Ils se redressent, ramassent ce qui reste et recommencent
Le 04/01/18 à 11h27
Dans ce pays qui ’’n’est pas un pays, mais de la neige’’, comme on fredonne ici avec Gilles Vigneault, j’ai appris une chose inestimable : l’attente, la patience, la capacité de ronger son frein, sans grogner, sans pester et sans même se plaindre.
La neige, le froid, les températures polaires, la glace, le gel, les bourrasques blanches font partie du décor et peuvent durer un certain temps. Personne n’aime le thermomètre qui descend sous les -20 ; personne n’est heureux de se recroqueviller dans ses mitaines, ses foulards et ses tuques pour aller au travail quand le facteur éolien tape à -35 ; personne n’est au meilleur de sa forme quand souffle le blizzard et la poudrerie. Personne. Mais personne ne geint ou ne s’apitoie sur son sort. C’est l’hiver et c’est comme ça.
Il y a très longtemps, ils ‘’hibernaient’’. Ils se blottissaient devant un feu de bois, à boire de la soupe chaude et des ‘’breuvages’’ qui montent au nez pour le réchauffer. Aujourd’hui, ils ‘’hivernent’’ plutôt. Ils bravent l’hiver, le mauvais temps, les intempéries, le mercure qui dévale, alors qu’eux continuent. Gaillards et stoïques dans leur train-train, ils continuent… Et attendent.
Ils attendent le redoux, le printemps et le temps d’enfourcher leur bicyclette.
À bien y penser, les populations du monde entier sont comme ça : résilientes. Il y en a qui, après des inondations catastrophiques se relèvent, se sèchent et s’appliquent à récupérer, en silence, ce qui n’a pas été emporté. D’autres, se terrent alors que les bombes pleuvent autour. Ils prient et espèrent. Et quand l’accalmie semble arriver, ils sortent de leur tanière, constatent les dégâts et font avec ce qui a été épargné par les obus, en s’affairant à s’organiser pour le prochain ‘’round’’ de coups. Idem pour les victimes des tremblements de terre. Ils se redressent, ramassent ce qui reste et recommencent avec ce qu’ils ont pu retrouver…
Le lendemain de Hiroshima, après que la bombe atomique ait tout rasé, un enfant, seul rescapé, a pleuré très fort puis a cherché dans les décombres de quoi manger…
Le monde est ainsi fait et il est merveilleux.
Pour cette résilience ‘’pugnace’’, immuable, inexorable, infatigable, je lève mon verre, en ce début d’année. Je bois à la santé de tous ces humains qui sont forts, courageux et amoureux de la vie. Ils prouvent tous les jours et dans tous les coins de la terre qu’ils ne sont pas encore prêts à céder la place et ce, malgré toutes les avancées de la technologie.
À vous tous, Bonne année 2018.
Gisèle Kayata Eid