernières années, …Pareillement Libanais – Éloge de la mixité libanaise, ‘…And Lebanese – In Praise of Lebanese Fusion’*, essaye de regarder de plus près qui sont ces ‘Libanais’ à qui on doit les différents moments de l’expérience ‘libanaise’ toujours en cours. Mettons-nous d’accord : l’usage des guillemets, dans ce contexte, n’est pas un ‘effet spécial’, au sens cinématographique, ni une affectation cosmétique. Tant qu’il y a des ‘Libanais’ qui croient, par préméditation ou par sottise qu’ils sont plus libanais que les autres, l’usage des guillemets s’imposerait comme moyen de souligner l’approximation de l’attribution au Liban. Inutile d’ajouter que cette approximation s’applique au Liban comme elle pourrait s’appliquer à n’importe quel autre pays…

Pourrait-on parler d’un ‘message’ que cette exposition essaye de transmettre ? 
En ces moments de grands naufrages, aussi bien intellectuels que politiques, nous ne sommes pas sûrs que quiconque peut prétendre apporter quoi que ce soit aux autres. ‘…Pareillement Libanais’ fait suite à notre réflexion multiforme sur l’histoire antagonique de ce pays et le poids des conflits, soi-disant ‘passés’, sur le présent et l’avenir. Comme d’autres projets, nous 
préférons envisager ce travail comme une bouteille lancée à la mer. Si le message de ‘doute’ et d’ ‘incertitude’ concernant certains préjugés qu’elle aspire à transmettre passe, tant mieux, si non, nous ne nous sentirons pas moins satisfaits d’avoir mené cette initiative. 

Plus pratiquement, en quoi consiste cette exposition ?
Cette initiative essaye de poser, (et de répondre), à la problématique : ‘qui sont donc les libanais ?’ mais soyons honnêtes, ce genre de questions n’exige pas nécessairement des réponses qui dérangent. Cette exposition qui se tient au HANGAR, présente une succession d’histoires de « Libanais » d’ici et d’ailleurs et une reproduction graphique d’un 'Liban' suspendu à quelques fils… On ne dira pas plus pour le moment… question de faire justice à l’équipe de UMAM D&R et à Abraham Zeiytoun qui ont élaboré le concept visuel de cette exposition.

Existe-t-il un lien entre cette exposition et le travail de documentation que mène UMAM D&R ? 
Il va de soi que cette exposition, qui ne manque pas de ludisme nous l’espérons, puise à fond dans le travail de recherche que UMAM D&R mène au jour le jour. Ceci dit, il n’est pas dans notre intention de fournir des ‘réponses’ inédites à des questions déjà maintes fois répétées, mais plutôt de recycler des informations à la portée de tout le monde et de poser des questions basiques auxquelles les réponses hâtives font beaucoup plus de mal qu’on ne le pense… 

S’agit-il donc d’une exposition ‘engagée’ ? 
Ne nous méprenons pas… Sous couvert de ‘stabilité’ (relative) et de paix froide, il se déroule, au Liban, une vraie guerre des mémoires. Le débat relatif à la commémoration des cent ans du Liban en est un exemple, le débat relatif à nos ‘héros nationaux’ en est un autre, le débat relatif aux différentes variantes de ‘collaboration’ dans lesquelles des Libanais ont trempé un troisième et ainsi de suite. Par conséquent, il va de soi que le fait de disséquer la ‘libanité’, à travers une série d’exemples familiers en ces temps de xénophobie galopante, est passible d’être assimilé à un ‘acte de guerre !’ Finalement, pourquoi pas… A la guerre comme à la guerre. 


* « …And Lebanese – In Praise of Lebanese Fusion » fait partie d’un programme plus large sur la question de l’exile au Liban soutenu par l’institution allemande « Institut für Auslandsbeziehungen (ifa) » 
 

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