Il ne reste que quelques jours pour aller découvrir ce peintre, qui, comme l’indique le catalogue a eu deux vies, la première au Liban qui a duré 20 ans et l’autre en Arménie à laquelle il appartenait et où il mourut d’une crise cardiaque en 1967 à 57 ans.Le jeune Haroutiun avait cinq ans quand sa mère, fuyant le génocide, rejoignit avec ses quatre fils la cohorte des réfugiés et atterrit dans un orphelinat à Alep. C’est dans cette ville qu’il apprit la calligraphie que lui enseigna son oncle. En 1927, il rejoignit ses frères établis à Tripoli, et c’est le début de sa vie libanaise. Son seul professeur et ami a été Claude Michelet, un artiste français vivant au Levant, alors sous mandat français. Trois ans plus tard c’est Beyrouth qu’il a aimée et qui le lui a rendu. Il a fait partie de la vie culturelle de la capitale, a eu son atelier et ses élèves, a reçu des commandes. Il a été membre fondateur des Amis des Arts, et membre actif de l’Union des Artistes du Liban. Pour l’Exposition Universelle de New-York de 1933, il reçoit commande d’un bas relief magnifique de sept mètres exposé au fond de la galerie pour orner le pavillon libanais.
En 1946, malgré son attachement au Liban et sa notoriété, il décide avec sa femme et son fils de revenir au pays de ses ancêtres. A cette époque, ils sont nombreux ceux qui choisissent le retour, refusant de rester des éternels étrangers et, pour certains, des réfugiés. La déception les attend au bout du chemin, car l’Arménie sous l’occupation soviétique est un pays pauvre, isolé, avec une population terrifiée. L’artiste en pleine maturité est interdit d’exposition, chassé des syndicats des artistes peintres. Il est traité d’artiste étranger, cosmopolite, ce qui équivaut sous Staline à un bannissement intellectuel. En 1956, grâce à Artem Alikhanian, fondateur de l’école de physique et d’autres scientifiques Galentz est sorti de son ghetto, il peut enfin vivre les dix dernières années de son existence apaisé, et reconnu.
Durant notre visite à cette exceptionnelle rétrospective notre guide, a été notre ami Diran Harmandaryan, architecte libanais, parent de la famille Galentz. Il sert volontiers de traducteur à son fils Soro, présent en permanence et qui a été l’artisan depuis deux ans de l’organisation de cette rétrospective. Saro qui est professeur en arts plastique depuis 20 ans est aussi le principal artisan de la création du Musée Galentz. Diran, fin connaisseur, avec patience nous a expliqué chaque tableau, non seulement sur le plan technique, mais surtout sur l’environnement dans lequel il a été exécuté. Galentz est un peintre multiple, il est un naïf, un caricaturiste, un aquarelliste génial, mais surtout un fauviste, et un de ses autoportraits le rapproche même du cubisme. Son autre caractéristique est sa modestie : il peint des gens simples, des paysages tout aussi sages. Malgré des tableaux peints aux Cèdres, - à voir un hôtel des Cèdres aujourd’hui disparu- il a déclaré qu’il ne se sent pas capable de peindre cet arbre, trop magnifique et majestueux pour lui. Il y a aussi ce contraste frappant entre les tableaux de la période libanaise et ceux de l’Arménie. Dans ces derniers, et contre toute attente, c’est l’explosion des couleurs qui étonne. Elle est favorisée selon Diran, par la lumière et les couleurs de l’Arménie qui changent d’heures en heures. Durant son séjour beyrouthin, Galentz s’installa à Ain el Mreysé, il fit la connaissance de Georges Cyr, habitant au même endroit. Ils organisèrent des expositions communes, s’échangèrent des lettres précieusement conservées au Musée Galentz d’Arménie, nous confie son fils Soro. Ce dernier nous dit aussi qu’il est à la recherche de nombreuses œuvres de son père se trouvant au Liban dans des collections privées, acquises durant son séjour ici ou offertes aux amis qui lui rendaient visite en Arménie.
Le cadre de la Galerie The Venue des Souks de Beyrouth, est l’écrin idéal pour ce type d’exposition. Avec le Beirut Exhibition Center et la Galerie The Venue, Solidere a doté Beyrouth de deux espaces exceptionnels. Qu’elle en soit remerciée, car avec ces deux espaces, Beyrouth a repris sa place parmi les capitales qui savent donner à l’art la place qui lui convient.
L’exposition itinérante commence par Beyrouth, elle est destinée à être montée aux Etats-Unis et en Russie. Le 25 novembre, il revient au Président de la République d’Arménie, en visite officielle au Liban de clôturer cette exposition.
Nos remerciements à Diran Harmandaryan
Lire aussi
Rétrospective GalentzGalentz Two livesThe Venue (Souks de Beyrouth)
Du 13 au 25 novembre 2012
Vernissage le mardi 13 novembre à 19h00
(01) 980650