La science-fiction au service de la Palestine et du Moyen-Orient
Le 10/04/18
Larissa Sansour est l’un des piliers de la création palestinienne dont l’art survole les frontières de la Palestine et du monde arabe. Après avoir exposé aux quatre coins du monde, elle présente à Beyrouth ‘Sci-fi Trilogy’ à Dar el-Nimer du 11 avril au 6 juin 2018. Sa création comprend essentiellement des films d’art ainsi que quelques productions qui, par le biais de la science-fiction, illustrent des visions futuristes pour dépeindre la cause Palestinienne. Entretien avec une artiste confirmée.
Votre exposition regroupe trois films que vous avez réalisés ainsi que des installations, des photographies et des sculptures. Expliquez-nous cette combinaison.
Je travaille avec différents médias, mais toute œuvre naît avec une idée pour un projet de film. Les trois films projetés à Dar el-Nimer explorent le genre de la science-fiction utilisé pour illustrer le bouleversement socio-politique au Moyen-Orient. En développant ces films, des idées pour des travaux relatifs aux films évoluent en incluant différents aspects du concept qui a inspiré le film. Ces œuvres dérivées finissent par trouver leur support et leur forme que ce soit dans la sculpture dans la photographie ou dans des installations. Le résultat final est souvent un projet à plus grande échelle regroupant divers éléments qui traitent des mêmes concepts de base.
Est-ce la première fois que vous organisez ce genre d’exposition incluant divers médias et supports ?
Non, j’expose de cette manière depuis une décennie. Avant cela, ce n'était généralement que des films. Les œuvres les plus récentes portent sur le rôle de l’archéologie dans la construction de la nation et de la compréhension historique. Le premier travail dans ce sens était un film de science-fiction de 29 minutes. Après une tournée dans des musées et des festivals du cinéma, une sculpture, une performance et une grande installation suspendue ont été ajoutées au film pour explorer d’autres aspects des concepts impliqués. Ces travaux ont été présentés en Angleterre, en Europe et au Moyen-Orient ces deux dernières années et ils seront exposés dans le cadre de l’évènement à Beyrouth où les œuvres les plus récentes seront dévoilées avec les anciens travaux de science-fiction.
Comment parvenez-vous à conjuguer science-fiction et art ?
Je travaille la science-fiction depuis une décennie. Etant Palestinienne, je travaille sur la situation au Moyen-Orient et la science-fiction est un véritable cadre pour valoriser la situation palestinienne. N’ayant pas de présent pour en parler, les Palestiniens sont suspendus entre le passé et l’avenir, entre la nostalgie et l’ambition. Même la science-fiction la plus efficace porte en elle le sens du rétro, les idées de l’avenir tendent à apparaitre standardisées et clichées, mais aussi visionnaires. Dans le cas de la Palestine, il est un espoir de l’indépendance de l’Etat et de la fin de l’occupation. Les idées ambitieuses que nous espérons réaliser sont devenues si répétitives depuis longtemps, que le mélange étrange de nostalgie et d'accomplissement incarné par la science-fiction, se prête bien au sujet.
Quel est le message que transmet votre exposition ?
Bien que je traite des questions sociales et politiques, j’essaie de m'abstenir toujours de l'idée d'un seul message. Le travail est délibérément ouvert, suggestif et tente de renverser et de subvertir la compréhension commune des concepts impliqués.